(Article d’Aymeric Belaud initialement publié dans IREF du 14 Juillet 2022)
Depuis plusieurs jours, les agriculteurs hollandais sont entrés en rébellion contre l’agenda écologiste de leur pays. Le gouvernement de coalition, dirigé pourtant par un parti libéral, souhaite réduire drastiquement ses émissions de carbone, comme les directives européennes le demandent. L’élevage serait principalement touché puisque pour atteindre l’un des objectifs, il faudrait, notamment, réduire de 30 % les cheptels ! Un tiers des exploitations agricoles sont menacées de faillite.
L’écologisme va détruire l’agriculture néerlandaise
C’est une véritable révolte paysanne qui secoue en ce moment-même les Pays-Bas. La production agricole y est l’une des plus fortes et des plus importantes d’Europe, bien devant la France. Ils sont le cinquième exportateur mondial de denrées alimentaires, dépassés seulement par les États-Unis, l’Allemagne, le Royaume-Uni et la Chine, selon les statistiques de la Banque mondiale.
La prospérité de l’agriculture néerlandaise est facilitée par une grande liberté économique et une bureaucratie faible. Mais elle est menacée par l’un des virus les plus agressifs de ce début de siècle, l’écologisme.
Ce dérivé du socialisme, bien implanté dans les instances de l’Union européenne, a contaminé le gouvernement libéral de Mark Rutte, qui a fait de la réduction des émissions d’azote son cheval de bataille. Il existe même un ministre tout spécialement chargé de cette question, et déjà, des restrictions strictes ont été mises en place sur les nouvelles constructions ; ce qui, selon Rabobank, en a ralenti le rythme, intensifiant ainsi le déficit de logements dans ce pays côtier densément peuplé. Le 10 juin dernier, le gouvernement a accéléré en publiant un plan national et régional destiné à traquer plus sévèrement les émissions, dont la principale responsable est l’ammoniac provenant des effluents d’élevage. Certaines régions vont donc devoir les réduire de 70% au moins, parfois 95 % ! C’est ainsi que l’on en arrive à une quasi obligation de supprimer 30% du bétail pour atteindre les objectifs en matière de réduction d’émissions d’azote.
Le gouvernement avait déclaré en juin que « tous les agriculteurs ne peuvent pas poursuivre leur activité ». Il assume ouvertement que « cette approche n’est pas porteuse d’avenir pour tous les agriculteurs [néerlandais] ». Bel euphémisme : selon un rapport de Market Insight du 23 juin, c’est près d’un tiers des exploitations agricoles néerlandaises qui disparaîtront d’ici 2030 si la politique de réduction des émissions d’azote est mise en place !
Christianne van der Wal, ministre de la Nature et de la Politique de l’azote, a laissé entrevoir la possibilité que le gouvernement exproprie les terres des agriculteurs qui ne se conformeraient pas à sa politique…
Autoritarisme vert en pleine crise alimentaire mondiale
Comment alors ne pas comprendre leur vive colère ? Mark van den Oever, président du groupe de protestation Farmers Defence Force, a déclaré que les politiques gouvernementales étaient inacceptables. « Les mesures vont beaucoup trop loin […]. Les solutions techniques ne sont tout simplement pas possibles. Des zones entières vont donc être vidées de leur substance. Mes partisans sont extrêmement inquiets à ce sujet. Ils sont dos au mur », explique-t-il.
Pour se faire entendre, les agriculteurs manifestent depuis plusieurs semaines. Afin de protester contre leur mise à mort et tenter de faire reculer le gouvernement, les fermiers ont décidé de bloquer des péages, des autoroutes, des centres de la grande distribution, des supermarchés, des usines et même des aéroports. Ces blocages ont provoqué des problèmes d’approvisionnement, avec des répercussions immédiatement visibles dans la vie quotidienne des Hollandais : des rayons vides. Pas d’agriculteurs, pas de nourriture. Un résultat que provoquera également cette politique écologiste. Sauf que les blocages ne durent que quelques jours au maximum. L’écologisme, lui, se veut « durable ». Les pénuries qu’il engendre ont toutes les chances de l’être aussi…
Les manifestants ont, comme souvent lors de manifestations d’agriculteurs, répandu du fumier dans les rues et sur les routes, devant des bâtiments officiels, parfois même sur les forces de l’ordre. Certains ont aussi voulu viser les résidences du premier ministre et de la ministre Van der Wal. La réponse policière a été parfois brutale et disproportionnée. Mark Rutte a condamné certains manifestants pour avoir « dépassé les limites ».
Certes, il faut condamner toute forme de violence et de débordements. Mais d’une part, les manifestants ne sont, dans la très grande majorité, pas violents. D’autre part, est-il plus violent de déverser du fumier, de bloquer quelques heures des routes et des supermarchés, que de détruire des vies entières, d’empêcher des citoyens honnêtes de travailler pour produire de la nourriture dans un contexte de crise alimentaire mondiale ?
Car, ne l’oublions pas, le monde traverse une crise alimentaire grave et doit faire face à une pénurie d’engrais et de nourriture. Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a averti le 24 juin dernier qu’il existe un risque réel que de multiples famines soient déclarées en 2022″, ajoutant que « 2023 pourrait être encore pire ». Réduire la production agricole ne va qu’aggraver cette crise. Associée à la folie du bio, ce pourrait être une véritable catastrophe. L’idéologie écologiste démontre une fois encore qu’elle est complètement déconnectée de la réalité.
Un médiateur va être nommé par le gouvernement pour tenter de résoudre la crise. Rappelons qu’une vague de protestations similaires a eu lieu aux Pays-Bas en 2019, en réaction à une proposition législative visant déjà à réduire de 50 % le nombre de têtes de bétail. Espérons, pour les agriculteurs hollandais mais aussi pour le monde, que ce projet sera abandonné. Sinon, il pourrait très bien inspirer d’autres gouvernements à travers l’Europe, notamment celui de la France…
Une réponse
Il suffit d’aller voir au Sri Lanka comment se passe la mise en œuvre catastrophique des instructions de l’ONU pour l’agriculture pour comprendre ce qui nous attend chez nous.
Il est plus qu’urgent de dire non à l’ONU et à la Commission Européenne et d’abandonner ces projets criminels et mortifères.