Climat : l’ex-conseiller d’Obama affirme qu’on ignore (presque) tout

(Pierre Bonnefoy dans Solidarités et Progrès du 

Voilà enfin un antidote efficace contre l’éco-anxiété, accessible pour tout public, scientifique comme non-scientifique, et particulièrement recommandé si le patient est jeune, à l’âge du lycée ou des études supérieures. Une bonne idée de cadeau à l’approche de Noël.

L’auteur n’est pas n’importe qui : ancien conseiller scientifique de Barack Obama, c’est un habitué de la lecture critique des rapports scientifiques, et en particulier des fameux rapports du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), dont les publications périodiques sont couvertes systématiquement par des fanfares d’articles de presse apocalyptiques.

Il serait cependant difficile de qualifier Koonin de « climato-sceptique », de « négationniste du climat », ou de toute autre épithète destinée à empêcher la discussion, compte tenu de son palmarès scientifique et institutionnel. D’autant plus qu’il ne nie pas le fait que l’augmentation de gaz carbonique dans l’atmosphère soit d’origine humaine, et qu’elle a un certain impact sur l’évolution du climat.

Mais ceci étant posé, il ajoute que nos connaissances sur la science du climat sont trop pauvres pour pouvoir quantifier l’impact présent et futur de nos émissions, et pour faire la part des choses entre les changements d’origine anthropique et la variabilité naturelle du climat.

Pour lui, le catastrophisme ambiant sur les questions climatiques représente une véritable menace pour la science et le bien-être de la population, et il s’appuie sur sa connaissance de la science et des scientifiques eux-mêmes pour démontrer tout cela.

Corruption morale de la société

Il n’est pas possible ici de rapporter l’ensemble des points forts de sa démonstration, mais ses attaques sont particulièrement percutantes contre certains de ses collègues qu’il accuse de commettre des fraudes scientifiques lorsqu’ils présentent publiquement leurs conclusions comme si c’étaient des vérités établies, alors qu’en privé ils les reconnaissent très douteuses. L’ensemble de la société, médias, politiques, ONG, financiers, etc. réclame du sensationnel et de la catastrophe. Les scientifiques étant corruptibles comme tout être humain, ont du mal à résister à cela :

« Je sais d’expérience que ces pressions institutionnelles sont réelles – que vous travailliez pour le gouvernement, une entreprise ou une ONG. Il y a un message auquel il faut adhérer. Les universitaires doivent générer des publications et obtenir des financements. Il y a aussi la question de leur carrière. Et la pression des pairs : nombre de scientifiques sont tombés dans l’opprobre et leurs perspectives de carrière ont pâti du fait qu’ils avaient publié des données n’étayant pas le même récit du dérèglement climatique. »

Contrairement à une idée fort répandue, la véritable science ce n’est pas la certitude, mais l’ignorance ! Elle n’est jamais « établie », mais est un objet de recherches, de doutes, de débats contradictoires permanents. Déclarer la science « établie » revient précisément à sortir de la science et basculer dans la mauvaise politique ou la superstition.

L’idée même de « consensus scientifique » est une contradiction dans les termes, puisque toute découverte fondamentale dans l’histoire des sciences contredit toujours le consensus précédemment établi. A propos du consensus sur le climat dont nous avons tous entendu parler maintes fois dans les médias, Koonin répond :

Toute référence à un soi-disant « consensus à 97 % des scientifiques doit également susciter la méfiance. L’étude qui a produit ce chiffre a été discréditée de façon convaincante [pour plus de précision là-dessus, voir l’article de Sébastien PointRéchauffement climatique – un regard critique sur le consensus – NDLR]. Et de toute manière, personne n’a jamais spécifié exactement sur quoi exactement ces 97 % de scientifiques sont censés être d’accord. Que le climat change ? C’est certain, comptez-moi parmi eux ! Que les hommes influencent le climat ? Absolument, je suis d’accord ! Que nous avons déjà vu des impacts désastreux de la météo et que nous sommes confrontés à un avenir plus catastrophique ? Pas évident du tout (pour des raisons que vous comprendrez, j’espère, ayant lu ce livre jusqu’ici).

Les rapports du GIEC

Cette dernière remarque fait allusion au chapitre que Koonin a consacré à la fréquence des événements météorologiques catastrophiques : ayant étudié en profondeur les rapports du GIEC et autres, il dit qu’il en ressort que rien ne permet de croire qu’il y ait de nos jours plus d’événements exceptionnels que par le passé. Pourtant certains scientifiques qui citent ces mêmes rapports leur font dire le contraire, et les médias grand public leur servent de caisse de résonance.

Koonin a proposé que les rapports du GIEC soient évalués par des pairs (une « red team – équipe rouge » chargée de chercher les failles et une « blue team – équipe bleue » chargée d’y répondre, comme cela se fait couramment en science) avec un arbitre indépendant. En vain : si certains désaccords apparaissent en cours de rédaction, l’auteur principal du rapport peut rejeter les critiques. Il poursuit :
« Les versions finales des rapports sont alors soumises à l’approbation du gouvernement (par le biais d’un processus inter agences) et du GIEC (au cours de réunions souvent houleuses, d’experts et de responsables politiques). Et – ce point est vraiment capital – les « résumés à l’intention des décideurs » sont lourdement influencés, quand ce n’est pas tout simplement rédigés, par les gouvernements qui ont intérêt à promouvoir telle ou telle politique. Bref, il existe de nombreuses opportunités de corrompre l’objectivité du processus et du produit. » (John Holdren, un autre conseiller scientifique de Barack Obama, s’est opposé à la proposition de Koonin de faire examiner ces rapports par une « red team ».)

Au cœur des rapports du GIEC se trouvent des études scientifiques qui reposent sur des « modèles informatiques du climat ». Ce sont précisément ces modèles qui sont utilisés pour prévoir les climats futurs en fonction des différents scénarios mis en œuvre par l’humanité dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre, et qui servent de base pour tout le catastrophisme climatique dont nous sommes abreuvés. Il serait trop long de reprendre ici l’argumentaire de Koonin dans ce chapitre très important de son livre, mais un mot résume le jugement qu’il porte sur ces modèles : « bricolage ».

Compte tenu de l’énormité du nombre de paramètres physiques variables interdépendants sur lesquels reposent ces modèles, aucun ordinateur du monde n’a la puissance de tous les prendre en compte comme tels : les modélisateurs doivent donc attribuer à la plupart de ces paramètres des valeurs fixes liées à toute une série d’hypothèses qu’ils font. Les résultats des simulations seront évidemment conformes à ces hypothèses de départ. Une manière bien sophistiquée d’arriver à la conclusion voulue a priori : « il y a urgence ! ».

« Mitigation » contre « adaptation »

En conclusion, Koonin dénonce les conséquences délétères du catastrophisme climatique. Étant donné que le dogme ambiant suppose que les variations du climat sont essentiellement d’origine humaine, il en découle que c’est par des actions humaines qu’on pourra changer le climat dans l’autre sens.

Toute la stratégie mise en œuvre par nos politiques se ramène donc à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Or non seulement cette stratégie entraîne des conditions de sous-développement impossibles à imposer l’humanité (la révolte des pays du Sud à la récente COP27 contre la décarbonation voulue par les pays du Nord, en donne une indication), mais en plus, on gaspille ainsi des ressources qui pourraient être plus utilement déployées.

Plutôt que de vouloir changer le climat (la « mitigation »), l’humanité devrait faire ce qu’elle a toujours fait pour lutter contre des catastrophes naturelles : développer les infrastructures nécessaires pour se protéger (« l’adaptation ») et donc développer les économies des pays, à commencer par celles des pays pauvres. La vraie réponse aux changements du climat, quelle qu’en soit les causes, passe par la lutte contre la pauvreté.

C’est ainsi que Koonin conclut son ouvrage en lançant un appel au retour de l’intégrité des scientifiques.

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Une réponse

  1. Ce monsieur est d’une grande sagesse. Il souligne qu’il faut s’appuyer sur la principale qualité de l’humanité, à savoir sa faculté à s’adapter aux événements de tout ordre. Il doute fortement aussi que l’évolution climatique récente soit un danger. Pour ma part le plus grand danger qui nous guette est un prochain refroidissement conjugué à une surpopulation mondiale. C’est à ce défi qu’il faut se préparer.

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