Des tomates à plus de 34 euros le kg et des agriculteurs qui se suicident

La France est biberonnée aux subventions. Le plus souvent, leur versement ne semble donner lieu à aucun calcul réaliste de retour sur investissement.

Article original paru dans Investir Service.

À force d’utiliser l’argent des autres, on perd le sens des réalités.

En témoigne ce tweet de Renaissance (le parti d’Emmanuel Macron) qui glorifie le fait que « la ferme de Gally, à Saint-Denis (département 93) a bénéficié d’un financement européen de 600 000 euros pour construire une nouvelle serre urbaine écoresponsable ».

Donc, 600 000 euros pour 360 m2 de serres produisant deux tonnes de tomates par an, nous apprend l’énarque, membre du cabinet de Bruno Le Maire[1], posant devant un rutilant tracteur rouge Ferrari couleur tomate.

En réalité, la subvention européenne ne porte que sur 60 % du coût total du projet qui se monte donc à un million d’euros. Cette subvention n’est en réalité que de l’argent français, car la France est contributeur nette de l’Europe, et donne plus qu’elle ne reçoit.

Pour un million de dette publique ou d’impôts, nous avons donc des serres :

  • dont le coût est de 2777 euros par m2
  • qui produisent 5,5 kg de tomates au m2 (contre 40 kg au m2 en serre classique, et 6 kg au m2 en plein champ)

 

Supposons un amortissement des installations sur 15 ans. Le m2 de serre « urbaine écoresponsable » revient donc à 185 euros par an.

Soit 33,64 euros par kg de tomates.

Le prix moyen de la tomate française à Rungis s’élève à 2 euros le kg.
Pour du bio, comptez 2,70 euros le kg en supermarché.
Chaque kilo de tomate urbaine écoresponsable vendu au prix de détail du marché coûte au contribuable plus de 30 euros.

Ces tomates de la ferme de Gally sont donc probablement les tomates les plus chères au monde.

Autre présentation comptable : 4000 euros de chiffres d’affaires annuel pour deux tonnes de tomates vendues 2 euros le kg. La serre urbaine écoresponsable se rembourse donc en 250 ans sans rien rapporter.

Mais à quoi sert de compter quand ce n’est pas votre argent, et que l’obtenir ne vous a coûté aucun effort… ?

Le but de cette opération ne semble être que le racolage de voix écologistes.

En revanche, dans le Puy-de-Dôme, des subventions inutiles suscitent la colère de ces mêmes écologistes. Des manifestants se sont déplacés pour s’opposer à un projet de méga-bassines porté par 36 agriculteurs, et subventionné à hauteur de 10 millions d’euros.

 

Ces retenues d’eau qui font enrager les écolos

Ces réservoirs sont remplis en hiver (plus exactement entre le 1er novembre et le 31 mars) d’eau pompée dans l’Allier.

Si cette eau n’était pas pompée, l’Allier la déverserait dans la Loire, puis elle irait dans la mer. Cette eau n’irriguerait rien, ne serait pas bue, ne nourrirait pas les nappes phréatiques. Cette eau, inutile l’hiver, est donc stockée pour être utilisée efficacement l’été. Lorsqu’elle aura arrosé les cultures, une partie retournera par ruissellement nourrir les nappes phréatiques.

Si vous avez bien suivi ce cycle, l’eau d’hiver finit dans la mer, mais une partie de l’eau d’hiver utilisée l’été va dans les nappes phréatiques.

Contrairement à ce que disent les écolos, il n’y a donc aucun « accaparement » de la part des agriculteurs. Il s’agit d’aménagement de la nature, tel que l’Homme le pratique depuis le début de l’agriculture, depuis qu’il creuse des puits et des canaux d’irrigation, dresse des digues, etc.

Les surfaces des bassins font certes « l’équivalent de 46 terrains de foot », pitoyable unité de mesure des protestataires reprise par les journalistes. Soit 32 hectares. Moins de 1,5 % de la surface agricole concernée, qui est de l’ordre de 2800 hectares.

La seule ombre à ce projet est qu’il soit subventionné, et qu’aucune estimation de son retour sur investissement ne soit mentionnée.

Les écolos ne comprennent rien à l’eau.
Les politiciens et les fonctionnaires ne savent pas compter.
Les subventions transforment les agriculteurs en fonctionnaires.
Les agriculteurs chasseurs de primes s’en satisfont, tandis que d’autres sont tentés par le suicide.

Si ce déluge de subventions se révélait profitable, les comptes publics de la France seraient dans le vert, et la dette ne gonflerait pas année après année.

S’il n’y avait qu’un seul point à retenir de ces lamentables affaires, c’est que des subventions ne font pas un bon business-plan. Mieux vaut éviter d’investir son argent dans ce qui a besoin de béquilles pour marcher.

 

[1] Ancien ministre de l’Agriculture qui ignorait que un hectare équivaut à 10 000 m2

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