Dans le cadre de notre réflexion sur la politique climat-énergie, nous recommandons un livre très documenté et clair de Nicolas Meunier, ingénieur ESTACA, spécialisé sur l’automobile, et journaliste à ce titre pour le magazine Challenges.
L’éditeur, Hugo Doc, l’a intitulé d’un titre cohérent avec sa collection « Alertes » :
« L’arnaque de la voiture propre ».
Certes, Nicolas Meunier ne conteste pas la doxa sur le CO2, gaz à effet de serre qu’il faudrait combattre, car il augmenterait la température.
Mais au moins il ne le confond pas avec les gaz polluants (Nox, CO, HC, etc. …) qui ont d’ailleurs considérablement baissé en ville (ex à Paris, *1).
Sa formation permet à Meunier d’analyser sérieusement l’impact de la voiture électrique sur toute la chaîne de production et d’usage, de l’amont à l’aval. Il démontre que la « voiture propre » est un fantasme.
Des efforts considérables ont été entrepris ces derniers temps par les constructeurs pour optimiser les moteurs thermiques, à la fois sur leur consommation et sur leurs émissions. On a vu apparaître les moteurs à trois cylindres (le downsizing), de gros progrès ont été faits sur le moteur diesel qui malheureusement « a gagné la bataille technologique, mais perdu la bataille politique » (Carlos Tavares).
En effet, sous la pression de l’écologisme, de militants extrémistes comme Pascal Canfin, journaliste devenu président de la Commission Environnement au Parlement Européen, et qui veut la mort du moteur thermique, les constructeurs européens annoncent la fin de la production de ces moteurs pour des dates variant de 2025 à 2035, voire 2040. Il faut dire qu’ils sont menacés de lourdes amendes s’ils ne respectent pas une législation sur les émissions de CO2 de plus en plus difficile à satisfaire.
Ils y parviennent parfois au prix de curieux accords. Ainsi Tesla a reçu 2 milliards d’€ de Fiat Chrysler pour être compté dans leur flotte.
Pourtant la propulsion de substitution avec l’électricité n’est pas vraiment opérationnelle, malgré des chiffres trompeurs. La voiture hybride n’offre que quelques kilomètres d’autonomie en mode électrique. La voiture hybride rechargeable, fort coûteuse, permet une cinquantaine de kilomètres d’autonomie au prix d’un surpoids de 300 à 450 kilos pour les moteurs électriques et les batteries. C’est le poids de 4 passagers et leurs bagages ! Et en plus, 2/3 de possesseurs d’hybrides rechargeables ne procèdent même pas à la recharge. Elle est achetée pour les privilèges financiers, et pour cause : il faut avoir un domicile équipé pour une recharge sécurisée de nuit afin que cela en vaille la peine.
Quant à la voiture 100% électrique, sauf exception et flottes d’entreprises attirées par la fiscalité et les promesses de privilèges, il ne s’agit que d’une seconde voiture. Pourtant d’importants progrès ont été effectués sur les batteries qui ont plus que doublé de capacité en 7-8 ans, rendant ces véhicules obsolètes sur le marché de l’occasion avec de fortes décotes. Les annonces d’autonomie des constructeurs sont illusoires : les 400 km de la Zoé se transforment en 200 sur l’autoroute à 130. Impossible de partir en vacances avec un tel véhicule. D’autant que les bornes de recharge sont rares et souvent incompatibles entre elles. Qui peut accepter en voyage d’attendre son tour pour recharger en 1h -1h30 ? Il faudra un jour des puissances de 300kw pour des charges rapides en 15 minutes. Pour l’heure, on charge à des vitesses incertaines et à des prix qui parfois dépassent celui de l’essence.
Les écarts de prix de véhicules entre les versions thermique et électrique ne sont acceptables que pour les véhicules très haut de gamme. Sinon, pour un petit véhicule, on doit subir un supplément de 40 à 60% malgré les subventions.
Pour favoriser les électriques, on sait que les écolos voudraient réduire la vitesse sur les autoroutes à 110. Et pourquoi pas décourager les voyages pendant qu’on y est ?
Qui sait qu’une batterie de 375 kg (Volkswagen ID.3) ne contient que 58 kWh d’énergie, soit celle contenue dans 6 L d’essence pesant 4.5 kg ?
La majorité des batteries sont des NCM 622, soit avec une cathode composée de 60% de Nickel, 20% de Cobalt et 20% de Manganèse.
Tesla est parvenu à développer une batterie sans cobalt : lithium fer phosphate.
Le principal fournisseur de lithium est l’Australie (53%) devant la chine (23%). Le cobalt vient aux 2/3 du Congo (RDC), extrait dans des conditions environnementales et humaines inacceptables.
Dyson a englouti 2.8 milliards d’€ pour développer une voiture électrique avant d’abandonner. Des super-usines de batteries sont cependant construites actuellement car le marché de la batterie devrait quadrupler en 4 ans.
Acheter un véhicule électrique aujourd’hui est un pari et un risque du fait des incertitudes et de l’instabilité dans tous les domaines : financier, technologique, fiscal. La juteuse fiscalité sur les carburants basculera probablement bientôt vers l’électrique !
Le constructeur qui a pris de l’avance avec ses batteries, son réseau de recharge et ses modèles relativement fiables est Tesla.
Quant à la voiture à hydrogène, il ne s’agit que d’une voiture électrique dotée d’une pile à combustible où l’hydrogène est un moyen de stocker de l’électricité. L’hydrogène est fort coûteux : 1kg d’H2 permet de parcourir 80km pour 11€. Et il nécessite de gros réservoirs en fibre de carbone à 700 bars qui encombrent le coffre. 7 postes de recharge seulement existent à cette pression en France.
On nous présente la voiture électrique comme une voiture propre.
Il n’y a pas de voiture à zéro émission globale. En fait, elle ne fait que déplacer la pollution qui épargne les centres villes. La transition brutale du thermique à l’électrique va conduire à un gâchis et à surconsommer des matières premières.
En France, nous pensons qu’on ne peut diminuer le nombre de réacteurs nucléaires et en même temps promouvoir la voiture électrique. C’est contradictoire.
Une incohérence dont les militants de l’écologisme ont le secret. Ils comptent en effet sur les éoliennes qui ont besoin, du fait de leur intermittence, de centrales au gaz comme béquilles (25% de taux de charge).
On peut s’attendre à des délestages et même des black-out si on continue dans cette impasse, malgré les compteurs Linky dont l’une des fonctions inavouées est de brider votre puissance disponible domestique en cas de production électrique insuffisante.
Nous savons et démontrons par ailleurs que le zéro émission en France et en Europe en 2050 n’aurait aucun effet climatique mesurable pour un coût gigantesque. Absurde !
La voiture propre n’est qu’un fantasme.
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*1) NDLR : Voir le livre de Christian Gérondeau : « l’air est pur à Paris mais personne ne le sait ».