Vers une pénurie de pétrole provoquée

(Article de Henry Bonner initialement paru dans Contrepoints du 26/11/21)

Les différentes décisions des dirigeants politiques sont en train de pénaliser le secteur des énergies fossiles. Créant un risque de pénurie de pétrole.

Les entreprises pétrolières sous-investissent. Le gaz russe est frappé de sanctions. Les énergies renouvelables concentrent les faveurs du pouvoir. Tout est en place pour une hausse des énergies fossiles que les consommateurs subiront.

À partir de l’année prochaine, les voitures auront toutes un système de limiteur de vitesse.

Le but est de vous inciter à conduire plus lentement et de sauver des vies, prétendent les autorités. Cela concernera-t-il aussi les voitures des cortèges officiels ?

Au Royaume-Uni, dès l’année prochaine, tout nouveau logement aura une borne de recharge pour les voitures électriques. Oui… car à partir de 2030, les Britanniques n’auront plus accès aux voitures à moteur à explosion.

Que d’imagination !

Nos propres dirigeants ne tarderont pas à surenchérir. Notre économie et notre mode de vie foncent droit dans le mur.

Les investissements en production pétrolière s’effondrent

Les sociétés pétrolières l’ont bien compris. Nul ne sait quand les autorités produiront un effondrement brutal – à court terme – du prix, comme elles l’ont fait en appliquant les confinements. Le mieux pour elles est de laisser le pétrole sous terre…

C’est ainsi qu’en dépit de la hausse du prix du pétrole, les producteurs ne réinvestissent même pas.

Selon Oilprice.com :

Le réinvestissement dans la production pétrolière des sociétés américaines baisse au niveau le plus bas de tous les temps au troisième trimestre 2021 d’où une trésorerie nette record. Les réinvestissements devraient baisser encore plus avant la fin de l’année, selon le groupe Rystad Energy.

[…]

Parmi les sociétés analysées par Rystad, le taux de réinvestissement des bénéfices était de 46 % en 2021, soit encore plus faible qu’en 2020, quand il était de 53 %. La moyenne historique est au-dessus de 130 %.

Le graphique ci-dessous montre l’évolution des bénéfices opérationnels (CFO), des investissements dans la production (Capex), et le taux de réinvestissements.

Évolution des bénéfices, des investissements et du taux de réinvestissement des entreprises américaines du secteur du pétrole de schiste

Entre 2014 et 2019, les pétrolières investissaient plus que leur trésorerie, elles s’endettaient ou levaient des fonds.

Suite au désastre de 2020, quand les sociétés de production pétrolière ont perdu des milliards (le groupe d’entreprises étudié par Rystad a perdu 8,1 milliards de dollars sur la deuxième moitié de l’année), les entreprises trouvent que l’environnement est trop risqué pour se relancer dans de nouveaux projets. Elles se contentent de faire tourner les puits déjà mis en production.

Les multinationales ont emprunté cette voie de la décroissance depuis des années. Regardez ci-dessous les investissements des principaux groupes pétroliers (source : IEEFA). Ils baissent depuis près d’une décennie.

Évolution des investissements des majors pétrolières

En bref… ne vous étonnez pas de trouver des coûts plus élevés à la pompe et ils sont partis pour durer.

En même temps, les gouvernements poussent vers les renouvelables… Ce qui va créer encore plus de changements imprévisibles dans le coût de l’énergie, en fonction de la météo.

À quand un limiteur de consommation d’électricité chez vous ? Ou une limite à la distance de vos déplacements en voiture ?

La politique énergétique de la rareté

La disponibilité de l’énergie a pris un autre coup cette semaine avec l’annonce de restrictions d’approvisionnement par la Russie, qui représente la source de 40 % du gaz naturel vendu dans l’UE.

La Russie et l’Allemagne ont déjà achevé l’installation du gazoduc Nord Stream 2, qui permet au producteur national russe, GazProm, d’envoyer davantage de carburant (source carte : Gazprom).

Mais le gazoduc attend de devenir opérationnel. Les autorités allemandes, très favorables aux énergies renouvelables, n’ont toujours pas donné de date pour son entrée en service.

Et maintenant, le projet souffre d’un nouveau revers, cette fois à cause des sanctions et embargos

Le Secrétaire d’État américain, Antony Blinken, a prévenu :

Même si nous continuons à nous opposer au gazoduc Nord Stream 2, y compris par des sanctions, nous travaillons avec l’Allemagne et nos autres alliés et partenaires afin de réduire les risques créés par ce gazoduc pour l’Ukraine, les autres pays de l’OTAN et l’UE, et nous opposer aux activités nocives de la Russie dans le domaine de l’énergie.

Les sanctions génèrent des ennuis, avant tout pour le consommateur, à titre particulier ou professionnel, contraint de payer plus cher son gaz. Le professionnel répercutera la hausse dans ses prix et le particulier subira…

À notre avis, le pétrole n’a pas fini son ascension.

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