Quel est le vrai coût du MWh éolien ?

Le coût de production du MWh éolien (terrestre) est d’environ 80 € (source IFRAP)

Une partie de ce coût est couverte par des subventions, ce qui la rend “invisible”, mais elle n’en demeure pas moins réelle (taxes).

Mais ce coût est fallacieux : lorsque les éoliennes fonctionnent, c’est-à-dire 25% du temps, en France, elles sont contractuellement et légalement prioritaires dans le mix énergétique, et obligent donc les centrales nucléaires à baisser leur production en conséquence.

Le coût du MWh nucléaire est d’environ 50 €

Or, les éoliennes, lorsqu’elles produisent, ne font qu’économiser le coût du combustible nucléaire ; tous les autres coûts (amortissements, maintenance, salaires, …) continuent de courir.

Et le combustible ne représente que 2% du coût du MWh nucléaire, soit 1 €/MWh.

Les 49 €/MWh qui restent constituent donc un coût qui n’est couvert par aucune recette.

Implicitement, ils doivent donc se rajouter au coût du MWh éolien terrestre qui atteint donc, non plus 80 €/MWh, mais :

129 €/MWh

On peut, bien entendu, appliquer le même raisonnement à l’éolien offshore, dont le coût est d’environ 130 €/MWh : il devrait lui aussi supporter les coûts nucléaires non couverts, ce qui met le MWh offshore à :

179 €/MWh

Avec un parc électrique à base de nucléaire, comme en France, l’électricité produite par les éoliennes a donc un coût supplémentaire énorme sans aucun intérêt, ni environnemental, ni économique.

… et cette charge vient grever le retour sur investissement des centrales nucléaires que nous aurons déjà du mal à financer.

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Mais les conclusions sont différentes pour les pays qui ont opté pour le gaz au lieu du nucléaire, tels que l’Allemagne et l’Espagne par exemple :

Dans les centrales à gaz, le coût du combustible (le gaz) est déterminant. En 2021, le cours du gaz a oscillé entre 44 €/MWh et 138 €/MWh, et la tendance générale est à l’augmentation.

Les centrales modernes à cycle combiné ont un rendement de 60%, ce qui met le MWh électrique résultant entre 73 et 230 €/MWh, auxquels il faut rajouter les frais généraux d’exploitation (heureusement beaucoup plus réduits qu’avec le nucléaire). 

Ainsi, lorsque le cours du gaz est à 44 €/MWh, l’éolien n’est que légèrement plus cher (7 €/MWh).

Mais lorsqu’il grimpe à 138 €/MWh, et qu’il y a du vent, l’économie peut devenir très importante : 230-80 = 150 €/MWh.

Et donc, si on est prêt à sacrifier son idéologie anti-carbone à son idéologie anti-nucléaire, les éoliennes ont un intérêt objectif,

  • mais, globalement, on paie quand même l’électricité beaucoup plus cher, surtout en hiver et quand il n’y a pas de vent ;
  • et, en plus, on est énergétiquement dépendant de la géopolitique (essentiellement de celle de la Russie qui peut choisir de vendre son gaz, soit à l’Europe, soit à la Chine).

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Mais alors, on peut légitimement se poser la question de la cohérence de la politique électrique de la France, qui continue de promouvoir l’éolien (surtout offshore) alors que, grâce au nucléaire, elle n’en a nullement besoin :

  • elle produit une électricité très peu chère et extrêmement concurrentielle, par rapport à l’éolien (surtout offshore),
  • avec des installations construites par l’industrie française,
  • et qui lui permet d’être géopolitiquement indépendante et souveraine.

 

Pourquoi faire simple et bon marché quand on peut faire compliqué et cher ?

On marche sur la tête.

Nota : on a volontairement ignoré ici l’argument de la décarbonatation de l’électricité nucléaire par rapport au gaz : en effet :

  1. nous ne considérons pas que le CO2 pose problème,
  2. le nucléaire n’a pas besoin de cet argument pour se justifier.

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3 réponses

  1. Au concours d’entrée à L’ENA, il devrait y avoir 1/3 des places pour des scientifiques, avec un prérequis bac + 3 scientifique
    Certains ministères concernant l’industrie, l’énergie… devraient être confiés obligatoirement à des scientifiques compétants.

  2. Une fois de plus je suis obligé de corriger cette affirmation fallacieuse que les éoliennes tournent 25% du temps.
    Non, les éoliennes tournent dès qu’un zéphir se manifeste (environ 4 km/h) soit 90% du temps environ: mais elles produisent très peu à cette vitesse; ce qu’on assimile à 25% du temps c’est la production annuelle en MWh divisée par la puissance nominale en MW x 8765 h. Cela intègre toutes les interruptions pour entretien et maintenance. Il faut donc en comparaison intégrer ces mêmes interruptions (cf le nombre de centrales arrêtées actuellement!) pour corriger les coûts nucléaires.
    Votre raisonnement sur les coûts de plus est extrêmement simpliste: en poussant à la limite, il n’y aurait plus que de l’énergie éolienne que le coût des centrales nucléaires resterait quasi nul!! C’est évidemment faux. Il y a quand même un coût marginal de fonctionnement qui est sûrement supérieur à 1 €/MWh (coût du recyclage et du stockage des déchets, coût des révisions liées au nombre d’heures de fonctionnement,…); c’est comme pour une voiture: le coût marginal n’est pas que le coût de l’essence puisque il y a aussi des consommables comme l’huile, le coût de la révision liée au nombre de kms, la dépréciation liée au kilomètrage, etc. De plus d’où sort le coût du nucléaire à 50 €/MWh et surtout qu’y a t-il dedans? Inclut-il en particulier les ralentissements de production quand l’éolien produit?
    Mais sur le fond je suis raisonnablement d’accord avec vous même en relativisant les chiffres.

    1. Dans un article court, on est nécessairement un peu schématique.
      Mais la puissance d’une éolienne est proportionnelle au cube de la vitesse du vent : 2 fois moins de vent, c’est 8 fois moins de puissance ; et 4 fois moins de vent, c’est 48 fois moins de puissance (soit 2% de la puissance nominale) : en disant que l’éolienne fonctionne 25% du temps, on n’est sûrement pas très loin de la vérité.
      Même s’il y a beaucoup de vent, on ne peut pas arrêter une centrale nucléaire, donc ça ne change pas grand chose au rythme de maintenance : on peut raisonner en marginal.
      A ma connaissance, les 2% couvrent tout le cycle du combustible (seulement 1% si on ne compte pas le recyclage et le stockage).

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