
(Article de Aymeric Belaud initialement publié dans IREF du 3 mars 2022)
Le 1er mars dernier, le Wall Street Journal a publié un éditorial édifiant. Alors que les pays de l’Union européenne imposent des sanctions économiques à la Russie, ils cherchent dans le même temps des solutions pour pallier le manque futur de gaz russe. Le WSJ explique, via le graphique ci-dessus comment l’Union européenne a en réalité fait le choix de se rendre dépendante du gaz russe en abandonnant sa production de gaz.
En effet, si l’on suit le graphique, on observe que les exportations de gaz russe ont augmenté parallèlement au déclin de la production européenne. Il y a 15 ans à peine, les pays de l’Union européenne produisaient plus de gaz que la Russie n’en exportait. La production européenne a chuté drastiquement, de plus de moitié au cours de la dernière décennie. M. Poutine a donc volontiers comblé le déficit d’approvisionnement.
En 2020, la Russie a exporté près de trois fois plus de gaz que l’Europe n’en a produit. Ce qui est étonnant, c’est que l’Europe a augmenté sa dépendance au gaz russe même après que Gazprom a suspendu à plusieurs reprises les exportations par gazoduc vers l’Ukraine. La réponse de l’Allemagne à cette époque a été de construire le gazoduc Nord Stream 2 pour se rendre moins dépendante du gaz passant par l’Ukraine.
Pour l’indépendance énergétique des Etats européens, ainsi que pour le pouvoir d’achat des ménages et pour la diminution des coûts de l’énergie pour les entreprises et en particulier pour l’industrie, les pays d’Europe doivent se remettre à exploiter du gaz.
Qui plus est, il serait judicieux de lever le tabou du gaz de schiste. Le sous-sol français en est gorgé : selon l’Agence internationale de l’énergie, il contiendrait 3,9 milliards de m3 de gaz de schiste, en particulier au sud du couloir rhodanien, dans les départements de la Drôme, de l’Ardèche, du Gard, de l’Hérault et de la Lozère. Cela bénéficierait à l’économie locale (62 000 emplois à la clef) et favoriserait la réindustrialisation du pays.
Mais comptons sur les écologistes pour bloquer ces projets.