Coup de frein au véhicule électrique

(Article initialement publié sur le site des climato-realistes, le 13 /3/2022)

La Commission européenne, dans sa furie planificatrice et écologiste, a décidé d’interdire la vente de véhicules thermiques à partir de 2035. Le prétexte avancé est la réduction des émissions de gaz carbonique.

  • Inutile d’objecter que la production des lourdes batteries des véhicules électriques consomme beaucoup d’électricité et donc émet beaucoup de gaz carbonique, au moins dans les pays (comme la Chine) dont l’électricité est très carbonée.
  • Inutile de remarquer que ces batteries consomment toutes sortes de terres rares et de métaux lourds particulièrement polluants, et importés.
  • Inutile d’observer que la production d’un véhicule électrique coûte 10 000 euros de plus que la production d’un véhicule thermique.
  • Inutile de constater que la mise au rebut rapide des hommes, des savoir-faire, et des machines d’une filière industrielle aussi importante constituera un choc économique et social majeur.
  • Inutile de voir que donner un monopole à une technologie (l’électrique) c’est se priver des innovations qui surviendraient sans doute dans d’autres technologies (amélioration des moteurs thermiques, carburants de synthèse, hydrogène, etc.).
  • Inutile de réfléchir. Les Vertueux ont décidé. Ce sera le véhicule électrique ou rien, na !

 

Peut-être pas. Un gros grain de sable se glisse dans la machine à perdre européenne. A la surprise générale, il est allemand. A la demande des constructeurs automobiles allemands, le ministre LPD des Transports, Volker Wissing, a officiellement signifié à la Commission européenne l’opposition de son pays à la décision du tout-électrique en 2035.

On notera au passage le contraste entre la France et l’Allemagne. Depuis des années, les industriels français, ou pour être plus précis Carlos Tavares, le très efficace PDG de Stellantis (PSA, Fiat-Chrysler, Opel, etc.) attirent l’attention des politiques et des médias français sur la folie du tout-électrique-tout-de-suite. Vox clamavat in deserto.

En France, un industriel, même un industriel de stature mondiale très respecté comme Tavares, et même lorsqu’il parle de son métier, ça ne pèse pas grand-chose aux yeux de nos dirigeants administratifs, politiques et médiatiques. Eux décident, et les industriels n’ont qu’à obéir.

En Allemagne, c’est pratiquement le contraire. Les responsables de l’industrie automobile allemande se sont concertés, ils ont conclu que la Commission européenne allait trop loin trop vite, ils l’ont poliment dit au ministre des Transports, qui l’a immédiatement notifié, au nom du gouvernement allemand, à la Commission.

Ce contraste explique peut-être pourquoi l’industrie française périclite lorsque l’industrie allemande prospère. La position allemande est modérée, et même constructive. Elle ne s’oppose pas frontalement à la voiture électrique, et souhaite lui donner sa chance. Elle met en avant une autre technologie : le carburant artificiel (CH4), obtenu en mélangeant de l’hydrogène (H) extrait de l’atmosphère avec du carbone (C) également extrait de l’atmosphère. La combustion de ce carburant de synthèse dans un véhicule thermique ordinaire rejetterait bien du carbone, mais du carbone soustrait à l’atmosphère, pas aux entrailles de la terre. Le bilan carbone de cette combustion serait égal à zéro. L’idée est théoriquement séduisante. Sa mise en œuvre est-elle économiquement et énergétiquement plausible ? Tout dépend de l’origine de l’énergie qui extraira hydrogène et carbone de l’air. Réaliste ou pas, la proposition est habile. Elle montre en tout cas que lever une interdiction administrative a pour effet d’ouvrir des portes technologiques.

Cette intervention de l’Allemagne est un signal important. Elle vient du pays champion du coûte-que-coûte écologiste, qui a façonné les positions extrémistes de la Commission européenne. C’est peut-être même l’Allemagne qui est à l’origine de l’interdiction de la vente de véhicules thermiques en 2035 – à laquelle l’Allemagne s’oppose aujourd’hui. On a donc affaire à un tournant, pour ne pas dire une volte-face. La contagion va s’étendre à la Commission européenne. L’Italie et la Tchéquie ont déjà endossé la demande allemande. Au train où vont les choses, la France, le pays qui a le plus à perdre à cette absurde interdiction, sera le dernier à la vouloir.

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Une réponse

  1. Simple constat, tant que les grandes décisions technologiques seront prises par des ignorants technologiques sans formation d’ingénieurs issus de nos grandes écoles mais formés, banques, administration, commerce, gestion etc .Seul un passage obligé dans des activités industrielles à des postes techniques, de recherche, à responsabilité menant à une avancée de la gouvernance évitera ces erreurs décisionnelles.
    l’arrêt de Fessenheim , la plus significative. Le retard à la construction de nouvelles centrales ce qui va entrainer des rationnements une autre.

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