La guerre en Ukraine relance de façon brutale le sujet de l’indépendance énergétique.
Si on veut appliquer des sanctions fortes à la Russie, il va falloir trouver de nouvelles sources d’approvisionnement ; et le problème n’est pas simple : voir l’article de Transitions et Energies : Comprendre la dépendance des états européens au gaz russe : https://www.transitionsenergies.com/comprendre-dependance-etats-europeens-gaz-russe/
Trois choses sont claires, d’autant plus que tous les pays d’Europe sont concernés :
- Ça va prendre du temps : on ne remplace pas une alimentation par pipeline existant, par une alimentation par bateau en gaz liquéfié (GNL) du jour au lendemain ;
- Ca va coûter horriblement cher : les importations de gaz russe coûtent déjà à l’Europe de l’ordre de 250 Mds€/an : ce coût pourrait considérablement augmenter, à la fois du fait de la raréfaction, et du coût du cycle liquéfaction – transport maritime – gazéification ;
- Ce sera essentiellement du gaz de schiste importé des USA (l’argent n’aura pas d’odeur).
Dans ces conditions, il y a sans doute une solution qu’il serait raisonnable d’évaluer : l’extraction et l’exploitation de notre propre gaz (de schiste, mais pas seulement).
Pas moins de 5 articles récents posent la question :
- Gaz et carburants : les efforts doivent venir du gouvernement, pas des français : article d’Adélaïde Motte dans IREF du 9 Mars 2022,
- Et si la France exploitait son propre gaz ? : Article de Philippe Folliot (Sénateur du Tarn) dans La Tribune du 11 Mars 2022, ciblé sur nos gisements (conventionnels) de l’ile française de Juan de Nova,
- Il faut relancer le gaz de schiste en europe : article de Philippe Charlez dans Contrepoints du 13 Mars 2022,
- Ne serait-il pas temps de relancer le débat sur l’exploitation des hydrocarbures en France ? : article de Marc Le Menn dans Bd Voltaire du 13 Mars 2022,
- Gaz de schiste : ne parlons pas de ce qui fâche ! : article de Max Falque dans Contrepoints du 16 Mars 2022.
Il faut se rappeler que nous nous sommes nous-même interdit de même simplement explorer nos possibilités :
- par une loi de 2011, à l’initiative du PR, qui interdit purement et simplement l’exploitation et l’exploration du gaz de schiste,
- par une loi de 2017, qui interdit même toute prospection pétrolière ou gazière.
Qui se souvient (citons Philippe Charlez) :
- “… de la manipulation grossière du film Gasland et de son robinet en feu qui enflamma l’imagination collective ?
- … de l’instrumentalisation du débat entretenue par José Bové député européen écolo à l’époque ?
- … de la position de Ségolène Royal alors ministre de l’Environnement qui voulait « examiner juridiquement la façon d’interdire l’importation de gaz de schistes américain » dénonçant un contrat passé entre ENGIE et l’entreprise américaine CHENIERE en vue de la fourniture de gaz naturel liquéfié américain ?
- … de la déclaration solennelle de François Hollande « tant que je suis président, il n’y aura pas d’exploration de gaz de schistes » ; exploration et non exploitation… nous n’étions même plus autorisés à regarder ! L’ancien président qui « solennellement a appelé à arrêter d’acheter du gaz russe » ferait bien de balayer sous sa porte !”
Alors que “…, le développement des gaz de schistes en Europe pourrait nous libérer totalement du carcan Russe.”
Il serait sans doute temps, pour la France au moins :
- d’annuler ces lois stupides (ce qu’une loi a fait, une autre loi peut le défaire),
- de faciliter administrativement l’implantation de sites de production (comme cela existe déjà par exemple pour les éoliennes).
Selon un rapport commandé en 2012 par Arnaud Montebourg, « l’exploitation du pétrole et du gaz de schiste en France pourrait rapporter entre 103 et 294 milliards d’euros sur 30 ans et créer 225.000 emplois, soit un gain de croissance de 1,7 % par an sur cette période ».
Ce serait un bon signe de réindustrialisation.
Mais, paradoxalement, aucun média “main stream” ne semble s’intéresser à cette question.