Sixième extinction de masse : de quoi parle-t-on ?

(Article d’Adélaïde Motte initialement publié dans IREF du 23 Mai 2022)

Bruno David, président du Muséum national d’Histoire naturelle, était sur France Inter à l’occasion de la journée internationale de la diversité biologique, le 23 mai. Il expliquait que la Terre connaîtrait bientôt une sixième extinction de masse et que, pour l’éviter, il fallait réduire notre consommation et adopter une certaine sobriété. Des efforts qui devraient s’ajouter à des actes gouvernementaux.

En France, 14% des mammifères, 32% des oiseaux nicheurs et 19% des oiseaux d’eau douce seraient menacés d’extinction, ce qui fait de nous des élèves “moyens”, selon Bruno David, avec de bons efforts sur la qualité de l’eau mais un usage trop important des engrais et des pesticides dans les plaines agricoles. Dans les décennies qui viennent, 10 à 15% des espèces pourraient disparaître, ce qui “peut se comparer aux grandes crises écologiques de la Terre”.

La Terre a pour l’instant connu cinq extinctions de masse.

  1. Celle de l’Ordovicien, il y a 445 millions d’années, était probablement due à une période glaciaire courte qui a entraîné la disparition de 60 à 70% des espèces.
  2. Celle du Dévonien, il y a 375 à 360 millions d’années, a fait disparaître 75% des espèces à cause d’un épuisement de l’oxygène dans les océans, peut-être résultat d’une prolifération des végétaux terrestres.
  3. Le Permien, il y a 252 millions d’années, a vu des astéroïdes et une éruption volcanique détruire 95% des espèces.
  4. Il y a 200 millions d’années, le Trias a fait disparaître 70 à 80% des espèces pour des raisons encore en débat, peut-être à cause d’astéroïdes, ou après une éruption qui provoqua un réchauffement climatique.
  5. Enfin, un astéroïde détruisit 75% des espèces il y a 66 millions d’années, donnant l’extinction du Crétacé. Cette dernière extinction a permis la prolifération des mammifères, puis de l’homo-sapiens.

 

Tous les cent millions d’années environ advient donc une extinction qui détruit les trois quarts des espèces, et non pas une sur dix, comme le craint Bruno David.

Si l’homme, comme seul être pensant de la planète, doit œuvrer à sauver ce qui peut l’être, il n’est pas forcément adéquat de le contraindre à une sobriété et à une décroissance qui n’ont que peu de chances de résoudre le problème.

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2 réponses

  1. Le remplacement des espèces au fil du temps est probablement une évolution naturelle. Et ce jusqu’à la disparition de toute vie après 4 milliards d’années. Exemple Mars, quoique. Les rovers ont photographié de curieuses bestioles… Et puis, je ne regrette pas la disparition de cruels gros carnassiers qui auraient dévoré tout cru les premiers hommes. Par ailleurs les disparitions ne sont pas totales : voir les petits dinosaures représentés sur les pierres d’Acambaro, Mexique. Enfin, l’homme n’est pas le « seul être pensant », les 70 % de la Terre constitués par les océans sont encore aux mains d’autres espèces, y compris pensantes.
    Mais le plus grave n’est pas là. On continue de nous culpabiliser en permanence sur la question de la préservation de notre environnement. Nous faisons des efforts et n’avons nul besoin de ces donneurs de leçons permanents. Nous n’avons pas besoin d’eux pour améliorer la qualité de l’eau, ne serait-ce que dans notre propre intérêt. On a été bien content de pouvoir compter sur nos agriculteurs après la guerre pour nous nourrir. Les donneurs de leçons faciles ont la mémoire courte. Dans certains pays qui crèvent de faim, on ne protège pas les oiseaux, on les mange.
    Merci à Bruno David de nous délivrer ses conseils éclairés, mais, de grâce, que la presse et les politiques en mal de clientèle cessent de nous abreuver de ce catastrophisme apocalyptique, peut-être à la mode (chez qui d’ailleurs?) mais toxique et scientifiquement idiot, car la nature reprend ses droits plus vite que nous le pensons.

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