La fausse solution de l’hydrogène

Depuis 30 ans, la France est alimentée en électricité grâce principalement (plus de 80 %) au nucléaire et à l’hydroélectricité. Le pays n’a aucun besoin d’hydrogène supplémentaire en restant sur ce modèle, voire en le renforçant.

La « civilisation de l’hydrogène » présentée comme l’une des solutions miracles permettant de succéder, même partiellement, aux énergies fossiles, et de stocker l’électricité issue des énergies renouvelables est un leurre absolu.

L’hydrogène miracle

L’hydrogène n’est qu’un chiffon soi-disant miraculeux agité devant le nez de politiques naïfs ou complices. Sa promotion sert de jambe de bois aux énergies renouvelables intermittentes éoliennes et photovoltaïques. Elle permet aussi de servir des intérêts croisés idéologiques, politiques, et commerciaux.

Le gouvernement serait bien inspiré d’identifier les mécanismes de la supercherie dont les Français sont les victimes et d’en tirer toutes les conséquences. Les élus ont tous les moyens de savoir à leur disposition, mais ils préfèrent cyniquement suivre le sens du vent médiatique plutôt que de défendre l’intérêt général. C’est tellement plus facile d’annoncer des lendemains merveilleux d’amour et d’eau fraiche (dont serait issue l’hydrogène vert…) que de comprendre des sujets techniques difficiles et de prendre ses responsabilités !

La France peut-elle se permettre le luxe de s’offrir de coûteuses danseuses inutiles ?

Les 9 milliards d’euros que la France s’apprête à gaspiller en pure perte sur l’hydrogène seraient plus utiles pour construire des réacteurs nucléaires (EPR ou SMR) que pour remplir les poches fort larges de quelques grigous habiles.

La Commission européenne ne fait que suivre les instructions de l’Allemagne, son donneur d’ordre, qui est aux abois avec sa grande dépendance au gaz russe, et qui souhaite, comme avec les ENR, entraîner les autres pays européens à plonger dans la piscine vide.

L’univers impitoyable de la physique

Les lois physiques sont impitoyables : 95 % de la production d’hydrogène mondiale provient du méthane (gaz naturel) et non de la ruineuse électrolyse de l’eau.

De plus, grâce aux panneaux photovoltaïques certains pays ensoleillés sont supposés produire de l’hydrogène en quantités colossales pour alimenter l’Europe. Mais ils trouveront avantage à utiliser directement pour leurs propres besoins l’électricité qu’ils produiront plutôt que d’en perdre les trois quarts dans un processus de production/stockage/distribution d’hydrogène offrant un rendement énergétique calamiteux.

Avec un parc nucléaire suffisant la France n’aura pas besoin de produire d’hydrogène, que ce soit avec des ENR ou à partir du réseau électrique. L’hydrogène est une fausse réponse à un vrai problème (une production massive d’énergie et d’électricité répondant au besoin d’une nation).

Quel est le besoin ?

Depuis 30 ans, la France est alimentée en électricité grâce principalement (plus de 80 %) au nucléaire et à l’hydroélectricité.

Sauf pour quelques rares applications industrielles marginales à forte valeur ajoutée la France n’a aucun besoin d’hydrogène supplémentaire en restant sur ce modèle, voire en le renforçant.

Il faut espérer que nos gouvernants et autres « responsables » s’en apercevront rapidement avant que des milliards d’euros soient engloutis dans les poches profondes de quelques profiteurs astucieux.

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2 réponses

  1. Je voudrais apporter quelques précisions car le texte ne me semble pas clair. S’agissant de l’hydrogène, le texte donne l’impression que l’hydrogène serait employé pour produire de l’électricité. C’est bien sûr possible mais sans intérêt comme le dit le texte. L’intérêt de l’hydrogène serait de se substituer au pétrole pour la mobilité ce qui permettrait de nous affranchir de la dépendance de la Russie mais aussi des pays du golfe qui ont bien montré dans la crise que nous traversons qu’ils ne sont pas solidaires avec nous en contrebalançant ce que nous ne pouvons plus et ne devons plus accepter de la Russie. L’indépendance est précieuse, c’est d’ailleurs ce qui a été déterminant dans le programme nucléaire français. L’indépendance est aussi coûteuse mais on ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre. Je suis donc partisan de développer l’hydrogène (évidemment par électrolyse et non à partir du gaz naturel comme c’est le cas en ce moment). On pourra ainsi assurer notre indépendance. Pourquoi pas le faire par des éoliennes ou du solaire mais le nucléaire serait sans doute beaucoup moins cher que les éoliennes subventionnées. S’agissant de coût, oui, il faudra mettre la main à la poche. Le coût sera suivant une estimation personnelle d’un facteur 10 plus élevé pour 1 MWh que le coût de sortie d’une éolienne aujourd’hui.
    Grinderdo
    PS: Je profite de ce billet pour noter que nos médias et beaucoup de politiques parlent d’importation d’électricité en MW. Le MW est une puissance et cela ne s’importe pas! On importe des MWh, c’est à dire une énergie (Vu cette confusion à la télévision ces jours-ci). Si on tient à parler en termes de puissance, il faut mentionner pendant combien de temps on a fait appel à cette puissance. Il suffit alors de multiplier la puissance par le temps pour obtenir les MWh.

    1. A ma connaissance, le but fondamental affirmé de l’hydrogène est de « stocker » de l’électricité : Electricité > Hydrogène par électrolyse, puis Hydrogène > Electricité par pile à combustible (avec un rendement global de 25%).
      Sinon, je ne vois pas bien son utilité :
      – l’utiliser directement comme combustible dans un moteur thermique de voiture ?
      – ou s’en servir pour appauvrir le gaz naturel qui alimente nos habitations (à volume égal, l’hydrogène porte 4 fois moins d’énergie) ?

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