Accélération des énergies renouvelables : une mauvaise réponse

(Par Loïc Rousselle dans Contrepoints du 12 septembre 2022)

L’implantation massive d’éoliennes et de capacités solaires nouvelles est-elle un atout pour produire de l’énergie propre ?

Le gouvernement souhaite faire adopter à l’automne un projet de loi d’accélération des énergies renouvelables afin d’augmenter significativement la part de l’éolien et du solaire dans le mix énergétique français.

Dans l’exposé des motifs du texte de loi, il est énoncé que « la France accuse un retard » dans ces domaines par rapport à ses voisins européens.

Mais le texte de loi évite la question qui nous intéresse vraiment : l’implantation massive d’éoliennes et de capacités solaires nouvelles, est-elle un atout pour produire de l’énergie propre ?

Étymologiquement, le mot écologie signifie « économie de la maison », ce qui signifie qu’il est ici question de réaliser les meilleurs arbitrages, sans gabegie financière inutile, afin de transmettre à nos enfants un pays le plus intact et prospère possible.

Le paradoxe de l’éolien et du solaire

L’objectif de la transition énergétique est de produire un maximum d’énergie décarbonée afin d’éviter de contribuer au dérèglement climatique. C’est cet unique critère qui doit guider les choix publics.

La situation de départ de notre pays est excellente car en France 86 % de l’électricité est produite sans émission de carbone (énergie propre), essentiellement par les filières nucléaires et hydroélectriques. Nos voisins allemands ont développé massivement l’éolien et le solaire avec un bilan mitigé car l’intermittence de la production oblige à recourir à des centrales thermiques, au gaz ou au charbon, afin de pallier les baisses de production d’électricité quand le vent et le soleil se font désirer. Finalement, nos voisins allemands ne produisent que 39 % d’électricité propre.

C’est là que se situe le paradoxe du solaire et de l’éolien : ces énergies bénéficient d’un excellent a priori dans l’imaginaire collectif car tirer son énergie de la lumière du Soleil et de la force du vent véhicule une image puissamment romantique. Mais la réalité est malheureusement assez décevante car le corollaire de ces énergies est l’utilisation indispensable d’énergies fossiles pour compenser les creux de production.

Du point de vue de la production électrique française, implanter massivement des éoliennes sans avoir de capacités suffisantes de stockage des pics de production (ce qui est le cas actuellement), fera nécessairement baisser la part d’électricité propre que nous produirons et nous obligera à produire ou à importer de l’électricité provenant de combustibles fossiles pour compenser les creux de production. L’inter-connexion des réseaux électriques européens permet théoriquement de lisser les productions d’énergie solaire et éolienne en pariant sur le fait que les pics ne se produiront pas partout en même temps. Malheureusement, l’expérience montre que les pics sont assez bien synchronisés dans les pays d’Europe de l’ouest.

Ainsi, ces sources d’énergie d’apparence propres externalisent en quelque sorte d’importants rejets de carbone avec un impact sur le climat, bien entendu, mais aussi sur la santé humaine. Un Térawattheure (TWH) d’électricité produite avec du charbon provoque une pollution atmosphérique qui causera 30 décès en moyenne quand un TWH d’électricité nucléaire ou hydro-électrique n’en cause aucun.

Une autre pollution invisible est externalisée, il s’agit du carbone rejeté dans l’atmosphère lors de la production des éoliennes et des panneaux photovoltaïques, la plupart de ces derniers installés en France sont produits en Chine. Cette production engloutit beaucoup d’énergie issue du charbon ! Le retour carbone (temps nécessaire pour que l’énergie électrique délivrée par le panneau dépasse celle qui a été nécessaire pour le produire) de ce type de panneaux est de trente ans, soit plus que sa durée de vie.

L’impact sur l’environnement des éoliennes et des fermes solaires est considérablement sous-estimé : Les pales des éoliennes tuent chaque année des centaines de milliers d’oiseaux et des millions de chauves-souris dans le monde. La production de panneaux solaires nécessite une masse de matériaux  18 fois supérieure et 450 fois plus d’espace que le nucléaire pour la même quantité d’électricité produite.

L’écologie consiste à faire les meilleurs arbitrages en faveur de la protection de la nature

Est ce vraiment là le meilleur des arbitrages ?

Avec une partie seulement de l’argent public qui a été utilisé pour implanter des éoliennes importées en France, il aurait été possible de financer des pompes à chaleur produites localement pour les 15 millions de foyers français, ce qui aurait permis de développer en France une filière d’excellence, de créer 200 000 emplois, de diminuer notre facture d’importation d’hydrocarbures de 10 milliards par ans et surtout de baisser de 20 % nos émissions de carbone.

Vient ensuite la question de l’équilibre financier des productions d’électricité solaire et éolienne.

Le prix de l’électricité est fonction de l’offre et de la demande. Lors des pics de production, l’offre excède la demande et les prix de vente deviennent ridiculement bas. Le cas du Danemark est édifiant à ce titre. Le Danemark, qui a implanté beaucoup d’éoliennes, se retrouve régulièrement avec un excès de production d’électricité lors des pics. Pour pouvoir s’en délester (ce qui est indispensable afin de ne pas endommager le réseau électrique), un accord a été passé avec la Norvège. Celle-ci possède une grande quantité de centrales hydro-électriques qui peuvent être aisément équipées de stations de pompage (STEP).

Les pics de production d’électricité éolienne danoise servent donc à remonter de l’eau dans des réservoirs de centrales hydro-électriques. L’eau pourra ensuite être relâchée afin de produire de l’électricité lors des pics de consommation. Cette solution élégante de stockage de l’énergie électrique possède en outre un excellent rendement (80 %). La situation se gâte lorsque l’on entre dans les considérations financières. Lors des pics de production danois, la valeur de l’électricité est très basse car il y a surproduction, la Norvège achète alors l’électricité danoise au prix marginal de production du Mégawattheure hydro-électrique, c’est-à-dire pour quasiment rien. Par contre, lors des pics de consommation, la Norvège revend l’électricité au Danemark au prix du marché, donc au prix fort ! La fureur des contribuables danois est telle qu’ils ont exigé et obtenu un moratoire sur l’implantation des éoliennes.

Installer de grosses capacités de production d’électricité éolienne ou photovoltaïque sans avoir développé auparavant, et localement, des capacités de stockages suffisantes est une aberration économique.

Ce type d’aberrations économiques se produit inévitablement lorsque la prise de décision est réalisée par des intervenants qui ne subiront pas les conséquences de leurs erreurs, comme ce sera le cas avec la loi d’accélération des énergies renouvelables si elle est adoptée.

Pour remédier à ce problème, le seul système qui a fait la preuve de sa capacité à délivrer les bonnes incitations est le marché libre. Le marché libre nécessite bien évidemment un prix de l’énergie libre, l’absence de subventions et une parfaite interconnexion des réseaux électriques reliant les pays européens.

Les prix libres de l’énergie sont les alliés des écologistes responsables car ils ont la capacité d’inciter spontanément les individus à s’engager dans une démarche d’économie d’énergie, d’isolation de l’habitat ou d’équipement du domicile en pompe à chaleur quand cela leur semble intéressant.

Pour que les comportements vertueux s’installent dans la durée et pour qu’une réponse efficace aux défis environnementaux se mette naturellement en place il est nécessaire que les Français y trouvent leur compte !

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