Il est suicidaire de se figer dans des postures irréalistes sur l’energie. Subir de douloureuses restrictions par manque de clairvoyance débouchera sur de violentes explosions sociales.
Par Jean-Claude Rémondet et Michel Gay.
Avec la catastrophe énergétique et sociale annoncée, les fautes des politiques énergétiques menées par nos gouvernants depuis plus d’une vingtaine d’années apparaissent au grand jour. La guerre en Ukraine n’est qu’un révélateur de leur impéritie.
Un aveuglement coupable
L’erreur stratégique a été d’investir des dizaines de milliards d’euros dans les ruineuses énergies renouvelables intermittentes (EnRI) au détriment nucléaire depuis 20 ans.
De plus, les lois 2011-835 et 2017-1839 (votées par des Parlements de couleur politique différente) ont banni l’extraction, l’exploitation et l’utilisation des énergies fossiles en France, dont le gaz de schiste, que la France importe à présent aussi des États-Unis.
Le gouvernement et les parlementaires ont oublié le rôle essentiel joué par les hydrocarbures dans le formidable développement du monde moderne grâce à une énergie abondante et bon marché.
Mais au nom du réchauffement climatique anthropique, ils ont voulu mettre la charrue avant les bœufs en développant des moyens de productions bancales (éolien et solaire) pour remplacer trop rapidement, et à tort, un système qui avait fait ses preuves.
Depuis plus de 20 ans le nucléaire doit subir les coups de boutoir de l’écologie politique et de la Commission européenne où les Verts, principalement allemands, semblent faire la loi.
Ainsi, dès 1997, la centrale de Creys-Malville a été arrêtée sur un ordre politique. Elle abritait Superphénix, le premier prototype industriel mis en service en 1986 de la filière des réacteurs à neutrons rapides (RNR) refroidi au sodium.
Depuis le début des années 2000, les (ir)responsables politiques ont refusé de développer de nouveaux réacteurs nucléaires.
En 2019 il a été mis fin au programme Astrid visant à démontrer la possibilité d’un passage au stade industriel de la nouvelle filière des réacteurs dits « à neutrons rapides » (RNR) au sodium, dont l’intérêt est de consommer 100 fois moins d’uranium naturel et aussi de recycler certains déchets des centrales actuelles.
Uniquement pour de basses raisons électorales afin de cajoler les Verts pendant la campagne pour l’élection présidentielle de 2012, le futur président François Hollande promet l’arrêt des deux réacteurs nucléaires de la centrale de Fessenheim. Mis en service en 1978, ils ont été arrêtés en 2020 en parfait état de fonctionnement.
Par ailleurs, décider de réduire de 75 % à 50 % la production d’électricité nucléaire dans le mix national sort du chapeau politique sans aucune justification ni étude technique, sinon qu’il fallait diversifier les sources d’approvisionnement pour ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier. La formule à l’apparence du bon sens paysan, mais elle est simpliste et fausse concernant l’électricité.
Il est en effet idiot et coupable de remplacer des productions pilotables disponibles selon le besoin par des EnRI dont la production aléatoire manquera certainement dans certains cas, notamment les nuits froides et sans vent !
Des pertes de compétences
La construction du réacteur nucléaire EPR de Flamanville lancée en 2007 a pâti de la perte de compétences causée par les tergiversations politiques sur la filière nucléaire en France. La date de mise en service de l’EPR, prévue initialement en 2012, est maintenant annoncée en 2023. Ce réacteur fonctionne pourtant parfaitement bien à pleine puissance (1600 mégawatts) en Chine depuis décembre 2018 et en Finlande depuis cette année.
Les EnRI éoliennes et solaires ont montré partout leurs limites pour remplacer les énergies fossiles et nucléaires dans la production d’électricité. Elles ne sont même pas complémentaires entre elles comme certains voudraient le faire croire. Elles nécessitent d’être adossées à des centrales au gaz réactives pour répondre aux besoins importants pendant les périodes sans vent et sans soleil.
L’Allemagne, pays pourtant longtemps considéré par nos élites politiques comme le modèle à suivre, en fait la douloureuse expérience. Les EnRI ne peuvent pas assurer l’équilibre indispensable du réseau électrique sans l’appui de centrales au gaz ou au charbon qui, pour cette raison, n’ont pas été fermées en Allemagne. De nouvelles centrales au charbon y ont même été construites !
Une étrange passivité
Nos dirigeants n’ont pas combattu les directives de la Commission européenne lorsqu’elles allaient à l’encontre de nos intérêts et qu’elles favorisaient outrageusement l’Allemagne. L’entreprise EDF, autrefois fleuron technique et économique national, a ainsi été conduite au bord de la faillite sous la pression européenne.
Aujourd’hui, face à une crise énergétique douloureuse, nos dirigeants pétris d’idéologies favorisant à l’extrême les EnRI ne semblent pas comprendre les enjeux, ni voir les solutions sous leurs yeux depuis 20 ans.
Le gouvernement pourrait revenir sur les lois scélérates anti-hydrocarbures précitées, mais cette éventualité est encore exclue. Pourtant, le pétrole et le gaz seront encore nécessaires dans les 50 prochaines années au moins pour les transports, le chauffage, les engrais et notre appareil industriel.
Redémarrer les réacteurs de Fessenheim est, parait-il, une option encore techniquement possible mais politiquement incorrecte.
Le courage et la volonté manquent pour retourner une opinion publique conditionnée à avoir peur du nucléaire, et pour affronter des écologistes ne proposant qu’un modèle punitif déconnecté des réalités.
Et ils persistent !
De ruineux programmes éoliens continuent à être lancés à marche forcée alors qu’il faudrait au contraire tout arrêter d’urgence.
Au lieu de remettre en question les politiques fondées sur des idéologies déniant les réalités depuis 20 ans, nos dirigeants semblent tétanisés. Ils ne proposent qu’un ridicule plan de sobriété énergétique et une chasse au gaspillage… que la plupart des Français pratiquent déjà par économie. Ces mesures d’urgence devenues nécessaires aujourd’hui masquent mal les pénuries prévues et donc l’envolée des prix qui en est la conséquence. Elles ne sont pas en mesure de faire face à la crise qui attend les particuliers, les artisans, les industriels et l’ensemble de l’économie.
À l’incapacité d’anticiper les crises (comme celle liée au covid) succède celle d’un monde politique inapte à construire un modèle raisonné pour la transition énergétique. L’approche culpabilisante actuelle cherchant des « coupables symboliques » (aéronautique et notamment les jets privés, voyageurs,…) pour les « punir » au détriment d’une action efficace sur le long terme est dangereuse pour la société car elle échappe à toute rationalité.
Il aurait certes mieux valu anticiper il y a 20 ans, mais maintenant que la crise propice aux remises en question est là, et pour longtemps, il faut agir.
Il s’agit de favoriser le nucléaire, de cesser le développent des EnRI et d’admettre que les hydrocarbures sont incontournables pendant encore au moins 50 ans, malgré la peur du réchauffement climatique, en attendant une arrivée massive d’électricité nucléaire bon marché qui leur succédera partiellement.
Il est suicidaire de se figer dans des postures irréalistes en faveur des EnRI. Subir de douloureuses restrictions par manque de clairvoyance débouchera sur de violentes explosions sociales.
Pourtant, nos gouvernants imprévoyants, aveugles et sourds, persistent dans leur fuite en avant.
Une réponse
Très bonne analyse des errements de ces vingt dernières années qui nous ont conduits à la catastrophique situation actuelle.
Il faut y ajouter le côté maffieux du sujet, car les milliards d’euros de financement public des renouvelables ne tombent pas dans n’importe quelles poches, mais bien dans celles des promoteurs et de leurs alliés et complices ONG, comme Greenpeace, qui a ses bureaux parisiens à l’OFATE, directement dans les bureaux du Ministère Français de l’Environnement, et lobbyiste attitré à Bruxelles.
Tout ceci est parfaitement scandaleux et doit donc être dénoncé et condamné avec la plus grande sévérité, car nos décideurs politiques sont évidemment complices.
Lire à ce sujet « Pourquoi j’ai quitté Greenpeace », le livre confession de Patrick Moore, ancien fondateur et ex dirigeant de Greenpeace, qui dénonce ces manigances et dérives et explique pourquoi il en a démissionné.