Il n’y a aucune raison pour que l’État inflige ECOWATT aux Français tout en se dispensant de transparence avec ÉOLIEN DISPO.
Tétanisé par le spectre d’une catastrophe socio-économique sans précédent, le pouvoir panique.
Dans son courrier au PDG d’EDF daté de vendredi 4 novembre 2022, Agnès Pannier-Runacher lui demande « de tout mettre en œuvre pour dégager de nouvelles marges de manœuvre permettant de passer l’hiver », ce qui, selon elle, « passe par la maximisation de la production renouvelable de l’entreprise » et par un recours accru « de manière anticipée à une puissance des concessions hydroélectriques » jusqu’ici limitée par l’existence d’une redevance à acquitter par les exploitants, que la nouvelle loi de finances supprime. La ministre demande à tous les énergéticiens de « débrider » barrages et parcs éoliens afin de faciliter un approvisionnement électrique du pays, cet hiver, mis en danger par l’indisponibilité prolongée de certains réacteurs nucléaires.
Ainsi, y aurait-il en France des marges de production hydroélectrique cachées que la seule clémence fiscale aurait la vertu de libérer, de même qu’un potentiel éolien largement sous-estimé et auquel moins d’incurie permettrait de faire donner la pleine mesure. Faut-il que l’amateurisme de nos gouvernants soit à ce point devenu alarmant pour qu’ils croient possible de renforcer notre approvisionnement électrique en dopant sa production aléatoire et en affranchissant l’hydroélectricité de sa gestion saisonnière par l’appât du gain ! Le pire serait qu’EDF et RTE acceptent de jouer de la sorte à la roulette russe avec une sécurité du système électrique dont ce qui suit rappelle qu’elle ne repose que sur l’existence de stocks et de réserves.
Le maintien de la stabilité de tout système production-consommation d’électricité consiste à maîtriser en permanence les valeurs règlementaires des deux grandeurs physiques fréquence et tension du courant produit et distribué. Image de l’équilibre entre puissance fournie et puissance appelée, la valeur 50 Hertz de la fréquence chute quand la dernière devient supérieure à la première, le contraire dans le cas inverse.
La restauration permanente de cet équilibre échoit au régulations automatiques sommairement décrites ci-après.
Le réglage primaire de fréquence : la réserve primaire
Couramment désignée par l’expression ∆p = – k ∆f, dans laquelle P est la puissance débitée par un générateur et f la fréquence du réseau, la régulation concernée répond promptement et de façon proportionnée à toute perturbation dudit équilibre. Tous les groupes de production mettent ainsi à disposition de la sécurité du système une réserve primaire de puissance réglante ne devant normalement pas descendre en dessous de 3 % de la puissance en service.
Or, si dans le contexte actuel l’essentiel de cette réserve primaire est principalement fourni par nucléaire et hydraulique et par thermique classique accessoirement, inutile de compter sur un éolien dont les prodiges de l’électronique de puissance ne permettront jamais de pallier l’absence de vent.
Le réglage secondaire fréquence-puissance : la réserve secondaire
Certes essentiel, le réglage précédent stabilise rarement le système dans une situation non dégradée après perturbation, la fréquence résiduelle du réseau restant généralement à une valeur différente des 50 Hz requis. C’est alors au réglage secondaire fréquence-puissance que revient de rétablir la situation dans un délai se chiffrant en minutes. Ce réglage est télécommandé par le gestionnaire des mouvements d’énergie entre les niveaux de consigne N = -1 et N = +1, autour du niveau N = 0 correspondant à l’absence de sollicitation. Tous les groupes sont ainsi uniformément sollicités à parcourir de -1 à +1 leur bande de participation secondaire dans la proportion qu’exige la situation résiduelle du réglage primaire de fréquence.
La valeur de la demi-bande de réglage (-1 à 0 ou 0 à +1) traditionnellement désignée par Pr s’exprime en pourcentage de la puissance nominale (Pn) du groupe et n’est pas la même pour tous les outils de production : Pr vaut 5 % de Pn dans le nucléaire, 10 % dans le « thermique à flamme » (THF) et peut atteindre 25 % dans l’hydraulique.
En pointe d’hiver, la valeur totale du Pr requis par le système peut atteindre 2 à 2,2 GW. Ajoutons que l’inaptitude de l’éolien à participer à un tel réglage est ici encore plus marquée que pour le réglage primaire de fréquence.
Le réglage tertiaire : réserve tertiaire de puissance ou réserve tournante
Dans certaines situations limites, les deux réglages précédents peuvent ne pas parvenir à résorber totalement la dérive de la fréquence. Ce cas se rencontre généralement lorsque la butée N= +1 a été atteinte. Une provision supplémentaire de puissance est alors impérativement mobilisée, apte à entrer en action en moins de 20 minutes et si possible à moindre coût : c’est la réserve tertiaire ou réserve tournante. On y trouve traditionnellement les moyens de production thermiques classiques, notamment les turbines à combustion (TAC) et à gaz (TAG) ainsi que nos inestimables groupes hydrauliques.
Songer ici à recourir à un éolien dont la production erratique génère elle-même les perturbations auxquelles nos 3 régulations s’efforcent de pallier relève de l’incongru.
La marge d’exploitation
On appelle marge d’exploitation la somme de la réserve tertiaire et de la demi-bande de réglage secondaire Pr, concept peu à peu dépouillé de son exigence règlementaire au rythme de la radieuse transition écolo énergétique.
Quid d’une possible marge d’exploitation hydroélectrique cachée ?
Regardons ce que pourrait être cette marge payée au prix d’une possible mise en danger du système électrique tout entier, en considérant le détail de la production concernée de 2018 à 2020 :
Les productions « fil de l’eau » et « lac » étant fatales, la production « pompage » – ou STEP – devant être préalablement produite, seuls les 4 GW de la production « éclusée », sur un total de 25, est susceptible d’autoriser quelque dépassement. Hélas, comment imaginer doper significativement une production annuelle moyenne inférieure à 1 TWh, ne représentant que 0,2 % de la production totale du pays, en prenant le risque inouï de vider prématurément nos barrages ?
Quant à nos 6 STEP assujetties à un rendement compris entre 70 % et 85 %, 6,5 GW sont nécessaires pour les remplir sur des durées seulement rentables quand l’écart du prix de l’électricité entre périodes creuses et périodes de pointe couvre leurs frais d’exploitation et d’amortissements.
Quid de la marge d’exploitation pouvant être tirée de plus d’éolien ?
En l’état actuel de notre parc de production et eu égard à ce qui précède, inutile d’espérer quelque supplément en sécurité d’approvisionnement de la part de cette production exclusivement de base. Parviendrait-on à l’accroître significativement en foulant au pied les droits démocratiques les plus élémentaires caractérisant les pays se prétendant exemplaires, que, cumulée à la production photovoltaïque, sa présence sur le réseau ne pourrait dépasser 30 % de la puissance totale en service : le non-franchissement de ce seuil technique rédhibitoire est partout scrupuleusement respecté par EDF.
L’occasion où jamais de souffrir en direct et en continu la révélation de la ruineuse imposture dans laquelle l’État français engloutit les finances publiques depuis 25 ans.
Du 1er décembre 2022 à mi-mars 2023, cette révélation doit consister à rendre quotidiennement publique la production d’un parc éolien de 17 GW – une puissance équivalente à celle de 17 tranches nucléaires – nous ayant déjà coûté plusieurs centaines de milliards d’euros, en comptant les suppléments de réseaux et en ne comptant pas les préjudiciables externalités de tous ordres, rapportée à la consommation totale du pays.
Pour ce faire, rien de plus simple : éditer quotidiennement les relevés correspondants de 9 h 30 et de 19 heures, sous la forme directement inspirée de la présentation ECOWATT :
Il n’y a aucune raison pour que, sur la période, l’État inflige ECOWATT aux Français tout en se dispensant de transparence, à la même fréquence, avec ÉOLIEN DISPO.
Il revient donc à tout ce que le pays compte de résistances à l’impérialisme éolien d’y forcer notre gouvernement ou à défaut d’assurer massivement l’information en question en s’y substituant ; ceci est largement à la portée des structures médiatiques, associatives, citoyennes, voire politiques les mieux organisées, en synergie ou individuellement. Le présent article promis à une puissante diffusion les y appelle d’ores et déjà solennellement.