(Philippe Charlez dans Contrepoints du 25/01/23)
Comme l’indique un rapport récent de la Banque mondiale, les énergies vertes sont beaucoup plus gourmandes en matériaux que notre bouquet énergétique actuel.
Nous dirigeons-nous vers un « passionnant » avenir énergétique principalement fait d’énergies renouvelables ? Le Soleil et le vent alimenteront-ils la croissance de demain ? C’est ce que souhaite toujours ouvertement l’écologie politique et ce malgré les signes de plus en plus tangibles de l’impasse de la croissance verte.
Les fossiles représentent aujourd’hui plus de 80 % du mix énergétique mondial soit à peine moins qu’il y a 40 ans. Le pétrole alimente près de 95 % des transports tandis que le gaz et le charbon représentent toujours les deux tiers de l’électricité mondiale. En deux décennies le monde a investi plus de cinq mille milliards de dollars dans les ENR. Et pourtant ils ne représentent aujourd’hui que 12 % de l’électricité mondiale et moins de 5 % de l’énergie primaire.
Pourtant l’utopie d’une société 100 % renouvelable reste ancrée dans l’imaginaire collectif comme LA solution, notamment en Europe où le catastrophique échec de l’Energiewende allemand ne semble faire peur à personne. Peu importent les intermittences hivernales que nous vivons depuis début décembre en déphasage complet (abondance de vent en cas de faible demande, pénurie en cas d’anticyclone polaire et de forte demande) avec la demande d’électricité, peu importent les facteurs de charge de 14 % du solaire et de 23 % de l’éolien terrestre, les technologies de stockage combleront hypothétiquement leur vide abyssal.
De plus, les ENR devraient nous libérer de notre dépendance des méchants pays pétroliers/gaziers et nous conférer une nouvelle indépendance énergétique. Contrairement au pétrole, au gaz et à l’uranium, le vent et le Soleil n’appartiennent-ils pas à tout le monde ?
Des énergies renouvelables dépendantes des productions minières
Pas aussi simple. Pour transformer le Soleil et le vent en électricité verte puis la distribuer aux consommateurs, les équipement renouvelables (éoliennes, panneaux solaires, batteries, électrolyseurs à hydrogène, piles à combustibles) et leurs complexes systèmes de distribution réclameront de nombreux métaux critiques (fer, cuivre, silicium, nickel, chrome, zinc, cobalt, lithium, graphite, platine, irridium et métaux de terre rares comme le néodyme ou le tantale).
Comme l’indique un rapport récent de la Banque mondiale, les énergies vertes sont beaucoup plus gourmandes en matériaux que notre bouquet énergétique actuel.
Il en résultera dans le futur un accroissement pharaonique de la production minière. Exploités dans d’énormes mines souterraines ou exploitations à ciel ouvert, ces métaux en faible proportion dans l’écorce terrestre doivent être purifiés puis introduits dans les équipements adéquats : des opérations fortement énergétivores. Ces matériaux représentent entre 60 % et 70 % du coût des panneaux solaires et des batteries. Se pose donc la question cruciale de leur origine. Et la réponse est quelque peu terrifiante. Car contrairement au vent et au Soleil, les métaux critiques n’appartiennent pas à tout le monde : encore plus mal distribués que le pétrole et le gaz à la surface de la planète, les pays qui les détiennent ne sont pas davantage démocratiques que les paradis pétroliers, loin de là.
La Chine est aujourd’hui la principale source de terres rares tandis que les États-Unis et l’Europe en sont des acteurs totalement absents dépendant à 100 % de leurs importations. En choisissant les ENR nous favorisons implicitement de poids politico-économique de l’Empire du Milieu. À la dépendance au gaz russe, algérien, iranien ou qatari viendront s’ajouter une dépendance totale aux métaux critiques chinois, au cobalt congolais, au lithium argentin et au cuivre chilien.
Un potentiel minier
Pourtant, aux États-Unis comme en Europe, il existe un réel potentiel minier totalement inexploité. Ainsi, dans le nord de la Suède, la compagnie suédoise LKAB a récemment découvert un énorme gisement qui contiendrait plus d’un million de tonnes de terres rares.
Si le projet est lancé rapidement, il faudra 15 ans avant de sortir le premier gramme de terre rare. Inacceptable selon certaines ONGs environnementales pointant du doigt une exploitation pénalisant… les éleveurs de rennes et nécessitant le déplacement de quelques centaines de personnes.
En France, l’une des plus grandes mines européennes de lithium devrait être développée dans l’Allier d’ici 2027. Une exploitation que le magazine d’extrême gauche Reporterre qualifie de quadrature du cercle : « la technique d’extraction n’est pas sans conséquence pour l’environnement : elle est énergivore et demande de grandes quantités d’eau et de produits chimiques ». Reporterre semble découvrir qu’il n’existe pas d’exploitation minière propre ! Évidemment en important les métaux de Chine ou de RDC, on cache la poussière sous le tapis accusant après coup le consommateur européen d’importer du carbone. La « bonne morale escrologique » préfère probablement massacrer notre souveraineté énergétique et développer l’emploi chinois au détriment de notre emploi national ou de l’emploi européen.
Comme son opposition au nucléaire, l’écologie politique milite depuis plusieurs décennies contre l’exploitation minière en Europe. Ceux-là mêmes vantant les bienfaits des ENR, des batteries et des voitures électriques s’opposent à l’ouverture de mines pour en extraire les métaux nécessaires. Un paradoxe de plus dénué de toute logique élémentaire, un non-sens pour un mouvement politique n’existant qu’à travers la peur, l’émotion et la morale.
Une réponse
Il existe déjà de nombreuses unités de production de carburant synthétiques en remplacement des carburants fossiles qui ont dépassé le stade de l’installation pilote. On en connait les prix de revient qui sont maintenant inférieurs, à cause des augmentations récentes des prix des énergies, au prix des carburants fossiles.
Il faut de l’énergie nucléaire, qui permet la production d’hydrogène, qui permet la récupération du CO2 de l’atmosphère puis qui permet leur synthèse sous forme de carburants de grandes pureté bien plus fiables que ceux d’origine naturelle!
Se battra-t-on pour disposer du CO2?
Les techniques actuelles utilisées pour les transports sont grosses consommatrices d’éléments chimiques présents en grande quantité alors que les EnR imposent l’utilisation d’éléments rares dont le Cuivre fait partie!