(Henri Bonner dans Contrepoints du 27/01/23)
Chaque groupe de dirigeants a une raison aux enjeux colossaux pour prendre votre argent, faire des distributions et vous forcer à accepter une liste de contraintes en croissance continue.
Comme le rapportent les médias, les dirigeants ont réponse à tout. Prix du carburant faibles ? Ils les remontent avec des taxes. Trop élevés ? Ils donnent des aides.
La Dépêche :
« L’indemnité carburant de 100 euros, disponible depuis lundi 16 janvier, a déjà été demandée par plus de 825 000 foyers uniquement lors de cette première journée. Cette aide concerne 50 % des ménages les plus modestes, qui disposent d’un revenu fiscal de référence inférieur à 14 700 euros en 2021. »
Vous prenez la voiture ? Obtenez donc un chèque !
Pour faire du covoiturage :
« Une prime de covoiturage de 100 euros est disponible depuis janvier 2023 : pour en bénéficier, il faut réaliser plusieurs trajets en tant que conducteur via des applications de covoiturage de courte distance, comme Blablacar Daily ou Ciligo. Vous pouvez demander 25 euros après le premier trajet, puis 75 euros après le 10ème, la distance de chaque trajet ne devant pas être supérieure à 80 kilomètres ».
Pour rouler en électrique :
« Vous pouvez également bénéficier d’un crédit impôt à hauteur de 75 % des dépenses pour l’installation d’une borne de rechargement électrique dans la limite de 300 euros par borne : il est possible d’installer deux bornes via ce procédé, soit 600 euros au maximum. […] Le bonus écologique concerne l’achat d’un véhicule électrique neuf de moins de 47 000 euros et 2,4 tonnes. Le montant de l’aide va jusqu’à 6000 euros pour une voiture et 7000 euros pour une camionnette, et peut être calculé sur le site du ministère de la Transition énergétique dédié. »
Pour envoyer votre ancienne voiture à la casse :
« Le bonus écologique peut se doubler d’une prime à la conversion qui vous permet d’obtenir un véhicule moins polluant, ou être obtenu séparément. Il s’obtient en échangeant un véhicule de moins de 3,5 tonnes dont vous êtes propriétaire depuis plus d’un an et ne pas être considéré comme un véhicule endommagé. »
Prétextes à l’intervention
Les décideurs se réunissent en ce moment à Davos, en Suisse.
« Chaque geste compte » disent les politiciens en référence aux économies d’énergies. Ils éteignent le chauffage en terrasse, interdisent les vols à l’intérieur des pays. Pourtant, à la conférence, un participant sur dix arrive en jet.
Les règles visent le commun des mortels… pas eux-mêmes !
À travers la planète les dirigeants désignent des dangers ou des ennemis. Ils inventent alors des solutions. En tout lieu, elles comportent des éléments de base : elles nécessitent à la fois des restrictions sur les particuliers et des distributions d’argent.
À la guerre comme à la guerre
Les États-Unis veulent non la paix, mais une victoire sur Moscou. La presse prend les devants.
Voici l’opinion de la rédaction du Washington Post, journal influent qui appartient au fondateur d’Amazon, Jeff Bezos :
« Ne commettons pas l’erreur de penser que la guerre se dirige vers une impasse des deux côtés. Le président russe Vladimir Poutine, qui n’est visiblement pas intéressé par le dialogue et désire la destruction de l’Ukraine, prépare de nouvelles troupes à l’assaut, sans doute pour une campagne dans les prochains mois ou semaines.
[…]
Les experts militaires croient qu’il se prépare à une nouvelle tentative pour capturer Kiev et décapiter le gouvernement ukrainien, soit une victoire pour Moscou et une défaite pour l’Occident. Les États-Unis et ses alliés de l’OTAN ne doivent pas le permettre.
[…]
Pour l’éviter, et afin de mettre Kiev en position d’arrêter les attaques russes à l’avenir, ainsi que de forcer l’ennemi au-delà des frontières d’avant l’invasion, l’Ukraine a besoin de nouvelles armes plus lourdes. En haut de la liste seraient de nouveaux tanks, tout particulièrement les modèles Léopard 2 fabriqués en Allemagne, en quantité suffisante pour inverser le cours de la guerre. »
Au New York Times, un des auteurs défend la nécessité d’une victoire contre les Russes – pour rappeler à l’ordre les Chinois :
« Il faut faire de la dissuasion. Plus Kiev réussit militairement face à Moscou, mieux la leçon sera apprise par Beijing qu’il sera difficile de prendre Taipei. Plus tôt nous envoyons des armes à Taïwan telles que les missiles Stinger et Javelin, plus les militaires chinois seront hésitants. Plus les États-Unis viennent en aide au Japon, à l’Australie, et à ses autres alliés militaires, plus important sera l’effet de dissuasion contre les ambitions de la Chine.
[…]
L’administration de M. Biden est déjà en train de poursuivre ces mesures. Elle devrait le faire encore plus rapidement. »
Les journaux multiplient les appels à l’armement et au militarisme, le resserrement des restrictions, l’augmentation des budgets pour la guerre.
La guerre tout comme le climat fournissent un prétexte à l’intervention.
Sacrifices pour le climat
Les dirigeants européens le croient : tout ne tourne pas rond pour le climat !
Le climat, comme le sort de l’Ukraine, exigent des interventions afin de modifier l’ensemble de l’économie et les modes de vie de centaines de millions d’individus.
Voici ce que dit la présidente de la Commission européenne à Davos :
« La transition vers le zéro-émission crée déjà des transformations massives dans l’industrie, l’économie, et la géopolitique. C’est de loin la plus rapide et prononcée de nos vies. Elle change la nature du travail. La nature de l’industrie. Nous sommes en voie vers quelque chose de meilleur. Dans seulement trois décennies, nous souhaitons atteindre les zéro-émissions. Cela veut dire que nous allons développer une nouvelle gamme de technologies propres à travers l’économie. Dans les transports, le bâtiment, l’industrie, et l’énergie.
[…]
Pour rester compétitifs, nous devons continuer à investir et renforcer notre base industrielle tout en rendant l’Europe plus attrayante pour l’investissement et l’innovation. C’est cela que regardent les investisseurs dans les différents types de technologie propre (cleantech).
[…]
Ici en Europe, nous avons agi les premiers avec le New Deal vert afin de créer une voie vers la neutralité climat en 2050. Nous avons placé ces objectifs dans la loi pour créer de la prévisibilité et de la transparence pour les entreprises.
[…]
Nous effectuons des investissements sans précédent dans la technologie propre à travers les secteurs de la transition … elle représente le type d’investissement à la croissance la plus rapide en Europe… »
Les dirigeants inventent des dangers puis proposent des programmes et de la dépense – primes à la casse, primes pour une borne électrique, prime à la rénovation de votre logement. Ils s’approprient davantage de pouvoir via les normes et restrictions. Ils achètent aussi le soutien de l’électorat grâce à la distribution d’argent.
La police des internautes
Du côté de la Chine, le régime prend les choses en main dans le secteur d’Internet. Les applications et services informatiques donnent trop de liberté aux indidividus, permettent une création de fortune rapide et donnent le moyen de partager un point de vue, y compris des critiques du gouvernement !
Le gouvernement y voit un prétexte à l’action contre le secteur.
New York Times :
« Les rangs des ex-salariés de l’informatique au chômage continuent de s’accroître, tandis que l’industrie informatique chinoise – jusqu’ici dynamique – subit un revers dû aux régulateurs… Les entreprises doivent réévaluer leurs stratégies et prier pour ne pas faire partie des prochaines cibles pour la suppression.
[…]
Les nouvelles règles tuent l’innovation, la créativité, et l’esprit d’entreprise qui a fait de la Chine une puissance dans la technologie au cours de la dernière décennie. Elles détruisent les sociétés, les bénéfices, et les emplois qui ont attiré les plus brillants en Chine.
[…]
Didi, qui était une fois la startup la plus valorisée au monde, a fait une perte de 6,3 milliards de dollars sur les neuf premiers mois de 2021. En juillet, les autorités ont interdit à Didi d’accepter de nouveaux utilisateurs, et ont forcé les plateformes de téléchargement d’applications à retirer son son service
[…]
Beijing a plus ou moins éliminé le secteur des tuteurs et cours en ligne, décidant qu’ils créaient des surcharges pour les enfants et les parents, en réduisant la natalité [après avoir interdit les naissances pendant des décennies, les autorités veulent à présent les encourager !
[…]
Des centaines de milliers, voire des millions, ont perdu leurs emplois en conséquence.
[…]
De nombreux films et séries ont été annulées ou abandonnées en raison de la peur d’une censure arbitraire et imprévisible.
[…]
Mi-décembre, le régulateur de l’Internet du pays a annoncé qu’il avait forcé les réseaux sociaux à fermer 20 000 comptes d’influenceurs en 2021 …
[…]
Alibaba [l’équivalent d’Amazon en Chine] a dû payer une amende de 2,8 milliards de dollars pour pratiques anticoncurrentielles. Meituan, le géant de la livraison de repas, a payé une amende de 530 millions de dollars le mois suivant.
[…]
Weibo, l’homologue de Twitter en Chine, a dû payer des amendes à 44 reprises entre janvier et novembre.
[…]
En décembre, Huang Wei, un des influenceurs les plus suivis a dû payer une amende de 210 millions de dollars pour évasion fiscale. Les dirigeants ont forcé les réseaux à bloquer son accès aux plateformes, ce qui lui a fait perdre la totalité de son public qui atteignait 100 millions de personnes auparavant. »
Les politiciens – ici ou ailleurs – désirent toujours de plus en plus de contrôle sur la vie des autres. Chaque groupe de dirigeants a une raison aux enjeux colossaux pour prendre votre argent, faire des distributions et vous forcer à accepter une liste de contraintes en croissance continue.
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