Climat : Ce que « La Science » dit et que la science ne dit pas

(Article initialement publié dans Palingénésie)

Avant que les informations sur le climat n’arrivent au grand public ainsi qu’aux décideurs politiques, elles sont passées par plusieurs essoreuses. L’expression est de Steven Koonin, l’ancien conseiller scientifique du Président Obama, qui sera ce lundi 20 mars 2023 au David Lloyd Club Room, avenue Van Bever, 19, à Uccle, pour un événement exceptionnel organisé par le Club de PAN et le B19 et animé par le Pr Samuel Furfari (participation gratuite mais inscription préalable obligatoire via le lien).

Steven Koonin est l’auteur d’un best-seller désormais traduit en français sur le sujet, Climat, la part d’incertitude, publié aux éditions de L’Artilleur. Il tente d’y répondre à la question que nous sommes nombreux à nous poser : comment en sommes-nous arrivés là ? C’est à dire à ne plus savoir à quoi nous en tenir exactement sur le sujet du climat dont tout le monde sait ou devrait savoir qu’il change et qu’il a toujours changé. Mais encore ?

Les faits et les gesticulations

Comment se fait-il que les assertions selon lesquelles nous aurions déréglé le climat et courrions au désastre si nous ne changeons pas radicalement nos comportements ne correspondent pas aux faits ? C’est que les publications des chercheurs suivent un long processus comparable au jeu du téléphone. De rapports d’évaluation en synthèses, de synthèses en communiqués, de communiqués en annonces et d’annonces en commentaires dans les médias, de filtre en filtre, les occasions d’erreurs volontaires ou accidentelles sont nombreuses.

Les décideurs, dans le secteur public comme dans le secteur privé, n’y échappent pas : la plupart ne sont pas eux-mêmes des scientifiques et il appartient à ces derniers de leur fournir des informations exactes, complètes et transparentes, non biaisées, sur ce que l’on sait et ce que l’on ne sait pas. Or, selon Steven Koonin, si les hommes exercent une influence sur le climat, elle reste physiquement restreinte et ce que l’on sait ne permet pas de distinguer entre influences humaines et changements naturels que nous connaissons mal ; les modèles prévisionnels ne coïncident pas les uns avec les autres, voire se contredisent ; les documents officiels publiés ne reflètent pas fidèlement les rapports des chercheurs. « En un mot comme en cent, écrit-il, nos connaissances scientifiques ne sont pas suffisantes pour faire des projections utiles sur la façon dont le climat changera au cours des prochaines décennies, et encore moins pour savoir l’effet que nos actions auront sur lui. »

La climatologie souffre de ce que souvent les communications à son sujet cherchent non pas à informer mais à persuader, fût-ce au prix d’ignorer un contexte essentiel ou une donnée qui ne colle pas avec la thèse avancée. Si nombreux sont les scientifiques qui travaillent avec rigueur et objectivité (que ce soit en climatologie ou dans d’autres domaines), dès que l’on aborde des questions touchant à l’existence humaine s’y mêlent la passion et l’émotion et certains n’hésitent pas à considérer qu’une information manipulée n’est pas gênante pour autant qu’elle contribue à la bonne cause, « sauver la planète », par exemple.

L’important n’est-il pas ce qui est vrai?

Voici à cet égard, cité par Koonin, le propos édifiant de feu Stephen Schneider, un chercheur réputé dans le domaine de la modélisation de l’atmosphère et du changement climatique, professeur à l’université Stanford (et accessoirement docteur honoris causa de l’UCLouvain) qui réclamait dès les années 1980 une réduction des gaz à effet de serre pour lutter contre le changement climatique :

« D’un côté, en notre qualité de scientifiques, nous sommes soumis à la contrainte éthique de la méthode scientifique, qui jure de dire la vérité, toute la vérité et rien que la vérité – il s’agit donc de dire tous les doutes, les mises en garde, sans oublier les si et les mais. D’un autre côté, nous ne sommes pas seulement des scientifiques, nous sommes aussi des êtres humains. Et, comme la plupart d’entre eux, nous aimerions voir un monde meilleur. Dans ce contexte, cela se traduit par travailler à réduire le risque d’un changement climatique potentiellement désastreux. Pour ce faire, nous avons besoin de convaincre un vaste public, donc de captiver son imagination. Ceci suppose, bien entendu, une énorme couverture médiatique. Il nous faut donc proposer des scénarios catastrophe, faire des déclarations simplifiées, dramatiques – et mentionner le moins possible nos doutes éventuels. »

Ou, comme l’a dit Tim Wirth qui fut président de la United Nations Foundation : « Nous devons affronter la question du réchauffement de la planète. Même si, en théorie, il n’est pas prouvé, c’est ce qu’il faut faire en termes de politique économique et environnementale. » Ou, encore, le militant écologiste et antispéciste canadien Paul Watson, cofondateur du groupe qui est devenu Greenpeace : « L’important n’est pas ce qui est vrai, mais seulement ce que les gens croient vrai. »

A l’opposé de cette version frelatée du travail scientifique, Steven Koonin insiste sur le rôle unique et l’importante responsabilité du scientifique : introduire la science objective dans le débat et laisser de côté opinions et sentiments. Les scientifiques ne sont pas censés vendre des produits de lessive.

Climat, la part d’incertitude, Steven E. Koonin, 352 pages, Editions L’Artilleur.

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(Cet article a paru dans l’hebdo satirique PAN n° 4079 du mercredi 15 mars 2023.)

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Une réponse

  1. La controverse scientifique fait partie de la” Science”! De tout temps les scientifiques se sont affrontés parfois violemment pour faire valoir leurs avis au détriment de celui de contradicteurs. C’est une situation normale en science. Les difficultés n’apparaissent que si le principe de précaution impose systématiquement aux décideurs de privilégier l’avis dont le non respect pourrait conduire à des catastrophes et comme de plus, en France, la loi prévoit de rendre les politiques responsables des conséquences de leurs décisions, il ne faut pas s’étonner que le GIEC entraîne derrière lui la masse apeurée des politiques, des médias, des menteurs, des profiteurs pour affirmer que des mesures onéreuses, indispensables, salvatrices, urgentes sont nécessaires. Il faut être un saint ou un vrai sachant pour s’opposer à ces meutes affolantes sincères ou insincères! La France a perdu son écosystème scientifique, politique, technique qui lui permettait de faire les bons choix quant il a fallu construire dans le passé 58 centrales nucléaires en 10 ans! Même la Chine s’en est étonné! Koonin ramène le sujet à son bon niveau mais il croit encore à l’effet CO2

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