Après l’étonnante apathie qui a suivi l’annonce la semaine dernière par la Première ministre, Elisabeth Borne, du plan de décarbonation accéléré du gouvernement, à la fois irréaliste et construit sur des hypothèses techniques, financières et sociales douteuses, des voix commencent à s’élever pour dénoncer une stratégie française et européenne qui mène à l’échec. L’Académie des Technologies, qui n’a pas l’habitude de se mêler directement au débat public, tire la sonnette d’alarme dans un avis publié à la fin de la semaine dernière. Cette institution publique indépendante, qui rassemble les meilleurs experts français des technologies et des sciences appliquées dont quatre Prix Nobel, ne peut pas être traitée à la légère comme l’ont été pendant de nombreuses années ceux qui ont dénoncés, à juste raison, des politiques énergétiques absurdes et dangereuses menées en France comme en Europe. Elles l’avaient déjà été notamment par Elisabeth Borne et par le président de la République Emmanuel Macron.
L’Académie des Technologies, institution publique indépendante qui rassemble les meilleurs experts français des technologies et des sciences appliquées dont quatre Prix Nobel, n’a pas pour habitude de se mêler directement au débat public. Si elle le fait, via un avis publié le 25 mai, c’est qu’elle considère que l’heure est grave après l’annonce la semaine dernière par la Première ministre Elisabeth Borne d’un plan de décarbonation accéléré de l’économie française qui a pour caractéristiques d’avoir des objectifs totalement irréalistes (réduire les émissions de gaz à effet de de 50% d’ici à 2030 par rapport à 1990) et d’être un catalogue de mesures qui ne sont ni financées ni maîtrisées sur le plan technique, économique et social.
«Les trajectoires projetées ne sont ni crédibles, ni techniquement réalisables, ni même optimales sur le plan climatique, puisqu’elles risquent à la fois d’empêcher l’Europe d’atteindre la nécessaire neutralité carbone en 2050, et de saper encore plus sa souveraineté énergétique», alerte Dominique Vignon, qui préside le pôle Énergie de l’Académie.
Mensonges et faux-semblants
L’Académie des sciences dénonce des politiques européennes qui non seulement ne permettront pas d’atteindre les objectifs imposés totalement irréalistes de décarbonation (-55% par rapport à 1990 selon la Commission) et qui mettront à genoux les économies européennes. Elle appelle la France à résister à ses diktats et à mettre en place une transition énergétique réellement efficace, construite sur les faits et les réalités et qui a une chance de réussir en ne s’aliénant pas, en plus inutilement, une grande partie de la population.
Le texte de l’Académie est explicite:
«la France par le traité de Lisbonne a confié sa politique énergétique à l’Union européenne, tout en se réservant le choix de son mix énergétique et en exigeant de l’Union qu’elle assure la sécurité d’approvisionnement. Les termes de cet accord ne sont cependant pas respectés par l’Union. Il convient de le rappeler d’autant plus fortement que l’enjeu est essentiel: il s’agit tout simplement de l’indépendance et de la compétitivité de l’économie nationale. La solution est simple; dans le strict respect des traités, il faut obtenir que l’Union se concentre sur l’objectif qui lui est assigné: décarboner le secteur de l’énergie, en laissant aux États membres le choix des moyens.»
L’institution appelle aussi à ce que la sécurité énergétique «cesse d’être une incantation» et redevienne un objectif.
Elle démonte les mensonges et les faux-semblants de la politique énergétique européenne et française.
“La politique européenne de l’énergie est une construction tardive, opportuniste et peu efficace… Les objectifs de réduction de gaz à effet de serre ont été largement dépassés en 2020 (plus de 30% contre 20% visés); mais ils ne concernent que les émissions de source européenne. …”
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