(par Gabriel Robin dans Causeur du 25/5/23)
L’économiste Jean Pisani-Ferry a produit un rapport sur les «incidences économiques de l’action pour le climat», destiné à Matignon
Peu connu du grand public, France Stratégie est un service du Premier ministre dont le nom complet est officiellement celui de Commissariat général à la stratégie et à la prospective (CGSP). Il s’agit d’ailleurs d’une idée originale d’Emmanuel Macron suggérée à François Hollande en 2013, alors que l’actuel président de la République était encore Secrétaire général adjoint du cabinet de l’Elysée. L’idée n’était pas mauvaise en soi…
De fait, les différents rapports d’orientation et d’évaluation des politiques publiques rendus par cette administration se sont parfois révélés utiles. Citons notamment le rapport « Quelle évolution de la ségrégation résidentielle en France ? », ou encore la note « Inégalités des chances : ce qui compte le plus » qui concluait que le genre et le fait d’avoir des parents immigrés jouaient extrêmement peu sur le revenu d’activité des personnes âgées de 35 à 38 ans contrairement au milieu social d’origine, à la richesse du territoire dans lequel le jeune a grandi et au niveau de vie des parents.
Objectif: décroissance
Le rapport qui nous intéresse présentement traite lui de la question de l’écologie. Portant précisément sur les « incidences économiques de l’action pour le climat », ce rapport tente d’appréhender plus finement les conséquences macroéconomiques de la transition climatique. Il montre d’ailleurs bien l’ampleur des difficultés à venir et le coût qu’elles pourraient avoir pour les Français, Jean Pisani-Ferry écrivant dans le 7ᵉ point de la synthèse dudit rapport que:
« D’ici 2030, le financement de ces investissements, qui n’accroissent pas le potentiel de croissance, va probablement induire un coût économique et social. Parce que l’investissement sera orienté vers l’économie de combustibles fossiles, plutôt que vers l’efficacité ou l’extension des capacités de production, la transition se paiera temporairement d’un ralentissement de la productivité de l’ordre d’un quart de point par an et elle impliquera des réallocations sur le marché du travail. »
Traduit en langue française dépouillée des tics de la haute administration, cela signifie tout simplement que nous allons vers… la décroissance. Nous allons donc perdre en capacités de production et le niveau de vie des Français baissera d’autant. Le plus amusant étant que les auteurs du rapport nous indiquent ensuite que les indicateurs habituels tels que le PIB mesurent encore mal le « coût en bien-être » des réglementations prises pour que la France effectue sa transition écologique. Autant faire court : nous allons en baver.
C’est à ce stade que France Stratégie nous dévoile son plan. Comme on pouvait le pressentir, une administration publique française a toujours la même solution : créer des impôts et des taxes. Et c’est par un raisonnement aussi tortueux que pervers que France Stratégie transforme l’effort consenti par les Français en « soutien aux ménages et aux entreprises » ! Ce n’est évidemment pas l’État qui nous aidera à rénover nos logements rénovés ou à remplacer nos voitures thermiques, mais nos impôts qui sont déjà parmi les plus élevés du monde libre :
« Pour financer la transition, au-delà du redéploiement nécessaire des dépenses, notamment des dépenses budgétaires ou fiscales brunes, et en complément de l’endettement, un accroissement des prélèvements obligatoires sera probablement nécessaire. Celui-ci pourrait notamment prendre la forme d’un prélèvement exceptionnel, explicitement temporaire et calibré ex ante en fonction du coût anticipé de la transition pour les finances publiques, qui pourrait être assis sur le patrimoine financier des ménages les plus aisés. »
Charles Prats: lanceur d’alerte
Il faut savoir que la France a régulièrement mis en place des impôts qui devaient n’être que temporaires, destinés à répondre à des crises ou à financer des mesures exceptionnelles. La CSG, que tous les Français ou presque redoutent, devait ainsi ne pas durer. Depuis 1991 et sa création par Michel Rocard, dont la politique ressemble fortement à celle du gouvernement Borne, ses recettes ont explosé et ont été multipliées par dix, le taux et l’assiette augmentant quasiment tous les ans hors un très bref intermède sous la présidence Sarkozy.
Le magistrat Charles Prats évalue d’ailleurs le coût de la transition énergétique telle que voulue par France Stratégie à 50 milliards annuels d’impôts en plus pendant quinze ans !
Le plus terrible étant que cela est présenté comme une aide de l’Etat aux Français… L’écologie donne au Moloch administratif l’occasion de revenir avec sa fiscalité redistributive délirante qui n’a rien à envier à Thomas Piketty et qui plombe déjà toute notre économie, la rendant totalement inapte dans la compétition internationale cruelle que se livrent les grands Empires contemporains, à commencer par la Chine et les Etats-Unis.
Le matraquage fiscal ne sera pas arrêté : il va s’intensifier. La stratégie est simple, vous spolier.