(par Romain Delisle dans IREF du
Lundi dernier, le ministère chinois du Commerce a annoncé la limitation des exportations de deux métaux précieux entrant notamment dans la composition des puces électroniques, des véhicules électriques, des panneaux solaires ou encore de la fibre optique : le gallium et le germanium.
Furieux des sanctions américaines sur l’importation de semi-conducteurs, l’empire du Milieu organise sa contre-attaque avec les principales armes à sa disposition que sont les terres rares.
Ce n’est d’ailleurs pas la première fois qu’il emploie un tel procédé vis-à-vis d’un pays considéré comme hostile. En 2010, à l’occasion d’un différend avec le Japon pour la maîtrise de l’ile de Senkaku, un embargo de plusieurs semaines avait déjà été imposé.
Dans la mesure où la Chine contrôle environ les deux tiers de la production mondiale de terres rares, elle peut prendre à la gorge l’économie des pays occidentaux (dont notamment leur industrie de défense) et exercer un chantage politique à tous moments en délivrant ou pas des autorisations d’exportation.
En invoquant l’argument de la préservation de sa sécurité nationale, Pékin peut d’ailleurs se soustraire aux sanctions potentielles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), ce qui, à titre accessoire, montre également les limites du multilatéralisme.
Ainsi que l’avait fait remarquer la Cour des comptes européenne, cette politique de mise en avant du tout électrique pour l’automobile pourrait bien se retrouver mise à mal si l’on considère les risques géopolitiques auxquels elle est soumise.
L’IREF en a déjà parlé, le besoin de métaux précieux né des nouvelles technologies de développement durable va engendrer une dépendance de plus en plus importante envers Pékin. Après avoir réfléchi à l’après pétrole, le temps ne serait-il pas venu de réfléchir à l’après terres rares ?