(Arnaud Florac dans BV du 30 août 2023)
On va finir par se demander si ce n’est pas une spécialité suédoise, comme les meubles à monter soi-même, les Krisprolls ou le hareng fumé.
Jugez plutôt : il y a, en Suède, une adolescente désagréable qui se prend pour le nombril du monde et ne trouve rien de mieux à faire que de sécher les cours pour insulter les grandes personnes… Et ce n’est pas Greta Thunberg. Le nom de cette jeune personne est Ia Aanstoot. Elle a suivi les cours de Greta, avec qui elle a appris l’activisme, mais son combat est tout autre. Le combat de Ia, c’est le nucléaire. Pas pour lutter contre, bien au contraire : Ia Aanstoot est pour.
C’est tout de même curieux, pour une écologiste, penserez-vous. Dans nos esprits volontiers taquins et probablement sectaires, un écolo ne saurait défendre l’énergie nucléaire, puisqu’il y a une probabilité infinitésimale d’accident. Et puis, on ne sait pas où enfouir les déchets radioactifs.
Ia Aanstoot s’est pourtant adressée à Greenpeace, l’ONG écolo la plus célèbre du monde, pour lui demander de réviser sa position « démodée » sur les méfaits des centrales.
Ses arguments ne sont pas idiots : quand on ferme des centrales nucléaires, on ouvre des centrales à charbon. On a besoin de davantage d’énergies fossiles. On pollue.
Avec une certaine acuité, la génération d’aujourd’hui confie au Guardian que les vieux écolos semblent en faire une affaire d’identité de groupe. « Nucléaire, non merci », c’est leur seule litanie, leur credo, leur confiteor, comme dirait Brassens. Ils ont été formatés comme ça depuis les années 60, ils ont manifesté contre le nucléaire, c’est comme ça : changer d’avis, ce serait se trahir.
Les faits ont cependant prouvé la pertinence du raisonnement pro-nucléaire. Ce que décrit Ia Aanstoot, c’est exactement ce qui est en train de se passer en Allemagne.
En France, nos politiques ont consciemment saboté la filière nucléaire : pour défendre la nature, désormais, il faut paradoxalement la ravager avec des éoliennes qui ne fonctionnent pas et des panneaux solaires. Ia Aanstoot n’en veut pas. Elle est d’ailleurs soutenue par des jeunes gens et jeunes filles de plusieurs pays d’Europe, dont la France.
Il n’en demeure pas moins que son irruption dans le paysage médiatique pose deux questions.
- D’abord, les discours politiques sur l’avenir de la planète (ou sur tout le reste, d’ailleurs) vont-ils, de plus en plus, être prononcés par des enfants ? Les grandes personnes sont-elles condamnées, pour toujours, à se faire insulter à la tribune de l’ONU par de petits monstres sans éducation ?
- Et puis – plus inquiétant -, qui est derrière cette floraison de petits malotrus ? Chaque courant de pensée est-il obligé de disposer, pour être entendu, de sa marionnette tout juste majeure pour formater la jeunesse ? Une marque de l’époque.