Bientôt une nouvelle loi pour museler le climato-scepticisme dans les médias ?

Le mercredi 19 juillet à l’Assemblée nationale, lors d’un événement organisé par des députés avec l’association Quota Climat, un groupe transpartisan d’élus a annoncé vouloir mener des auditions en septembre dans le but de déposer une proposition de loi « relative au traitement médiatique des enjeux environnementaux ». Le groupe, conduit par le député socialiste Stéphane Delautrette, réunit des élus allant de l’extrême-gauche au centre. N’est présent aucun député Les Républicains ou Rassemblement National. Le but de cette proposition de loi serait de censurer dans tous les médias la parole « climatosceptique ».

Quota, censure médiatique et propagande climatique

Selon Eva Morel, coprésidente de Quota Climat et attachée parlementaire de la députée Renaissance et agricultrice bio Sandrine Le Feur,

« il y a encore trop de climatoscepticisme dans les médias ».

Quota Climat est officiellement une association qui milite pour augmenter la place de l’écologie dans l’espace médiatique et le débat public. Elle fait pression sur les journalistes et les médias dont le contenu ne convient pas à ce qu’elle estime être la réalité climatique et réclame un quota de 20 % de temps médiatique dédié aux questions climatiques et de biodiversité.

Eva Morel dénonce par exemple le fait que des médias utilisent des visuels avec des enfants qui jouent dans l’eau pour illustrer la canicule ou bien avec une femme qui dort devant son frigo ouvert,

« dans une période où la sobriété est requise »…

Anne-Lise Vernières, l’autre coprésidente de cette association, elle aussi collaboratrice parlementaire, dit approuver les moyens de lutte du groupe éco-terroriste Extinction Rébellion :

« Toutes les actions sont bonnes à prendre pour interpeller. On est à un tel stade d’urgence qu’on ne peut plus faire l’impasse sur un mode d’action et la désobéissance civile ».

On notera ici l’entrisme du lobby écologiste au sein de l’Assemblée nationale et du groupe Renaissance ex-LREM, Mme Vernières ayant été attachée parlementaire de l’ex-député LREM Jean-Charles Colas-Roy. Jordan Allouche et Lola Morel, autres membres de Quota climat, ont également été collaborateurs parlementaires sous l’ancienne législature. Ils ont, en mars dernier, été les initiateurs – avec les deux coprésidentes de l’association – d’une tribune dans le JDD plaidant pour ces fameux 20 % d’espace médiatique consacrés aux questions climatiques. Pour Eva Morel,

« 20 %, ce serait vraiment le minimum syndical ! ».

La proposition de loi, selon un document de Quota Climat, pourrait comprendre les mesures suivantes :

  • renforcement des prérogatives de l’Autorité́ de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) pour garantir un traitement adapté sur les sujets climatiques ;
  • intégration des enjeux environnementaux dans les chartes déontologiques des médias ; garantie d’un traitement de ces enjeux, en donnant à l’Arcom la possibilité́ d’établir des règles temporaires lors des campagnes électorales ;
  • renforcement des moyens de lutte contre la diffusion de fausses informations sur la crise écologique sur les plateformes en ligne.

Même sans loi, des médias forment déjà leurs équipes à la doxa écologiste. Virginie Fichet, directrice adjointe de la rédaction à France Télévisions, explique que la chaine va former « au climat » les 1 240 journalistes du groupe, et qu’un quart d’entre eux le seront en un an.

Elle se félicite également de la « météo climat » lancée par le groupe public, ainsi que de la création d’une cellule « planète » dans la rédaction.

Pour Christelle Chiroux, directrice adjointe de la rédaction de TF1,

« depuis l’été 2022, il y a moins de déni dans la population française et nous avons franchi un chemin incroyable. À TF1, nous aurons formé tous les journalistes d’ici 2024. »

Laurent Cordonier, directeur de la Fondation Descartes, se félicite de la régulation de la profession via notamment la Charte pour un journalisme à la hauteur de l’urgence écologique.

Pour autant, ce contrôle de la liberté d’expression ne doit pas se limiter aux médias traditionnels. Pour Laurent Cordonier,

« le consensus scientifique sur le climat est en train d’exploser sur Twitter : ce réseau est pris d’assaut par les climatosceptiques ».

Cela rejoint un récent article de Libération qui explique que des défenseurs du climat et de la biodiversité ont abandonné Twitter depuis la prise de contrôle d’Elon Musk à cause d’un « climat haineux ».

La calomnie comme moyen de pression

Certains vont plus loin. Jusqu’à l’intimidation. Régis Crépet, prévisionniste météo sur le média privé La Chaine Météo, en a fait l’expérience. Un article publié par France Info l’a violemment attaqué, mêlant calomnie, témoignages anonymes et sous-entendus. L’« agroclimatologue » Serge Zaka l’accuse de charlatanisme. Le journaliste de France Info est allé explorer le compte X (anciennement twitter) de M. Crépet et a rapporté qu’en 2022, le prévisionniste aurait plus parlé de froid et de neige que de canicule et de sécheresse. Il ajoute que

« les professionnels de la météo et du climat le considèrent comme l’un des derniers climatosceptiques du secteur ».

Régis Crépet aurait commis selon lui plusieurs fautes : il aurait, entre autres, critiqué le GIEC, partagé une étude expliquant que l’Europe pourrait se refroidir au cours des 15 à 20 prochaines années, et il n’aurait pas assez évoqué la responsabilité humaine dans le réchauffement climatique. Ces arguments ne sont cependant basés sur aucune preuve tangible et il est par conséquent permis de soupçonner qu’ils n’ont été réunis que pour porter préjudice à M. Crépet, un confrère qui ne respecte pas la pensée correcte.

M. Crépet n’est pas le premier à subir une attaque de ses pairs. En 2015, Philippe Verdier, alors présentateur météo sur France 2, publie un livre intitulé Climat investigation où il met en cause la probité du GIEC. Il dit aussi estimer que « nous sommes indubitablement sur un plateau du réchauffement et la variabilité cyclique du climat ne nous permet pas d’envisager si le rythme naturel va demain nous entraîner vers une baisse, une stagnation ou une hausse [de la température moyenne globale]. » Dans une interview accordée à RMC, il affirme que « quand on parle du climat, c’est soit religieux, soit belliqueux ! » Il ne croyait peut-être pas si bien dire : il est mis à pied quelques jours plus tard par la direction de France TV puis licencié pour « non-respect d’une règle déontologique, à savoir que les opinions personnelles ne doivent pas être confondues avec l’image de l’entreprise ». Pourtant, lors de ses bulletins météo, Philippe Verdier n’a jamais exprimé ses opinions personnelles, se concentrant sur le seul rôle de la météo, à savoir retransmettre les prévisions du temps pour les jours à venir.

Avant lui, Laurent Cabrol, le « Monsieur Météo » d’Europe 1, avait publié en 2008 un ouvrage nommé Climat : et si la Terre s’en sortait toute seule ?, et avait été victime d’une cabale semblable à celle que subit Régis Crépet. « J’ai écrit qu’il avait déjà existé des réchauffements climatiques dans l’histoire, que si l’homme l’accentuait, on pouvait s’en sortir, car la Terre a des ressources. On m’a taxé de climatosceptique » a-t-il déclaré au Point.

Qu’est-ce qu’un climatosceptique ?

Finalement, qu’est-ce qu’un climatosceptique ?

  • Quelqu’un qui nie l’évolution climatique ?
  • Quelqu’un qui tempère la gravité du réchauffement et le rôle de l’homme dans ce dernier ?
  • Quelqu’un qui affirme que le réchauffement climatique existe bien mais qui promeut l’adaptation et l’innovation plutôt que la décroissance ?

Est-ce qu’en fin de compte, un climatoscpetique ne serait pas un opposant politique ? Dans ce cas, Steven Koonin, professeur de physique à l’université de New York, ancien conseiller climat de Barack Obama et ancien sous-secrétaire d’Etat à l’énergie, qui dans son livre Climat, la part d’incertitude met en doute la fiabilité des modèles utilisés pour prévoir les effets du réchauffement climatique (sans pour autant le nier) est-il à censurer ? Pourquoi son avis de scientifique basé sur des recherches sérieuses vaudrait-il moins que celui d’une militante pour le climat de 18 ans qui répète des slogans vus sur les réseaux sociaux et dont la seule action militante a été de sécher des cours au lycée?

Est-ce cela « l’information environnementale » que promeut Quota Climat ? Qui plus est, sera-t-il défendu de critiquer les conséquences désastreuses de certaines politiques climatiques sur l’économie et la vie des individus ? Cette dérive liberticide de la part des écologistes doit être prise avec sérieux et combattue. Dans un pays libre, le débat ouvert doit être la base de la discussion politique, surtout sur un sujet aussi important qui impacte si profondément la vie de tous.

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