(Par Martin Pimentel dans Causeur du 29/9/23)
Il ne s’agit pas tout à fait de contester ici le changement climatique. En fait, ce n’est même pas le sujet !
Cette question qui me harcèle
Ce qui nous intéresse, c’est de savoir si demain la liberté de la presse va s’arrêter là où commence la lutte contre le dérèglement climatique, comme le craint l’excellente Judith Waintraub, dans le Figaro Magazine. Depuis le 27 septembre, un groupe de députés a commencé à passer des auditions, en vue d’une proposition de loi qui vise à expurger de nos gazettes tout ce qui s’apparenterait selon les brillants élus à des thèses climatosceptiques. Il s’agit d’un projet tout à fait sérieux, émanant d’un groupe transpartisan, avec des députés de gauche et de droite, et à leur tête le socialiste de la Haute-Vienne Stéphane Delautrette.
Bon, le RN a bien sûr été exclu. « Notre pratique est de ne pas travailler avec le RN », assume crânement M. Delautrette. On ne peut qu’être navré de constater qu’à l’Assemblée nationale, tout le monde peut verser de chaudes larmes sur nos enfants victimes du harcèlement à l’école – cela fera d’ailleurs l’objet d’un éditorial brillant d’Elisabeth Lévy dans le numéro de Causeur à paraitre mercredi prochain – mais qu’on n’hésite pas à continuer d’ostraciser et de persécuter les élus de la droite nationale. Passons…
Un projet qui devrait provoquer un tollé médiatique
Dans le détail, que sait-on de la loi en préparation ? Pour l’instant, je l’ai dit, nous n’en sommes qu’aux consultations. Mais, l’idée lumineuse de tous ces députés qui se piquent de nous aider à « sauver la planète » est en fait chipée à une association militante, QuotaClimat. En tout cas, si de ces consultations découle bien par la suite une loi votée par l’hémicycle, nul doute que cela fera couler beaucoup d’encre, et que cela soulèvera un tollé dans les médias.
Car, en effet, il s’agirait de confier à l’Arcom le soin de s’assurer que les médias audiovisuels traitent des enjeux écologiques pendant 20% du temps d’antenne (l’Arcom est l’organisme de régulation des médias qu’on appelait il y a encore peu de temps le CSA). Pire, il se verrait confier la tâche de vérifier que les enjeux climatiques sont couverts conformément à un soi-disant « consensus scientifique ». Monsieur le député Delautrette affirme ainsi : « Il y a un dérèglement climatique et il est d’origine anthropique, c’est-à-dire lié aux activités humaines. Ces deux postulats doivent bien sûr échapper au débat contradictoire ». Mais, alors que le Figaro Magazine lui rappelait ses propos inquiétants quant à la liberté de la presse (et même tout simplement à la liberté d’expression), le député a protesté. Bien évidemment, il assure qu’il est très attaché au « respect de la liberté de la presse »... On peut souvent lire, çà et là, que les médias n’alertent pas assez sur le danger de l’urgence climatique, qu’il y aurait un déni de la réalité entretenu par les journalistes. Cela a d’ailleurs fait l’objet d’un film réussi sur Netflix, avec Leonardo DiCaprio et Meryl Streep, Don’t Look Up. Alors, on pourrait se dire que nos députés veulent faire œuvre utile, après tout…
On ne force pas à boire un âne qui n’a pas soif
Les médias n’ont pourtant pas besoin d’être encouragés ; ils relaient déjà à longueur d’antenne cette propagande du moment. Concernant le climat, les journalistes prennent déjà très au sérieux leur mission évangélisatrice. L’année dernière, Radio France a par exemple adopté une charte, appelée le Tournant, qui est assez orwellienne. Et effrayante. Sa première clause stipule, je cite : « Nous nous tenons résolument du côté de la science, en sortant du champ du débat la crise climatique, son existence comme son origine humaine. Elle est un fait scientifique établi, pas une opinion parmi d’autres ».
Et en effet, si vous vous branchez sur France inter, quelle que soit l’heure de la journée, c’est 1) un sujet sur les violences policières ou sexuelles « systémiques » 2) un sujet sur la théorie du genre ou les transgenres 3) un sujet sur l’écologie. Et puis on recommence.
Le changement climatique occupe aussi des pages entières de nos journaux. Le Monde a ainsi une rubrique « Planète » dans son cahier principal depuis des années – alors je ne vois pas ce qu’il faut demander de plus aux journalistes. Cette semaine, dans l’émission Quotidien, ils avaient acheté des billets de trains pour que toute une équipe aille harceler les exposants du Monaco Yacht Show. Du grand journalisme d’investigation, évidemment !
Non, vraiment, les journalistes (une profession qui penche naturellement et intrinsèquement sur la gauche) n’ont vraiment pas besoin d’être fliqués pour s’assurer qu’ils vont nous parler du climat, et tout le monde le sait très bien. À la télé toujours, les bulletins des prévisions météo ont carrément été renommés « Journal météo climat » cette année. Puisque je vous dis que tout le monde y met déjà du sien.
Alors, faut-il vraiment comptabiliser le temps d’antenne sur ce sujet inquiétant, comme on le fait pour les partis politiques lors des campagnes électorales ? Faut-il vraiment obliger CNews à recevoir des militants hystériques comme Aymeric Caron, Claire Nouvian ou Sandrine Rousseau, qui, de toute façon, préfèrent ne pas adresser la parole aux médias trop conservateurs à leurs yeux ? Cela me semble être une nouvelle usine à gaz, tout juste bonne à occuper quelques ronds-de-cuir dans la tour des bureaux de l’ARCOM …
Liberté d’expression : attention fragile !
Le président de l’ONU parle déjà la même langue que Sandrine Rousseau, comme l’a analysé cette semaine Didier Desrimais dans les colonnes de Causeur. Mais peut-être que bientôt, je n’aurai plus le droit de publier ce type de tribunes, donc !
Enfin, non, concernant l’origine anthropique, il n’y a pas de consensus scientifique total. Sera-t-il interdit de lire demain le bouquin de Steven Koonin « Climat, la part d’incertitude » ? Pourtant, c’est quand même un ancien conseiller d’Obama ! Et, même si pour ma part je ne remets pas en cause le changement climatique, je ne veux pas qu’on interdise à des journalistes ou des essayistes de discuter de ces sujets.
Par exemple, il existe des voix qui estiment que le GIEC est politisé, ou trop alarmiste.
L’enfer est pavé de bonnes intentions. Il n’est pas indispensable, pour être corrompu par les pensées totalitaires, de vivre dans un pays totalitaire…
Et même si elle est évidemment encadrée, il ne faut toucher à ce qui encadre la liberté d’expression qu’avec une précaution extrême. Soyez donc rassurés, ce site ne deviendra pas climatosceptique aujourd’hui à cause de moi.
Mais, je ne tiens pas à ce que demain la loi nous oblige à reprendre en boucle les préconisations du GIEC. Même si c’est pour mon bien.
2 réponses
Si les climatosceptiques ou réalistes cessaient de se battre entre eux pour des vétilles et s’en prenaient frontalement au GIEC comme j’essaie de le faire, personne n’oserait proposer de telles solutions!
Mesdames et Messieurs les contradicteurs du GIEC et de l’IPCC, regroupez vous pour être forts et renversez ces fantaisistes de la Science que sont tous ceux qui maîtrisent actuellement le pouvoir et les médias.
C’est devenu compliqué de s’en prendre au GIEC : maintenant, tout sort des Modèles, et, comme disait Gilles de Gennes (Prix Nobel de Physique, lui, pas de la Paix !) : “Le simulateur informaticien est crédible puisque sa machine possède une puissance et une rapidité de calcul dont aucun cerveau humain ne serait capable. Le pouvoir ronflant des chiffres plus le pouvoir de l’image : de quoi entretenir dans l’opinion une mentalité magique pré-rationnelle.“
Le GIEC ne parle plus de sa théorie de l’effet de serre depuis belle lurette.