Que se passerait-il si nous arrêtions le pétrole ? On pourrait avoir six milliards de morts

(Neil Record dans The Daily Telegraph, 19 décembre 2023 (via NetZeroWatch))

Nota : cet article est écrit dans le contexte du mix énergétique britannique qui est différent du nôtre.

Il est difficile de comprendre comment une interdiction immédiate des combustibles fossiles permettrait à la civilisation de se poursuivre et de s’épanouir.

Beaucoup d’entre nous ont été exaspérés par les pitreries des manifestants de Just Stop Oil. Je suis persuadé qu’ils sont bien intentionnés et dévoués à leur cause et qu’ils pensent sauver la planète de la meilleure façon qui soit : en se faisant de la publicité, en faisant parler d’eux et en influençant les hommes politiques.

Mais que se passerait-il si nous arrêtions littéralement le pétrole demain et si nous nous privions des ressources naturelles dont dépendent le monde, ses économies et ses populations ? La réponse : il est fort probable que six milliards de personnes mourraient en l’espace d’un an.

Je vais supposer que le “pétrole” dans Just Stop Oil désigne les combustibles fossiles, c’est-à-dire le pétrole, le gaz et le charbon. Je vais également supposer que nous disposons des connaissances technologiques et des infrastructures d’aujourd’hui, de sorte que nous parlons d’arrêter les combustibles fossiles maintenant, et non pas à un moment indéterminé dans le futur.

Jour 1 – plus d’extraction de charbon ; les puits de pétrole du monde entier sont fermés ; les gisements de gaz du monde entier également. Les premiers à ressentir le changement seraient les consommateurs de gaz.

Les stocks de gaz détenus en surface ne sont généralement pas très élevés. Le Royaume-Uni devrait donc assez rapidement, disons en 10 ou 15 jours, fermer son système de distribution de gaz, car il ne pourrait pas maintenir la pression.

Le gaz cesserait de circuler et quelque 21 millions de ménages (74 % de la population) n’auraient plus de chauffage, d’eau chaude ni de moyens de cuisson. Dans la panique, les gens pourraient se tourner vers l’électricité pour cuisiner et se chauffer, mais attendez…

Le réseau électrique britannique s’appuie sur le gaz naturel comme source d’énergie “tampon”. Chaque jour, la demande varie en fonction de la demande des consommateurs, et l’autre principal fournisseur d’énergie, les énergies renouvelables, est très variable et ne peut alimenter le réseau que lorsque le gaz comble la plus grande partie de l’écart entre leur production et la demande des consommateurs.

Ainsi, dès que le réseau principal de distribution de gaz est dépressurisé, le système d’équilibrage du réseau tombe en panne et des coupures d’électricité s’ensuivent.

Il est impossible d’évaluer l’ampleur de ces coupures de courant, mais le réseau serait si gravement compromis, voire mortellement, qu’elles pourraient être généralisées et permanentes.

La demande d’électricité aurait explosé avec le passage au chauffage électrique, à la cuisson et au chauffage de l’eau, et il semble donc très probable que la demande excédentaire soudaine ne puisse être satisfaite, et donc que le réseau devienne incontrôlable.

L’absence d’électricité signifie l’absence de systèmes de communication – pas de téléphone portable, pas de télévision et pas d’eau courante. Sans électricité et sans chauffage, les personnes vulnérables commencent à mourir.

D’abord les personnes âgées à leur domicile, puis les hôpitaux lorsque les générateurs diesel de secours sont à court de carburant, puis de nouveaux problèmes existentiels apparaissent pour les gens ordinaires sous la forme de la disponibilité et de la distribution de la nourriture.

Jour 25 – Je suis probablement généreux sur le timing, mais le diesel et l’essence seront probablement épuisés au jour 25. Cela signifie que la distribution de nourriture serait défaillante et que la population, dont la plupart dépendent entièrement de la nourriture achetée, commencerait à mourir de faim.

Dans les situations d’urgence nationale, l’aide internationale est souvent au rendez-vous, mais dans le cas présent, ce scénario se déroule, selon des modalités et un calendrier largement identiques, dans l’ensemble des pays développés et en développement. Seules les communautés rurales isolées, autosuffisantes sur le plan agricole, seraient relativement épargnées. Il n’y a donc pas de mission de sauvetage internationale.

Jour 50 – dans le monde urbain, de nombreuses personnes seraient sur le point de mourir de faim. Au cours des 50 jours qui ont suivi la fin de l’approvisionnement en combustibles fossiles, l’ordre public se serait effondré et je soupçonne que des conflits et des massacres de masse auraient eu lieu dans le cadre d’une recherche de plus en plus désespérée des moyens de survie.

Mais la maladie aurait également fait des ravages, faute d’électricité, d’approvisionnement en eau et d’écoulement des eaux usées, si bien que le choléra, la dysenterie et toutes les autres maladies victoriennes liées à la promiscuité auraient pris le dessus.

Au 100e jour, soit environ trois mois après l’arrêt du pétrole, je pense qu’environ la moitié de la population mondiale (disons quatre milliards de personnes) serait morte. Les premiers à mourir seraient les citadins pauvres, puis les classes moyennes et supérieures, l’argent et le statut devenant de moins en moins importants au fil du temps.

Les survivants seraient essentiellement des ruraux, capables de vivre des produits agricoles locaux ou des réserves alimentaires qui s’amenuisent.

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