En Allemagne : «La prétendue urgence climatique est un levier délibérément utilisé pour détruire notre économie»

Le Dr Hans-Georg Maassen (en photo) s’entretient avec Alexander Wallasch sur le dilemme allemand : sur le jugement de la Cour constitutionnelle fédérale, sur la hausse des prix et le mouvement antifa.

L’interview du Dr Hans-Georg Maaßen est d’abord parue sur alexander-wallasch.de.

Après le budget bloqué concernant les feux de signalisation, il est difficile d’imaginer une défaite plus grande. Mais il est probable que de nombreux citoyens n’ont pas encore compris ce que la Cour constitutionnelle fédérale allemande a réellement décidé et quelles en sont les conséquences. Avez-vous une idée à ce sujet ?

La Cour constitutionnelle fédérale allemande a décidé que les 60 milliards d’euros qui se trouvaient dans un fonds spécial pour le Covid – de l’argent qui a été emprunté au prix de dettes – ne peuvent pas être dépensés pour la politique climatique et énergétique du gouvernement fédéral. C’est pertinent dans la mesure où nous avons un frein à l’endettement (frein qui limite le déficit budgétaire annuel à 0,35 % du produit intérieur brut en Allemagne, ndr).

Et ce frein à l’endettement peut être suspendu en cas de situation d’urgence particulière. Cette situation d’urgence s’est produite en 2021 en raison de la crise Covid. C’est en tout cas ce qui a été supposé. Et comme ces 60 milliards d’euros du pot commun n’avaient pas été utilisés, le gouvernement fédéral a estimé qu’on pouvait utiliser l’argent pour autre chose et a donc changé l’objectif pour utiliser l’argent pour la politique climatique ‘écosocialiste’.

De plus, il a voulu utiliser l’argent au-delà de la période de dépense limitée à l’exercice budgétaire. La Cour constitutionnelle fédérale a donc mis fin à cette pratique, la jugeant anticonstitutionnelle, et a déclaré la loi nulle et non avenue. Il manque donc 60 milliards d’euros au gouvernement fédéral pour mener à bien sa politique énergétique et climatique.

 

Les 60 milliards n’existent, en fait, pas, c’est seulement un principe pour s’autoriser à s’endetter ? Est-ce un frein européen ?

C’est un frein allemand. Mais globalement, il est vrai que des dettes ont déjà été contractées pour ces 60 milliards d’euros. Ils sont déjà dans le pot. Seulement : ils doivent maintenant être dépensés pour réduire le volume de la dette. C’est là tout l’intérêt : si l’on ne dépense pas l’argent, il ne doit pas simplement être dilapidé pour d’autres choses, mais il doit être remboursé pour réduire le montant de la dette.

Il semble que le citoyen se soit habitué depuis longtemps à ce que l’État accumule dettes sur dettes. Beaucoup ne réalisent même plus ce qui s’est passé à une telle échelle. Christian Lindner veut également suspendre le frein à l’endettement pour 2023 et décider d’une situation d’urgence exceptionnelle. Mais de quelle situation d’urgence s’agit-il ?

Nous n’avons pas de situation d’urgence, et c’est anticonstitutionnel, car cela conduit à la dislocation ou à la destruction des finances publiques. J’ai l’impression que les « situations d’urgence » sont construites par les partis qui soutiennent le gouvernement fédéral. Les politiciens des partis au pouvoir et d’autres arpentent l’Europe depuis quelques années déjà en affirmant qu’il y aurait une situation d’urgence climatique.

Il faudrait alors passer outre toutes les lois, car l’urgence ne connaît pas d’impératif. Cette prétendue situation d’urgence climatique est, au mieux, le produit d’une […] imagination ou le levier sciemment utilisé pour détruire notre économie et notre ordre démocratique libéral fondamental. Bien sûr, il ne s’agit pas d’une situation d’urgence. Mais c’est l’angle d’attaque avec lequel ces gens veulent travailler.

Ce que fait ce gouvernement fédéral revient à détruire nos finances publiques. En dehors des périodes de guerre, l’Allemagne n’a encore jamais connu un tel surendettement. Le gouvernement fédéral le fait de manière planifiée, tout comme le gouvernement fédéral planifie l’installation massive de millions d’étrangers en Allemagne.

Mais n’est-ce pas plutôt à des spécialistes de l’économie de l’expliquer ? Je ne sais pas qui peut le faire, si c’est le professeur Stefan Homburg ou le journaliste économique expérimenté Roland Tichy. Tout ce drame n’a pas encore suffisamment d’impact sur les citoyens tant que le réfrigérateur est encore à peu près plein. Beaucoup se sont également habitués aux prix élevés des supermarchés et achètent moins. Tout cela n’a pas encore produit de bouleversements particuliers.

 

Les citoyens le remarquent déjà. Les prix augmentent de mois en mois. De nombreux citoyens peuvent encore suivre, d’autres restent sur le carreau et s’appauvrissent. Le nombre de pauvres va continuer à augmenter dans ce grand jeu. On remarque déjà le changement de comportement des consommateurs dans les restaurants, qui se vident, et même dans la recherche d’une place de parking, car de nombreuses personnes ne sont plus disposées ou capables de payer plusieurs euros de frais de stationnement pour une heure.

Voyez-vous un point de basculement ?

Non, je ne vois pas de point de basculement pour le moment. Mais la question est : pourquoi faut-il un point de basculement ? Pour l’instant, nous n’avons pas d’élections. Les prochaines élections ne sont prévues que dans deux ans, à l’automne. De mon point de vue, le gouvernement fédéral ira jusqu’à l’automne 2025, parce qu’ils veulent encore réaliser leurs projets idéologiques. D’ici là, la situation économique, sociale et politique en Allemagne se sera dramatiquement aggravée. C’est en tout cas ainsi que je vois le scénario le plus probable.

Si je vous comprends bien, il vaut mieux que le gouvernement fédéral mène le pays complètement dans le mur?  Mais si je regarde maintenant les prévisions électorales, cela ne semble pas beaucoup mieux, nous aurions alors à nouveau une grande coalition.

On ne devrait plus utiliser le terme de grande coalition. Un parti comme le SPD, qui n’atteint pas 10% selon les sondages d’opinion en Thuringe ou en Saxe par exemple, n’est pas un « grand » parti, et encore moins un parti populaire, […] qui, sans le soutien des médias de masse, se retrouverait certainement sous la barre des 5%. Mais c’est bien sûr dommageable si l’un de ces partis de gauche – du SPD, des Verts ou du SED/Die Linke en général – se retrouve à l’avenir dans un gouvernement.

Lors du congrès des Verts, il s’agissait de revenir sur ce jugement de la Cour constitutionnelle fédérale et de panser les plaies. Le ministre Habeck a lancé un mot d’ordre : « Notre idéologie s’appelle la réalité ». Est-ce de l’autodérision ?

 

Je ne pense pas qu’Habeck soit capable d’ironie. Je pense qu’il ne fait qu’exprimer ce que pensent de nombreux auteurs ou lecteurs de livres pour enfants, à savoir qu’ils vivent dans leur propre monde. Quand il dit : « Notre idéologie est la réalité », il croit vraiment qu’il vit à Bullerbü (la ville d’un conte pour enfants, ndr), et sans doute avec un cœur d’enfant pur. Et il le croit comme des centaines d’autres idéologues verts assis à la convention du parti.

Récemment, il y a eu une manifestation de la gauche (Die Linke). Un camarade y a expliqué sur scène que partout où il y a des événements organisés par des gens de l’AfD, qu’une section antifa au sein de la gauche rendra visite au restaurateur et lui tiendra un discours amical. Si celui-ci n’annule pas le rendez-vous – je cite presque mot pour mot -, il y aura un autre discours amical, et ensuite il se passera quelque chose qu’il préférait ne pas dire à la tribune. Est-ce que c’est une escalade ?

Non, cela fait des années que cela se produit. Je ne le perçois pas comme une escalade.

Je veux dire que c’est exprimé publiquement.

Oui, que ce soit exprimé publiquement, oui, je ne le savais pas non plus jusqu’à présent. Mais que les Antifas soient le bras militant du mouvement de gauche, c’est clair que oui. Il est clair qu’il y a des sections antifascistes qui collaborent avec les Verts, d’autres avec le SPD et avec le parti SED/Die Linke. Le SPD a d’ailleurs déclaré : « Nous sommes antifa ».

Les Jeunes Verts ont sympathisé avec le groupe Antifa, qui a été condamné par la Cour d’appel de Dresde. Ce que font les Antifa, c’est ce que les groupes de matraquage et de terreur d’extrême gauche avaient au fond toujours fait. Pensons aux années 20 du siècle dernier, lorsque les troupes de terreur du KPD terrorisaient les citoyens allemands. Ils font la même chose aujourd’hui.

Les criminels antifascistes décident qui est un ennemi politique et qui peut donc être attaqué ou estropié. Et ce, avec la sympathie ou le soutien de personnes proche du mouvement antifa dans les médias de masse. Il aurait fallu depuis longtemps interdire les Antifa et le parti SED/Die Linke. Je suis en effet d’avis depuis longtemps que l’une des grandes erreurs de l’ère Kohl a été de ne pas interdire le parti SED/Die Linke.
 

On parle des communistes, mais les socialistes nationaux dans les années 20 n’étaient-ils pas au moins aussi racistes ?

Oui, c’est ce qui caractérise les socialistes. C’est vrai pour les socialistes nationaux, c’est vrai aussi pour les autres socialistes et aujourd’hui pour les écosocialistes.

Aujourd’hui, la Cour constitutionnelle fédérale a prouvé, avec son arrêt sur le budget fédéral, que parfois on a quand même intérêt à faire appel aux tribunaux. Dans le cas de ce politicien de gauche qui revendique et célèbre presque ouvertement la violence contre l’adversaire politique, ne faut-il pas engager des procédures ?

Oui, certainement, car il s’agit d’une incitation au crime et à la violence physique. Mais je pense plutôt qu’il est nécessaire d’interdire le mouvement antifa, de le combattre partout par la police, les services de renseignement et par la pression sociale là où on le perçoit, de démasquer les réseaux et les individus.

 

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