La lutte contre la pollution, autrement dit, la disparition de la couverture d’aérosols qui réfléchit la lumière solaire vers le ciel, aggrave le réchauffement. Cela pourrait représenter jusqu’à 40% de l’augmentation de l’énergie qui réchauffe la planète entre 2001 et 2019.
Une mauvaise nouvelle, un peu dérangeante : la baisse de la pollution à l’échelle de la planète aggrave le réchauffement climatique. Mathilde Fontez, rédactrice en chef au magazine scientifique Epsiloon, nous confirme que la pollution a baissé globalement dans le monde – le contrôle de la qualité de l’air mené depuis les années 1990 porte ses fruits. Mais on voit aujourd’hui que cela a un effet retors.
franceinfo : Cet air plus pur, contrôlé depuis plus de 30 ans dans le monde, aggrave le réchauffement climatique ?
Mathilde Fontez : Oui, c’est assez dérangeant. Le sujet est dans toutes les discussions entre les experts aujourd’hui. D’autant plus qu’on est en train de tirer le bilan de l’année 2023 : année record sur tous les plans, la plus chaude de l’histoire. Et c’est – en partie – à cause de la baisse de la pollution.
Une série d’études viennent de quantifier cet effet, et elles montrent qu’il est important : la baisse de la pollution serait responsable de la moitié de l’accélération actuelle du taux de réchauffement.
La dernière étude qui vient d’être publiée le 3 avril 2024 par des chercheurs de l’institut Cicero en Norvège, et qui se base sur les observations satellites, évalue qu’elle pourrait représenter 40% de l’augmentation de l’énergie qui a réchauffé la planète entre 2001 et 2019.
Comment la baisse de la pollution provoque-t-elle un réchauffement ?
Lorsqu’elles sont en suspension dans l’air, les particules de pollution réfléchissent la lumière dans l’espace, et provoquent donc un refroidissement. Si on en a moins, il y a réchauffement. Les particules peuvent aussi augmenter le nombre de gouttelettes dans l’air : faire de plus grands nuages, qui durent plus longtemps – or les nuages aussi réfléchissent la lumière.
En gros, la Terre polluée est plus réfléchissante. Non polluée, elle est plus sombre, et donc elle capte plus la chaleur du soleil. Ces phénomènes sont connus depuis longtemps. Mais ce qu’on découvre aujourd’hui, c’est l’importance de l’effet, et sa complexité. Difficile de prédire précisément comment cela va évoluer.
Les chercheurs voient que ces mécanismes ont un impact sur la température globale, mais aussi sur la circulation atmosphérique, sur les vents, sur les moussons.
Parce qu’il ne s’agit pas, bien sûr, d’arrêter de dépolluer ?
Non, les experts insistent évidemment sur ce point : on ne choisit pas entre la peste et le choléra. La mauvaise qualité de l’air provoque chaque année plus de 4 millions de décès prématurés sur la planète.
Mais il faut tenir compte des effets de cette baisse. Par exemple, en couplant toujours les mesures antipollution à des mesures de réduction des gaz à effet de serre. Et en continuant le suivi par satellite, en ajoutant ce sujet aux discussions internationales : jusque-là, les aérosols ne faisaient pas partie des sujets abordés lors des COP. Presque aucun pays ne les mentionne dans ses engagements officiels pour l’Accord de Paris…
2 réponses
Faut-il en rire ou en pleurer ?
EFFECTIVEMENT !!!!!!!!!!