(par Philbert Carbon dans IREF du
Pour TotalEnergies, le doute n’est pas permis : la consommation de pétrole va continuer à augmenter au moins jusqu’en 2035. Pourquoi ? Parce que la demande d’énergie va continuer à croître, surtout dans les pays en développement, et que parallèlement l’électrification est freinée par l’insuffisance des investissements dans les réseaux et la faible demande pour les voitures électriques.
TotalEnergies rappelle au passage aux doux rêveurs que
« pour impulser les changements dans les systèmes énergétiques, il faut des durées extrêmement longues, de l’ordre de 15 à 40 ans ».
Le groupe pétrolier, qui a fait plusieurs scénarios, voit donc la demande de pétrole s’établir entre 44 et 90 millions de barils par jour en 2050. Pour mémoire, l’Opep prévoyait 104 millions de barils consommés quotidiennement en 2024. Par ailleurs, TotalEnergies s’attend à une hausse de la demande de gaz au moins jusqu’en 2030, et plus vraisemblablement jusqu’en 2040.
Que doit faire TotalEnergies face à ces scénarios ? Continuer à tout miser sur les énergies renouvelables et laisser ses concurrents prendre sa place sur les marchés pétrolier et gazier ? Ou continuer à investir dans son métier historique ?
Patrick Pouyanné, le président du groupe, a choisi de continuer à investir.
Le problème est que les banques européennes, y compris les françaises, ne veulent plus lui prêter de l’argent. Ainsi, pour le projet Tilenga de forage en Ouganda puis de transport par pipeline jusqu’en Tanzanie (1 443 km), qui nécessite 10 à 15 milliards de dollars d’investissements, le groupe français peine à trouver des partenaires. Par exemple BNP Paribas et Société générale ne veulent pas s’y impliquer, contraintes par la réglementation sur la finance durable et la taxonomie verte européenne.
Il faut dire que BNP Paribas s’est engagée à réduire de 10% son exposition à l’exploration et la production de pétrole et de gaz d’ici 2025 et que la Société Générale dit vouloir réduire la sienne de 50% d’ici 2025 et de 80 % à l’horizon 2030.
TotalEnergies se tourne donc vers les banques chinoises, très présentes en Afrique, pour financer ce projet. Le groupe a déjà annoncé vouloir faire de la place de New-York celle de sa cotation principale (en remplacement de Paris) parce que les investisseurs américains sont en passe de devenir majoritaires à son capital (en lieu et place des Européens).
Voilà comment un fleuron de l’industrie française en vient, sous l’impulsion de la réglementation verte européenne, à se tourner vers les investisseurs américains et les banques chinoises pour continuer à faire son métier.
Que les politiques ne viennent pas pleurer quand il transfèrera son siège hors de France.
3 réponses
Dans un siècle, quand les historiens se pencheront sur notre Histoire, on se demandera comment les Européens ont pû être stupides à ce point 😥
Pas la peine d’attendre un siècle!
Le totalitarisme vert, comme le totalitarisme rouge ou brun à leur époque, avance en se cachant. Ca va nous péter à la gueule un jour et ce n’est pas si loin que ça…