Les incendies de Los Angeles, produits du dérèglement climatique ? Voilà les éléments factuels qui prouvent que c’est très largement faux !

Les incendies actuels de Los Angeles sont parfois exclusivement imputés au changement climatique, délaissant des causes plus locales (humaines, structurelles, etc.). Cela revient-il à nier (ou amoindrir) les autres causes d’incendies ?

« Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde », disait Camus,

mais surtout, cela n’apporte jamais de solution. Il faut savoir rester calme devant les catastrophes plutôt que de lancer des analyses hâtives. Il est primordial de se concentrer d’abord sur la résolution du problème ; ce n’est pas le moment de poursuivre une idéologie verte.

Lors de la catastrophe à Mayotte, le changement climatique a immédiatement été mis en cause. On s’est ensuite rendu compte que la pauvreté était la principale raison de l’ampleur du désastre. Lorsqu’il y a eu les inondations à Valence en octobre dernier, la présidente de la Commission s’était empressée d’accuser le changement climatique le jour même, sans consulter son personnel qualifié. Il s’avère qu’il s’agit de catastrophes récurrentes très bien documentées dans la région, survenant au rythme de quatre par siècle. À la suite des conséquences désastreuses de la crue du Turia en 1957, le fleuve a été dévié au moyen d’un canal artificiel au sud de la ville, mais l’étalement urbain fait que celui-ci passe toujours en son sein. Pour les lecteurs qui souhaitent connaître les détails, je les invite à lire (en français) l’analyse d’un géologue de Valence.

Il est aisé et populaire d’accuser le réchauffement climatique et d’oublier les autres causes. En Californie, les incendies sont fréquents, de même que les sécheresses et inondations, bien avant que l’on ne pense à accuser le CO₂ de tous les maux. Le nom de l’État vient d’ailleurs de là : California dérive de l’espagnol et signifie un endroit aussi chaud qu’un four.

Il existe de nombreux livres qui documentent les inondations et les canicules en Californie, notamment un de 1931 qui remonte jusqu’aux années 1769. En 1796, un moine du monastère de San Gabriel décrit qu’il a fallu évacuer les néophytes pendant plusieurs mois dans les montagnes. On sait très bien qu’il y a eu des incendies terribles en Californie depuis toujours. Pourquoi vouloir forcément accuser l’activité humaine à Paris ou ailleurs dans le monde, pourquoi accuser l’automobile ? Tout cela n’a rien à voir avec ce terrible incendie à Los Angeles.

Quels seraient les risques d’un discours omettant les autres causes des incendies, notamment dans le cadre de la lutte et de la prévention contre les incendies ?

Il n’y a pas de risque direct puisque les pompiers ne s’embarrassent pas de l’idéologie des écologistes californiens. Ils font leur devoir avec beaucoup de mérite et de dévouement, en risquant leur vie.

Mais indirectement, le dommage est la poursuite du matraquage climatique qui dure depuis un quart de siècle maintenant. Cela ne change rien aux incendies, aux dégâts ou au travail des pompiers. Mais puisque tout est toujours attribué au changement climatique, qu’il fasse chaud, qu’il neige, ou qu’il pleuve, cela diffuse un message anxiogène qui vise à changer le modèle de société occidentale et conduire à la décroissance.

Indirectement, cela a aussi un impact sur les mesures préventives pour éviter que cela arrive. Puisque l’origine de tous les maux est le changement climatique provoqué par l’homme, la priorité des écologistes californiens est de promouvoir les énergies renouvelables et la voiture électrique ; en conséquence, les budgets sont attribués en priorité à ces mesures vertes et l’on réduit les dépenses de protection de l’environnement. C’est ce qui s’est passé en Californie, l’État emblématique de l’écologie. Par exemple, le gouverneur californien, monsieur Gavin Newsom, a limité le stockage de l’eau dans les bassins historiques, sous prétexte qu’il faut envoyer de l’eau dans l’océan Pacifique pour préserver les poissons. Rendez-vous compte de l’absurdité ! Il s’agit là d’une écologie extrême, qui prive les pompiers d’eau pour travailler.

Il y a ensuite l’interdiction du nettoyage des forêts pour qu’elles restent naturelles. Autrefois, les gens ramassaient du bois pour se chauffer, ce qui participait au nettoyage des forêts. Sans cela, on se retrouve avec des matières fortement inflammables sur le sol qui, à la moindre étincelle, s’enflamment.

Une autre erreur, humaine cette fois – et sans lien avec l’écologie : ils n’ont pas coupé l’électricité. Cela a permis l’apparition d’étincelles qui favorisent l’apparition de nouveaux foyers d’incendie.

Cette simplification à l’extrême de l’incendie de Los Angeles à son seul facteur écologique sans égard pour les facteurs humains, structurels et politiques locaux peut-elle impacter la compréhension globale des incendies, leurs causes et conséquences, par les lecteurs/le public ?

Je pense, hélas, que oui. Les gens sont impressionnés par les images qu’ils voient de ces catastrophes et comprennent qu’il se passe quelque chose d’horrible. Ces personnes n’ont pas forcément de connaissances sur le sujet, ce qui est logique, on ne peut avoir de connaissances sur tout. Ils croient donc ce que leur disent les médias, sans forcément se renseigner davantage sur le sujet. Mais à force de crier au loup, et qu’il ne soit pas là, les citoyens finissent par ne plus y croire. De plus, depuis la conférence de Rio en 1992, les émissions de gaz à effet de serre ont augmenté d’environ 65 %, alors que la convention des Nations Unies prévoyait qu’il fallait les réduire. Finalement, à force de ne pas tenir les promesses et les engagements, une part de plus en plus importante de la population n’y croit plus. Pour une raison toute simple : il faut vivre, donc travailler, donc consommer de l’énergie, c’est l’impitoyable loi de la physique. Or, 83 % de celle-ci, dans le monde, est émettrice de CO₂. Depuis 50 ans que l’on parle de nouvelles énergies renouvelables, elles en sont toujours à moins de 5 % tant dans l’Union européenne que dans le monde. On continuera encore pendant longtemps à émettre des émissions de CO₂, n’en déplaise aux écologistes californiens.

Accuser le climat et faire croire aux gens que les incendies ou les inondations n’existaient pas avant est non seulement mensonger, mais cela conduit aussi à ne pas prendre les mesures qui s’imposent. Lorsqu’en 1957 à Valence ils ont décidé de détourner le fleuve Turia, il n’était pas question de changement climatique, mais pour éviter la répétition de l’inondation, il fallait bien agir. Aujourd’hui, il faut agir pour éviter la répétition de catastrophes, car elles sont dues à des phénomènes naturels qui, eux, ne disparaîtront pas. Notons d’ailleurs que c’est une des injonctions de la convention sur le changement climatique dont on vient de parler, qui demande aux États de prendre des mesures d’adaptation au changement climatique, c’est-à-dire aux phénomènes naturels. Rouler en voiture électrique ne contribue en rien à cette adaptation. À Los Angeles comme à Paris, les pouvoirs publics doivent prendre des mesures et éduquer la population pour être résilients face à ces phénomènes naturels.

Autre point important : les Américains ont la fâcheuse habitude de construire en bois. Des immeubles construits en dur n’auraient pas autant brûlé, limitant ainsi la propagation de l’incendie. Il en va de même en Floride ou en Caroline du Sud, où les tornades font voler les maisons. Historiquement, ils n’avaient pas de béton, mais du bois à profusion. C’était il y a 4 siècles. Comment un pays aussi développé peut-il continuer à construire en bois dans des zones aussi dangereuses ? On peut faire cela chez nous où il n’y a pas ces aléas climatiques, mais là où chaque année les phénomènes se répètent, il est quand même étrange qu’ils ne veuillent pas construire en dur comme en Europe. Il en va de même à Mayotte avec les maisons en tôle des bidonvilles.

Au vu de l’enquête – et suivant son état d’avancement –, quelles sont les causes des difficultés que rencontrent les pompiers pour gérer les incendies de Los Angeles ? Sont-elles crédibles ?

Un manque d’eau, principalement. Préventivement, des bassins sont remplis pour que les pompiers disposent de suffisamment d’eau. Ce ne fut pas le cas ici, pour préserver la biodiversité. C’est, forcément, un problème. Il faut aussi mentionner les coupes budgétaires qu’ont subies les pompiers sur l’année fiscale 2024-2025 : 17,6 millions en moins pour la seule ville de Los Angeles, environ 100 millions à l’échelle de l’État. Il n’est donc pas étonnant qu’il soit plus compliqué d’éteindre les incendies. Enfin, il faut parler de l’entretien des forêts, interdit en Californie et pourtant indispensable.

Le 8 novembre 2018 a eu lieu le terrible incendie de « Camp Fire » qui a causé 85 morts et près de 19 000 bâtiments détruits, dont la quasi-totalité de la ville de Paradise. On avait accusé le changement climatique comme d’habitude. L’enquête a révélé que l’incendie avait été déclenché par une ligne de transmission électrique défectueuse appartenant à Pacific Gas & Electric (PG&E) qui a reconnu sa responsabilité dans le déclenchement de l’incendie. PG&E a dû déclarer faillite en janvier 2019 en raison des énormes responsabilités financières liées à cet incendie et elle a accepté de payer 13,5 milliards de dollars aux victimes de l’incendie dans le cadre d’un accord.

Il est temps que le discours sur le changement climatique cesse parce que l’imposition des mesures coercitives pour s’y opposer n’apporte que décroissance, hausse des prix et perte de compétitivité comme l’a souligné le rapport de Draghi.

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