Atlantico : Quelles ont été les principales étapes du transfert des décisions énergétiques du ministère de l’Industrie vers celui de l’Environnement ?
Philippe Charlez : Avant la prise de conscience climatique, l’autorité de tutelle de l’Energie était le ministère de l’Industrie. En d’autres termes, les piliers économique et sociétal l’emportaient largement sur le pilier environnemental. Pour donner davantage de poids aux politiques environnementales, la plupart des pays européens ont alors souhaité rapprocher énergie et environnement. Le grand tournant se situe en 2007. Après le « Grenelle de l’Environnement », Nicolas Sarkozy avait créé un grand ministère de l’Environnement et du Développement Durable incluant énergie et environnement mais aussi aménagement du territoire, logement, transports, mer et négociations climatiques. On attendait de ce mariage des progrès rapides en termes d’isolation des bâtiments, d’amélioration de l’efficacité énergétique dans les transports et de mise en œuvre des énergies renouvelables. Pourtant, il est rapidement apparu que ce rapprochement était un peu « l’impossible mariage de la carpe et du lapin » inversant la tendance précédente en hypertrophiant cette fois le pilier environnemental. Privilégiant le récit et l’incantation aux réalités économiques et sociétales, il a renforcé l’influence des associations écologiques au détriment des acteurs industriels et conduit à des politiques plus « militantes » que « rationnelles ». Le nucléaire a notamment été la grande victime de ce choix. En nommant Nicolas Hulot comme Ministre d’Etat au début de son premier quinquennat, Emmanuel Macron s’est inscrit dans la continuité de ses prédécesseurs. Puis progressivement, le mouvement des Gilets Jaunes mais surtout les crises énergétiques de 2021 et Russo Ukrainienne de 2022 ont profondément changé la donne. Le retour de l’énergie à l’économie sous le mandat de Gabriel Attal était une bonne nouvelle. Depuis la dissolution de Juin 2024, l’exécutif joue au yoyo : l’Energie était retournée sous la tutelle de l’Ecologie dans le gouvernement Barnier puis est repassée à nouveau à l’Economie dans le gouvernement Bayrou
Paul de Breteuil : Historiquement, la politique énergétique française était sous la tutelle du ministère de l’Industrie. Cependant, avec la montée des préoccupations environnementales, ces compétences ont progressivement été transférées vers le ministère de l’Environnement. En 2008, la Direction générale de l’Énergie et des Matières premières (DGEMP), initialement rattachée au ministère de l’Industrie, est devenue la Direction générale de l’Énergie et du Climat (DGEC) et a été intégrée au ministère de l’Écologie. Façon d’harmoniser les politiques énergétiques avec les objectifs environnementaux, mais qui illustre aussi un rapport de force qui n’a cessé d’évoluer. La situation actuelle est à ce titre très parlante, car depuis janvier 2024, la DGEC est placée sous l’autorité conjointe du ministère de l’Économie et des Finances et du ministère de la Transition écologique. Nul doute qu’il existe une forme de rivalité entre Bercy et l’hôtel de Roquelaure. Une rivalité magnifiquement documentée dans le livre de Justine Reix consacré au ministère de l’écologie.
Samuel Furfari : Lorsque j’ai rejoint la Commission européenne en 1982, au sein de la Direction générale de l’énergie, celle de l’environnement occupait alors le dernier étage de notre bâtiment, car elle était relativement modeste. Au fil des décennies, elle a connu une expansion considérable, devenant l’une des plus grandes entités de la Commission. Cette croissance a été accompagnée par la création d’une nouvelle entité dédiée : la Direction générale du climat.
Il est indéniable que la protection de l’environnement constitue un impératif fondamental. Toutefois, il est surprenant et préoccupant de constater que cette priorité semble être devenue la raison d’être principale des administrations européennes, mais aussi de nombre d’États membres, particulièrement en France. Bien que ces dernières aient un rôle légitime à jouer dans la gouvernance, il n’est pas justifié de soumettre l’ensemble des politiques et des priorités à une vision exclusivement environnementale. Cette évolution constitue une dérive majeure observée au cours des quinze dernières années.
Les conséquences de cette orientation sont particulièrement visibles aujourd’hui, notamment dans le domaine industriel. En plaçant les enjeux écologiques au cœur de toutes les décisions, sans considération suffisante pour les impératifs économiques et industriels, cette approche a contribué à affaiblir nos capacités industrielles. Ce déséquilibre entre écologisme et développement économique illustre une gestion inadéquate des priorités stratégiques européennes, avec des effets délétères évidents sur la compétitivité et la souveraineté industrielle du continent.
L’application du principe de précaution soumet aujourd’hui toute initiative au nom de l’écologisme. Pour sortir de cette impasse, il est indispensable d’abandonner ce principe qui asservit tout à une doctrine verte paralysante. Avec d’autres, nous avons plaidé pour mettre fin à ce handicap. Jacques Chirac, en inscrivant ce principe dans la Charte de l’environnement, a commis une erreur stratégique majeure.
Augustin Augier, fils de Marielle de Sarnez et ancien délégué général des Ecologistes, est pressenti pour prendre la tête du secrétariat général à la planification écologique. Quels critères déterminent aujourd’hui les nominations aux postes stratégiques liés à la transition écologique, et dans quelle mesure sont-elles influencées par des considérations idéologiques ?
Paul de Breteuil : Prenons l’exemple de Nicolas Hulot et d’Agnès Pannier-Runacher. L’une est l’actuelle ministre de la transition écologique, l’autre l’a été. La première citée a été vivement critiquée en raison de sa faible expérience sur les sujets écologiques, ou encore pour des potentiels conflits d’intérêt avec la société Perenco. Là où à ses débuts, un Nicolas Hulot faisait la quasi unanimité. Résultat des opérations, l’un a démissionné, et l’autre, qu’on ait mille et une bonnes raisons de ne pas l’aimer, se distingue par son opiniâtreté dans ses fonctions. Car tout en défendant les énergies renouvelables, Agnès Pannier Runacher s’est aussi beaucoup battue pour le nucléaire au niveau européen. Morale de l’histoire : une personne nommée à un poste clé de la transition écologique doit pouvoir être jugée sur pièce. D’où le rôle important de nos médias de contrôler ce qui pourrait relever dans un cas d’une nomination au copinage, ou dans un autre d’une incompétence constatée.
Samuel Furfari : La doctrine écologique a progressivement envahi tous les espaces décisionnels au sein de la Commission, rendant toute divergence d’opinion quasiment impossible. Cette infiltration s’est opérée de manière systématique, notamment par un processus de cooptation, consolidant un consensus idéologique autour des politiques vertes.
Un exemple frappant de cette dynamique est la nomination de Diederik Samsom, ancien militant actif de Greenpeace, au poste de chef de cabinet du vice-président de la Commission précédente, Frans Timmermans. Ce dernier était chargé du climat et a joué un rôle clé dans la mise en œuvre du Pacte vert européen.
Par ailleurs, les nouvelles générations, marquées par l’effondrement des grandes idéologies et des valeurs traditionnelles, ont développé une sensibilité écologique accrue, renforçant ainsi cette orientation dominante. Ce contexte illustre une transformation profonde des priorités institutionnelles, souvent au détriment d’une approche plus équilibrée entre écologie et développement économique et créateur d’emplois.
Résidant dans une commune située à la périphérie de Bruxelles, j’ai constaté un changement politique significatif lors des élections d’octobre dernier, où les écologistes ont été relégués dans l’opposition. Cependant, malgré ce revers électoral, leur influence semble perdurer à travers les fonctionnaires qu’ils avaient placés au sein de l’administration municipale. Aujourd’hui, j’ai appris que dans mon quartier, ces fonctionnaires ont décidé de démolir une grande partie du béton de la rue située en face de chez moi afin d’y installer un vaste bac à fleurs.
Cette initiative illustre bien la persistance d’une vision idéologique qui, même après un changement de majorité politique, continue d’orienter les décisions locales.
En quoi l’invitation de mouvements radicaux comme Les Soulèvements de la Terre dans des événements institutionnels traduit-elle une légitimation de leurs actions ?
Philippe Charlez : Les lobbies et groupes de pression écologiques d’extrême gauche restent très influents à la fois dans les médias, la politique, les universités et même l’industrie. Il existe à la fois une grande perméabilité entre les différentes institutions et une circulation en circuit fermé. Leur stratégie est certes guidée par l’idéologie mais aussi par des considérations économiques et financières. Ainsi retrouve-t-on d’anciens leaders militants comme députés européens (i.e. Pascal Canfin est ancien numéro 1 de WWF France) ou d’anciens ministres comme patrons d’ONG très marquées à gauche (i.e. Cécile Duflot ancienne ministre de l’Environnement est aujourd’hui la directrice d’OXFAM France) ou encore l’ancienne ministre de l’Energie Emmanuelle Wargon nommée après son Mandat directrice de la Commission de Régulation de l’Energie. Il n’est pas rare de trouver des directeurs d’ONG membre de conseils d’administration de sociétés produisant des éoliennes ou des panneaux solaires. Quant à certains membres du GIEC comme François Gemenne (membre d’EELV) ou Julia Steinberger (Suisse Décroissance) ils sont souvent associés de près à des partis politiques très marqués à Gauche.
L’Ecologie ayant toujours été délaissée par la Droite elle est depuis toujours dominée par la Gauche voire l’Extrême Gauche. De nombreux mouvements pseudo-écologistes sont en fait d’abord et avant tout des mouvements décroissants instrumentalisant l’écologie à des fins anticapitalistes. Le climat est sur ce point un outil redoutable : partant d’un soi-disant consensus, en jouant sur les peurs et le catastrophisme, des associations comme les Soulèvements de la Terre ou Extinction Rebellion nous somment de choisir entre société de croissance et fin du monde. Une méthode plus qu’efficace pour actionner un marxisme a-productiviste.
Paul de Breteuil : Inviter les Soulèvements de la Terre était d’autant plus malvenu que le mouvement s’est rendu coupable de violences et de sabotages parfois incompréhensibles. En mars 2023, après les manifestations à Sainte-Soline, les agriculteurs ont été témoins de nombreuses dégradations qui ne semblaient pas être directement liées aux revendications principales : piétinement des cultures, sabotages, détérioration des routes, incendies, violences… Un scénario similaire s’est reproduit en juin 2023 lors d’une marche dénonçant l’utilisation intensive de sable dans l’agriculture et l’industrialisation agricole. Les manifestants ont détruit des serres qui étaient, paradoxalement, utilisées pour mener des expérimentations visant à améliorer la durabilité de l’agriculture. On a connu des modes de contestation plus légitimes, alors de là à les inviter…
Samuel Furfari : Dans un article récent intitulé Endogamie, j’ai analysé un mécanisme pernicieux par lequel des ONG écologistes ont réussi à prendre le contrôle de nombre d’actions de la Commission. Ces ONG, bien qu’ayant un rôle légitime dans la défense de causes environnementales, perdent leur crédibilité lorsque leur financement provient directement ou indirectement des pouvoirs publics.
Un exemple révélateur est le programme LIFE, par lequel la Commission a accordé des subventions à des ONG écologistes, parfois assorties de clauses exigeant qu’elles fassent pression sur les eurodéputés pour soutenir le Pacte vert européen. Cette pratique a été dénoncée comme un « système de lobbying fantôme » par certains députés européens, mettant en lumière une forme d’ingérence dans le processus démocratique. Cette indignation semble s’être rapidement dissipée puisqu’on n’en parle plus.
Si les citoyens souhaitent défendre une cause, il est essentiel qu’ils en assurent eux-mêmes le financement au lieu de s’en remettre aux fonds publics. Ce détournement des ressources publiques pour soutenir une idéologie spécifique ne fait que renforcer, hélas, la méfiance envers les institutions européennes dont nous avons pourtant besoin.
Ce n’est pas propre aux institutions européennes, car cela se retrouve à tous les niveaux des États membres
La France compromet-elle son indépendance énergétique et sa souveraineté industrielle en privilégiant certaines orientations écologiques au détriment d’un mix énergétique pragmatique ?
Philippe Charlez : Clairement et cela depuis près de 25 ans. En 2017, le gouvernement Jospin s’était compromis en s’associant avec les écologistes de Dominique Voynet. Le marché de bas étage était l’arrêt de Superphénix. En 2012 nouveau deal entre François Hollande et les écologistes de Cécile Duflot : interdiction définitive des gaz de schistes, arrêts d’Astrid et de Fessenheim. En 2017 deal entre Emmanuel Macron et Nicolas Hulot et interdiction définitive de toute nouvelle exploitation pétrolière et gazière sur tout le territoire notamment en Guyane dont le sous-sol recèle pourtant d’importantes ressources pétrolières. Les écologistes ont aussi joué un rôle déterminant à Bruxelles pour exclure dans un premier temps le nucléaire et le gaz de la taxonomie européenne puis pour durcir le Pacte Vert en imposant la norme des 55% et l’arrêt des ventes de voitures thermiques en 2035 (règle proposée par le député Marconiste Pascal Canfin). Pour faire passer leur Pacte Vert, les autorités européennes ont même rétribué des ONG peu scrupuleuse pour faire du lobbying auprès de députés récalcitrants. La France n’est pas le seul pays dont le mix énergétique a été détérioré par l’idéologie verte : l’Energiewende allemand est une réelle catastrophe tandis que la Belgique s’enfonce dans l’inconnu en arrêtant son nucléaire. Toutes ces compromissions de bas étage sont admirablement décrites dans l’ouvrage « les Illusionnistes » des journalistes Géraldine Woessner et Erwan Seznec.
Paul de Breteuil : De graves fautes ont été commises en matière de mix énergétique. Bien sûr avec cette funeste loi de 2015 qui visait à réduire à 50% la part du nucléaire dans le mix électrique. Un cadeau de François Hollande à EELV. Deuxième faute, celle d’avoir opposé trop facilement les énergies entre elles. En réalité, nous avons besoin de toutes les énergies décarbonées. Plus de nucléaire bien sûr, en espérant accélérer pour que la promesse des 14 nouveaux EPR ne soient pas lettre morte. Mais aussi plus de renouvelable. Car si nous voulons plus de souveraineté, il nous faudra réduire notre dépendance aux hydrocarbures. Ce qui implique une électrification massive des usages. Toutes les sources renouvelables seront donc bonnes à prendre, pourvu qu’elles reflètent bien les besoins des territoires.
Samuel Furfari : Il est désormais impossible de dissimuler les conséquences du Green Deal, visibles dans tous les États membres de l’UE et à l’échelle de l’ensemble de l’Union. Ce programme, conçu pour atteindre la neutralité carbone, a conduit à une destruction systématique des fleurons industriels européens, notamment dans les secteurs automobile et chimique. L’industrie automobile, autrefois enviée par le monde entier pour son excellence, est aujourd’hui en crise, fragilisée par des législations contraignantes, des objectifs écologiques irréalistes et une transition précipitée vers les véhicules électriques.
L’industrie chimique, bien que moins médiatisée, subit également les effets de cette politique. Essentielle à de nombreuses chaînes de valeur, elle est mise en difficulté par des réglementations punitives et un cadre législatif peu favorable à son développement et un prix de l’énergie sans commune mesure avec nos concurrents. L’UE qui exportait des molécules doit à présent en importer. Ces contraintes ont entraîné une perte de compétitivité qui affecte l’ensemble du tissu industriel européen.
Le rapport présenté par Mario Draghi en septembre dernier sur la compétitivité européenne met en lumière ces problématiques. Bien qu’il pose un regard lucide sur la situation déplorable, il n’ose pas remettre en question les fondements du Green Deal. Ce silence sur la nécessité d’un rééquilibrage entre objectifs écologiques et compétitivité industrielle illustre le poids idéologique qui prévaut partout dans l’UE et ses États membres.
Face à ce constat, il devient urgent de repenser les priorités de l’Union afin de restaurer la compétitivité industrielle tout en adoptant une transition écologique réaliste et équilibrée.
Quelles seraient les pistes pour garantir un équilibre entre impératifs écologiques et décisions stratégiques fondées sur l’intérêt national plutôt que sur des pressions militantes ?
Philippe Charlez : Comme souvent, la réalité des faits est en train de s’imposer d’elle-même. Les crises successives notamment de 2021 et 2022 ont imposé au Président un virage à 180° qui s’est matérialisé lors du discours de Belfort : retour assumé vers le nucléaire. Tous les Partis Ecologistes européens sont en totale déroute (France, Belgique, Allemagne, Pays-Bas, Italie) et plus aucun n’est au pouvoir. Dix ans après l’Accord de Paris, le monde continue d’accroitre ses émissions et de consommer toujours plus de gaz, de pétrole et de charbon. Développement des pays émergents portant 90% de la démographie mondiale, fin du multilatéralisme et nouvelle logique de Blocs portée par Trump, Poutine et Xi Jinping, les raisons en sont multifactorielles. La transition énergétique est quant à elle un malade en phase terminale. Avec de trop faibles retours sur investissement (<5%) le business vert qui nous avait promis croissance et dizaines de millions d’emplois est aujourd’hui sous complète perfusion publique d’Etats surendettés. Les grands projets européens comme la sidérurgie à l’hydrogène, l’avion au H2 ou l’airbus des batteries sont suspendus ou arrêtés. Les grands fonds d’investissements (i.e. Black Rocks) se retirent des fonds verts tandis que les grands énergéticiens (Shell, BP) sous la pression de leurs actionnaires quittent le navire des renouvelables et réinvestissent massivement dans le pétrole et le gaz qui fournissent des retours sur investissement supérieurs à 20%. La volonté de l’Europe de se réarmer pourrait être le coup fatal : jamais un Rafale ou un char d’assaut ne fonctionnera à l’électricité verte !
Mais comme souvent, entre la prise de conscience et le changement réel il peut se passer beaucoup de temps. On savait depuis l’Après-Guerre que le marxisme n’était pas viable. Pourtant le Mur de Berlin aura mis 50 ans pour s’effondrer. Défiant la réalité, les pressions militantes restent très fortes à tous les niveaux. L’arrêt récent des travaux de l’autoroute A69 en est une preuve tangible.
Paul de Breteuil : Laisser plus d’autonomies aux territoires, c’est sûrement une des meilleures manières de s’écarter du militantisme idéologique. Au niveau des communes, j’ai pu constater qu’un grand nombre d’initiatives d’intérêt écologique sont mises en place, et quel que soit le bord politique : projets d’autoconsommation, de borne électrique partagée, de tiers lieu, de réhabilitation patrimoniale, tout cela en favorisant la participation locale. Rien de mieux que de se confronter au terrain avant de vouloir changer d’échelle.
Samuel Furfari : À votre première question, j’ai répondu qu’il est essentiel de protéger l’environnement, ce qui relève d’une évidence incontestable. Cependant, nous sommes allés trop loin en soumettant l’ensemble de nos politiques, et pas seulement celles liées à l’énergie — pensez notamment aux transports —, à une doctrine verte rigide et omniprésente. Cette approche idéologique a engendré des conséquences néfastes pour notre compétitivité industrielle et notre capacité à jouer un rôle de premier plan sur la scène mondiale.
Si nous souhaitons redresser la situation et permettre à l’UE de retrouver sa place dans la géopolitique, il est impératif de reconquérir notre compétitivité industrielle. Cela passe par une confiance renouvelée dans la recherche et le développement, qui sont les véritables moteurs d’innovations capables d’améliorer notre environnement sans recourir à une écologie punitive et surtout à une diminution du prix de l’énergie. Une telle stratégie permettrait d’allier progrès économique et protection de l’environnement de manière pragmatique et durable.
En conséquence, il devient évident que pour atteindre cet équilibre, il est nécessaire de supprimer le Green Deal dans sa forme actuelle ; il n’est pas réformable comme tente de le faire la Commission. En imposant des contraintes excessives et irréalistes, a davantage nui à nos industries qu’il n’a contribué à une transition écologique efficace.
L’UE semble s’engager dans une voie paradoxale en matière de défense et d’énergie. Les opérations militaires, présentes et futures, nécessitent des quantités considérables d’énergie pour garantir leur efficacité. Or, pour rester compétitive sur la scène internationale et pour faire fonctionner les armées, cette énergie doit être abondante et bon marché, ce qui implique inévitablement un recours aux énergies fossiles, comme le font les autres nations. En effet, les véhicules terrestres de tout genre, les avions, les drones et les navires militaires dépendent presque exclusivement de carburants fossiles pour leur fonctionnement. Ni les panneaux solaires ni les éoliennes ne peuvent répondre aux besoins des armées.
Si l’UE ambitionne réellement de se réarmer dans un contexte géopolitique instable, elle devra reconnaître l’incompatibilité des énergies renouvelables avec les exigences opérationnelles des forces armées. Le Green Deal, en imposant des objectifs écologiques irréalistes et des contraintes réglementaires excessives, compromet la capacité de l’Union à développer une défense efficace. Cette contradiction est d’autant plus flagrante que le secteur militaire est l’un des plus énergivores.
Dans ce contexte, « Rearm, baby rearm » pourrait offrir une justification stratégique pour oser supprimer le Green Deal et nous aussi dire « Drill, baby drill ». Une transition énergétique réaliste, qui repose sur une combinaison pragmatique d’énergies fossiles et de nouvelles technologies, est indispensable pour garantir à la fois la sécurité énergétique et la compétitivité militaire de l’UE.
Entretiens conduits par Céline Bukin
5 réponses
Le Pacte vert destiné à atteindre la neutralité carbone n’a aucun sens dès lors qu’ajouter du CO2 dans l’atmosphère n’augmente plus la température de cette dernière. Ce n’est qu’un alibi agité par les euro-fédéralistes pour arriver à leur fin.
@Zagros , arrêtez votre négationisme , cela fait du tord aux blogs sceptiques où vous intervenez , sinon retournez sur Vénus
Et vous, vous avez le tort (avec un t) de me gratifier de vos qualificatifs douteux et de vos exhortations pour le moins inélégantes.
Pour votre gouverne, je ne nie pas que l’homme ne soit pas pour quelque chose dans le réchauffement (déforestation, urbanisation…), mais je défends que les forces naturelles sont dominantes (cycles solaires, orbite terrestre, albédo…).
Je ne sais pas si « négationniste » est le terme qui convient … mais je crois aussi que vous devriez limiter le nombre de vos interventions, à moins que vous n’ayez quelque chose de nouveau à nous dire. Vous n’avez pas besoin de nous répéter plusieurs fois par jour que vous ne croyez pas au réchauffement anthropique et au rôle du CO2, tout le monde est maintenant au courant !
Papijo
Je me réfère aux études montrant qu’un doublement du CO2 atmosphérique, par exemple à 800 ppm, n’augmente nullement la température et ce, avec les propres outils du GIEC. J’ai écrit « ajouter du CO2 n’augmente plus », alors que le rôle du CO2 jusqu’à la concentration actuelle est avéré, mais peut-être ne me suis-je pas suffisamment bien expliqué, et je prie chacun de m’en excuser. Le curseur n’est ni à zéro ni à un, mais entre les deux.
Pour le reste je mets vos propos hâtifs sur le compte de votre juste intérêt sur le sujet.