Ah , … le paradis écologique ! 

Un article plein d’humour de Jean de Kervasdoué, auteur, avec Henri Voron, de « Les écolos nous mentent » – Albin Michel 2021

Hiver 2026

Les premières semaines du mois de février 2026 étaient aussi froides que celles de 2021, mais la comparaison s’arrêtait là, car en 2026 les appartements étaient glacials. La température moyenne descendait à 12°C en les calfeutrant, après les quelques heures de chauffage autorisées. Les tenues d’intérieur ressemblaient à celles du dix-huitième siècle. Les Français retrouvaient mitaines, bonnets et manteaux matelassés pour lire ou regarder leur ordinateur, jusqu’à ce qu’il s’éteigne, faute de capacité suffisante de la batterie.

La France avait élu en 2022 un président écologiste. Son programme de sortie du nucléaire était, quatre ans plus tard, en 2026 donc, bien avancé : la moitié des centrales avaient été fermées, la France avançait vers la sortie définitive en 2030, un des premiers engagements électoraux du candidat. Comme, cet hiver-là aussi, les panneaux solaires étaient couverts de neige, ils ne fonctionnaient plus le jour ; de surcroît, comme cela arrive en hiver, après les chutes de neige une haute pression était venue de Sibérie et couvrait l’Europe de l’ouest.

 Les éoliennes qui, en grand nombre, marquaient la campagne et les côtes françaises restaient obstinément immobiles, faute de vent.

Le métro ne marchait qu’aux heures de pointe quand on lui octroyait de manière préférentielle le courant des centrales nucléaires encore en état de marche et que nos voisins acceptaient de vendre à grand prix leur électricité.

À l’instar de 2021, dans la ville d’Amiens, les bus électriques généralisés dans toutes les villes de France depuis 2024 tombaient en panne. En effet, leur chauffage qui fonctionne avec un système de pompe à chaleur, n’arrivait pas à monter en puissance du fait du froid. Non seulement la température dans les bus ne dépassait pas les 10°C, mais le système de freinage qui fonctionne avec des bouteilles d’air, donnait des signes de défaillance. Les musées et les théâtres étaient désertés par les visiteurs et les comédiens rebutés par le froid polaire qui y régnait.

Au nom de la déforestation, Noël tristement sans sapin, fut aussi sans bûche autre que pâtissière, comme le reste de l’année. Il était désormais interdit de rejeter le gaz carbonique séquestré dans son bois. Les brigades écocides de la police nationale pourchassaient les délinquants. Le délit établi, promptement jugé, les coupables devaient se racheter en accomplissant des peines de travaux forcés dans les fermes écoresponsables du Larzac et de la Creuse. Pour les déviants qui gagnaient l’équivalent de plus 4000 euros par mois de 2021 (les riches), la peine se trouvait aggravée.

« L’équivalent » donc, parce que la France, contrainte de sortir de l’Euro depuis 2024, frappait de nouveau sa monnaie et était revenue au Franc. Les partenaires de la France avaient épuisé leur capital de confiance lorsque le débat avait porté sur le non-remboursement de la dette, in extremis reporté à plus tard. Non seulement la dette accumulée par la pandémie de la COVID avait continué à se creuser jusqu’en 2023 mais, comme l’avait suggéré la conférence citoyenne sur le climat de 2020, la durée du travail avait été fixée à 28 heures. De surcroît, reprenant les propositions de Yannick Jadot qui dataient de la campagne présidentielle de 2017, l’âge de la retraite, pour un nombre significatif de travailleurs, descendait à 55 ans et, pour faire bonne mesure, un revenu universel était versé à chaque Français le jour de sa naissance. En conséquence, étant tenue d’emprunter chaque mois à des taux beaucoup plus élevés que ses voisins européens, la charge de la dette était devenue de loin le premier poste des dépenses budgétaires et engloutissait la totalité de l’impôt sur le revenu.

Certes, depuis 2024, le nombre de naissances était tombé en chute libre, neuf mois après que le Parlement français, à l’instar de la Chine des décennies plus tôt, avait voté une loi « enfant unique » pour limiter les rejets de gaz à effet de serre qu’accompagne le passage sur Terre de tout être humain. Non seulement, toutes les aides sociales cessaient alors d’être versées à la naissance du deuxième enfant, mais les parents devaient payer une très lourde taxe et ne pouvaient plus inscrire leurs enfants dans les écoles publiques. Il faut dire que, de leur côté, les parents faisaient très attention, car le chômage s’étant fortement accru, les allocations étaient réduites à la portion congrue et la vie devenait chère.

Du fait du bannissement du moteur diesel, les grandes entreprises françaises de l’automobile avaient déplacé leur production en Afrique du nord et dans les pays de l’Europe de l’est. Il en fut de même d’Airbus, touché par la crise et particulièrement pénalisé en France. En effet, dès 2021, le Gouvernement avait interdit les liaisons aériennes intérieures entre deux villes quand elles étaient accessibles par train en moins de cinq heures. Comme la 5 G était également interdite en France, tous les chercheurs, tous les créateurs, tous les bureaux d’étude avaient déménagé. Non seulement l’emploi était rare, mais le coût de la vie avait fortement augmenté. L’inflation depuis la sortie de l’euro était à plus de deux chiffres.

L’alimentation devenait inabordable, car la France avait décidé d’interdire l’importation de tous les OGM, dont le soja.

Or, les volailles, les porcs et certains bovins requièrent pour leur alimentation un apport de protéines végétales.

Certes, il existe des alternatives agronomiques cultivables sous notre climat (pois, fèverole, lupin, colza, tournesol, lin …), mais à l’instar des betteraves en 2020, le rendement de toutes les cultures avait baissé de plus de 40% du fait de l’interdiction par le Gouvernement des « pesticides », autrement dit : les produits phytosanitaires.Il devenait alors difficile pour les cantines de respecter un vieil engagement des écologistes à savoir de s’approvisionner exclusivement chez les producteurs de « l’agriculture paysanne et écologique », tant leurs produits étaient onéreux. Le kilo de leur poulet ainsi produit était en effet quatre fois plus onéreux que celui que l’on pouvait importer de Pologne.

Au demeurant, les menus végétariens devenaient la règle, mais les familles et les enfants, comme au temps de Henri IV, demandaient du poulet au moins une fois par semaine.

Toujours du fait de l’interdiction des OGM, le coût des importations de coton (à 80% OGM) avait augmenté. La laine n’avait pas non plus une bonne presse, car l’on considérait que la tonte des moutons était une violence faite à ces pauvres bêtes couvertes d’une chaude toison. Une taxe « laine » avait été votée. Le marché noir se développait, comme d’ailleurs celui des tissus synthétiques fabriqués avec des dérivés du pétrole. Sur le dark web, on trouvait des patrons pour les tricoteuses anonymes qui se retrouvaient en secret après avoir laissé leur portable à la maison.

Le zéro pesticide avait aussi fait la joie des poux. Ils n’épargnaient plus les adultes. Les hommes se rasaient, les femmes les plus coquettes tentaient, sans succès, des décoctions à base de plantes et sur Internet on trouvait des « tutoriels » dont le fameux : « Comment mieux s’épouiller que les babouins ». La protection des insectes avait également permis l’expansion du moustique tigre et, avec lui, la diffusion du chikungunya, remonté à l’ouest et au nord des Alpes-Maritimes où il était jusqu’en 2020 cantonné.

Bien que l’on fût en hiver, beaucoup gardaient encore sur leur peau des traces de piqûres infectées, à force d’avoir été grattées.

Le Tour de France, banni de Lyon par son maire en 2020, avait vu cette interdiction s’étendre à la France. Il s’appelait désormais le « tour d’Allemagne », l’Espagne et l’Italie ayant déjà le leur. Il se déroulait toujours au cours du mois de juillet.

La Marseillaise, trop belliqueuse, avait été remplacée par un poème de Greta Grunberg avec pour fond sonore, une bande reproduisant des cris de dauphins et des champs d’oiseaux.

Mais heureusement, comme l’avait promis Yannick Jadot durant sa campagne de 2017, le cannabis était autorisé. Toutes ces difficultés se noyaient donc dans un brouillard psychédélique qui permettait d’attendre le printemps.

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