Eoliennes : quand le vert vire au rouge

Coût de construction qui explosent, durée de vie limitée, forte variabilité de production… Le financement de l’éolien vire au rouge. Pourtant, le discours écolo promeut son expansion sur terre et en mer. Qu’en est-il vraiment de l’énergie éolienne, aujourd’hui en France ?

« L’énergie est notre avenir, économisons-la ». Le slogan bien connu des Français sonne désormais sous le ton de l’urgence face à la crise énergétique qui promet un hiver difficile, alors que la moitié du parc nucléaire français est mis à l’arrêt pour maintenance. Comment comprendre les contradictions du discours pro-transition énergétique vers le 100% renouvelable ? Quelles en sont les limites ?

Puissance nominale et production réelle de l’éolien

18,7 gigawatts : c’est la capacité installée (soit la capacité maximale de production) de l’énergie éolienne actuelle dans notre pays. A titre de comparaison, celle du nucléaire français s’élève à 61,4 GW. Mardi 2 août, à 11 heures, selon le Réseau de transport d’électricité, 1,97 % de l’électricité disponible en France était produite par l’éolien (soit 1,01 GW sur 51,3 GW de production totale, toutes énergies confondues), utilisant donc 5,46% de la capacité installée de l’ensemble du parc éolien (sur terre et en mer). Au mois de juillet 2022, seulement 2,61% de l’électricité disponible en France était produite par l’éolien, soit 1,23 GW pour 47,0 GW. A titre de comparaison, en Grande-Bretagne, où le climat est plus propice, durant la même période, 23,74 % de l’électricité disponible était produite par l’éolien, soit 7,16 GW, pour une capacité installée du parc de 30,2 GW selon l’ENTSOE (Réseau européen des gestionnaires de réseau de transport d’électricité). Toujours d’après RTE, le taux de couverture moyen (c’est-à-dire le rapport entre la puissance produite et la consommation brute sur le territoire pour une période donnée) de l’éolien ne s’élevait en 2021 qu’à 7,7%.

Puisqu’il faut parfois enfoncer les portes ouvertes, les fervents défenseurs de l’éolien semblent souvent oublier la très forte variabilité de sa production : pour démarrer, « une éolienne nécessite une vitesse de vent minimale d’environ 15 km/h, explique EDF. Pour des questions de sécurité, l’éolienne s’arrête automatiquement de fonctionner lorsque le vent dépasse 90 km/h ». Du reste, ces chiffres obscures entraînent souvent une méprise quant à l’efficacité réelle de la production éolienne. Celle-ci naît souvent de la confusion entre mégawatts et mégawattheures. Le premier est l’unité de puissance qui correspond à la capacité de production d’une installation électrique, tandis que le second désigne la quantité d’énergie produite en une heure par un mégawatt. Ainsi, si une éolienne d’1 MW fonctionnait en permanence à pleine puissance, sa production annuelle serait de 8 760 MWh (soit 1 MW par heure pendant 365 jours). Ce n’est évidemment pas le cas, puisque RTE estimait en 2021 que le facteur de charge de l’éolien (exprimé en pourcentage, soit le ratio entre l’énergie produite et l’énergie qu’elle aurait pu produire pour une même période si elle avait fonctionné à plein régime) ne s’élevait qu’à 23 %. Le facteur de charge permet d’évaluer la rentabilité d’une installation électrique. A titre indicatif, celui du parc nucléaire s’élevait quant à lui à environ 75%.

Les comptes dans le rouge

Le coût de l’énergie verte, lui, fait rire jaune. Selon le rapport de la Cour des comptes concernant le soutien aux énergies renouvelables, 1 MWh d’énergie produite par l’éolien terrestre (coût complet, acheminement, entretien et démantèlement inclus) est estimé entre 65 et 74 €. Pour l’éolien en mer, le MWh est estimé entre 130 et 329 €, là où le coût moyen de l’électricité d’origine hydroélectrique fluctue entre 30 et 40 € le MWh pour les grandes installations au fil de l’eau. Le fonctionnement des éoliennes n’étant, en outre, pas pilotable, elles ne peuvent subvenir aux besoins d’énergie qu’en fonctionnant avec, en backup, des centrales à gaz ou à charbon. C’est le cas en Allemagne, qui possède pourtant le parc éolien le plus important d’Europe avec une puissance installée de 64,3 GW, mais dont la principale source d’énergie provient du charbon, pour une intensité carbone de 820 g. CO2 eq. / kWh, contre 11 pour l’éolien.

la filière éolienne doit son expansion aux engagements pris par l’État en matière de dispositifs de soutien aux énergies renouvelables financés au titre des charges de service public de l’énergie qui, avec le soutien à la cogénération au gaz naturel en métropole continentale, est compris entre 153 et 172 Md€ en fonction du scénario de prix de marché considéré. Les filières représentant le principal coût demeurent le photovoltaïque (60 à 64 Md€), l’éolien terrestre (entre 32 et 39 Md€) et l’éolien en mer (entre 23 et 27 Md€). Les financements proviennent en partie des recettes des taxes intérieures de consommation sur les produits énergétiques (TICPE).

Si l’on compte plus de 8000 éoliennes terrestres plantées dans nos campagnes, la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) du gouvernement prévoit déjà d’atteindre les 14 000 mâts d’ici 2028… Avant de s’atteler au démantèlement des parcs arrivés au terme de leur exploitation. Quelle gabegie !

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