(Philippe Thomazo dans Transitions et Energies du 10 septembre 2022)
Le géant russe du gaz a deux solutions techniques pour réduire sa production et limiter ses livraisons à l’EUrope: fermer les puits ou alors détruire la production excédentaire. Il a choisi la seconde solution qui peut lui permettre un jour de reprendre ses exportations.
Au sud-est de la Finlande, rien ne destinait la petite ville de Virohlati à la renommée mondiale qu’elle a acquis depuis le début de l’été. Rien si ce n’est sa situation, sur les bords de la mer Baltique, ultime commune européenne avant la Russie. Or à quelques kilomètres de la frontière se trouve la station de compression de Portovaya exploitée par Gazprom (voir la photographie ci-dessus). C’est cette proximité qui a permis aux habitants d’assister à un étrange spectacle qui a progressivement attiré l’attention du monde entier: une immense torche brûlant jour et nuit depuis plusieurs semaines sur les installations gazières.
Alors que les hydrocarbures sont la dernière martingale de l’économie russe et que depuis des mois est évoqué quotidiennement un risque de pénurie de gaz en Europe, cette décision de brûler des centaines de millions de mètres cubes de gaz naturel semble incompréhensible. Elle est pourtant parfaitement logique. Mais pour cela, il faut comprendre comment fonctionne l’exploitation de cette ressource fossile.
La pression éjecte automatiquement le gaz des puits
Tout d’abord, revenons à la base: le gisement de gaz naturel. Celui-ci, comme un gisement de pétrole, naît de milliers d’années de décompositions de déchets organiques (algues, plancton), dans des conditions de chaleur et de profondeur adéquates. Pour exploiter un gisement gazier, il faut effectuer un forage, vertical ou horizontal en creusant jusqu’à la bonne profondeur selon un angle étudié au préalable. Le puits ainsi créé est consolidé en le tubant grâce à du ciment.
On répétera cette opération autant de fois que nécessaire, l’exploitation des champs gaziers se caractérisant par une multitude de petits puits (plus de 9.000 dans l’ouest de la Russie rien que pour Gazprom) ayant une durée de vie relativement limitée de 15 à 20 ans avant de s’épuiser.
Dès lors, dans la plupart des cas, la pression dans le gisement fait que le gaz va jaillir de lui-même. Il va alors être acheminé soit par gazoduc en passant par une station de compression comme celle de Portovaya, soit être liquéfié dans des installations spéciales afin de pouvoir être transformé par méthaniers.
Un puit n’est pas un robinet que l’on ferme
Revenons à la situation européenne. En marge de l’invasion …