L’énergie, notamment l’électricité, est vitale ! 

Le président Macron a-t-il manqué à ses devoirs dans l’exercice de son mandat pour assurer à la France la fourniture vitale d’énergie bon marché, et notamment d’électricité ?

Que n’ont-ils pas encore compris ?

En 2019, le président Macron a décidé d’arrêter le projet de réacteur nucléaire de quatrième génération Astrid. Cette filière prometteuse permet pourtant d’utiliser 100 fois mieux le combustible uranium (donc 100 fois plus longtemps) pour produire une électricité souveraine, abondante, bon marché, et de mieux gérer les résidus nucléaires.

C’était aussi le cas des prototypes de réacteurs Phénix et Superphénix stoppés sous le gouvernement de Lionel Jospin.

De trahisons en enfumages, de bassesses en sombres marchandages politiques, il y en a des comptes à rendre aux Français… Mais les hommes politiques ne les rendront jamais car ils bénéficient de l’immunité de l’onction électorale. Et pour ne pas se suicider politiquement, ils ne reconnaîtront jamais leurs fautes !

Suite au choc pétrolier de 1973, Pierre Messmer, alors Premier ministre de Georges Pompidou, lance en 1974 son plan nucléaire consistant en la construction de 58 réacteurs nucléaires.

Jusqu’à 25 chantiers de construction de réacteurs nucléaires se déroulent en parallèle entre 1978 et 1983 et 13 réacteurs sont livrés en deux ans entre 1980 et 1982 !

Ce plan a permis à la France de produire plus de 70 % de son électricité bon marché pendant environ 40 ans grâce au nucléaire. Notre pays est ainsi devenu le champion mondial de l’énergie décarbonée, le premier exportateur européen d’électricité. Les Français ont ainsi été protégés des variations de prix des énergies fossiles qui produisaient peu d’électricité.

Un savoir-faire en berne ?

Le savoir-faire d’EDF était alors reconnu mondialement dans ce domaine. Les sociétés Framatome et Cogema garantissaient notre approvisionnement en uranium ainsi que la fabrication des turbines nécessaires à la production d’électricité (Alstom). L’État maîtrisait toute la chaîne de valeur, de la production du combustible jusqu’à la distribution au client final.

Peu de pays au monde pouvaient se targuer d’une telle prouesse, et d’une telle souveraineté énergétique réalisée en si peu de temps.

Cinquante ans après, la moitié des réacteurs sont à l’arrêt, la France est importatrice d’électricité, la filière d’approvisionnement d’uranium est menacée. EDF vend sa production d’électricité nucléaire bon marché à ses concurrents (« parasites spéculateurs » appelés aussi « fournisseurs alternatifs ») moins de 5 c€/kWh. Elle est ensuite revendue aux Français au prix exorbitant de celle produite par du gaz ou du charbon (incluant le lignite allemand).

EDF, ce fleuron de l’industrie française, est au bord de la faillite et vient d’être nationalisée.

Pour couronner le tout, le gouvernement annonce la menace de coupures d’électricité cet hiver et fait la morale (!) aux Français en déclinant un avenir « sobre », c’est-à-dire de pénurie, en expliquant comment se comporter « pour économiser ».

L’idée d’un « pass » énergétique (comprendre un ticket de rationnement) circule même dans certaines têtes de nos brillants dirigeants.

Mais que s’est-il donc passé ?

Lorsque Lionel Jospin accède au pouvoir en 1997 jusqu’en 2002 comme Premier ministre grâce à une alliance avec les communistes et les écologistes (« la gauche plurielle »), il accepte de renoncer progressivement au nucléaire.

Les conséquences néfastes sont rapides : désintérêt d’EDF pour la filière et annonce de l’abandon du réacteur novateur Superphénix en 1997 qui sera acté en 1998. Mais le plus pernicieux est longtemps resté invisible : ingénieurs, soudeurs spécialisés et techniciens hautement qualifiés cessent de s’orienter vers la filière nucléaire, entraînant une disparition progressive des compétences spécialisées requises pour cette industrie.

Sous la présidence de Nicolas Sarkozy, la chancelière allemande Angela Merkel décide unilatéralement d’arrêter l’usage du nucléaire civil en Allemagne suite à la catastrophe de Fukushima en 2011, et de se lancer à corps perdu dans la construction d’éoliennes qu’elle impose à toute l’Europe.

Et, pour protéger l’industrie allemande, il devint inadmissible que la France continue de bénéficier d’une production nucléaire d’électricité à bas coût.

Le grand visionnaire François Hollande, également soucieux de s’attirer les faveurs des écologistes pour accéder au pouvoir suprême, aggrave la situation en s’engageant à réduire de 75 % à 50 % la part du nucléaire dans notre mix énergétique en 5 ans (chiffre sorti du chapeau sans aucune étude préalable).

Il s’agissait de « ne pas mettre tous les œufs dans le même panier »…

Et afin de satisfaire également l’Allemagne, il va même jusqu’à décider la fermeture des deux réacteurs de la centrale de Fessenheim en parfait état de fonctionnement, actée en 2020 par Emmanuel Macron, réduisant ainsi la production nationale française de 2,5 %. Ce déficit est depuis compensé par la mise en service en Allemagne de centrales à charbon, dont les vents font bénéficier les Français de leurs particules fines.

Or, la centrale de Fessenheim était fonctionnelle sur le plan de la sûreté. Le 7 avril 2021, le président de l’Autorité de sureté nucléaire (ASN) a ainsi rappelé « que les performances de Fessenheim étaient parmi les meilleures sur l’ensemble des sites », contrairement à ce qu’a affirmé le 5 septembre 2022 le président Macron qui a menti selon le député LR du Haut-Rhin Raphaël Schellenberger.

C’est également sous Hollande que les écologistes parviennent à imposer des éoliennes et des panneaux photovoltaïques aux productions erratiques et intermittentes comme source d’énergie de substitution au nucléaire et au gaz en faisant fi des lois de la physique.

Sous Macron, le processus s’accélère : 450 éoliennes géantes sont prévues le long du littoral atlantique.

Pourtant, substituer aux centrales nucléaires des énergies renouvelables intermittentes (EnRI) éoliennes et photovoltaïques augmente les émissions de CO2 !

En effet, ces EnRI doivent être nécessairement adossées à des centrales à gaz ou à charbon pilotables « sûres » afin de pallier leur intermittence pour maintenir le fragile équilibre du réseau entre l’offre et la demande d’électricité.

Où est la logique ?

La logique et le simple bon sens devraient conduire à arrêter le massacre dans les plus brefs délais. Mais, au contraire, nos grands décideurs visionnaires s’orientent vers la construction d’encore plus d’EnRI.

Comme si cela ne suffisait pas, en vertu de la sacrosainte concurrence libre et non faussée exigée par les traités européens, EDF doit vendre à perte à des opérateurs concurrents une partie de sa production, créant ainsi une concurrence artificielle qui s’apparente à du racket.

Aujourd’hui en France, l’idéologie prévaut sur la raison et la politique énergétique en Europe n’a rien d’européenne : elle est exclusivement allemande… L’Allemagne défend rageusement ses propres intérêts. Elle s’emploie activement à mettre les autres pays à genoux, et notamment la France.

En Europe, 70 % des éoliennes sont produites en Allemagne et presque 100 % des sociétés d’exploitation des parcs éoliens sont allemandes.

Parallèlement, Merkel a négocié en 2015 avec la Russie la construction du gazoduc Nord Stream 2, avec comme objectif de devenir le centre de distribution du gaz (le hub gazier) pour toute l’Europe.

Bien vu ! Ainsi l’Allemagne a prévu que l’Europe devait d’une part lui acheter des éoliennes exploitées par des sociétés allemandes, et d’autre part du gaz « allemand » provenant directement de Russie.

Et le gaz devint rare et cher…

En créant un goulot d’étranglement sur le gaz, le conflit en Ukraine a changé la donne. Même l’Allemagne qui se voyait en plaque tournante du gaz russe pour l’Europe envisage maintenant de prolonger ses centrales nucléaires.

Après avoir annoncé en 2018 la fermeture de 14 réacteurs nucléaires d’ici à 2035 (sur 56 aujourd’hui), le président Macron s’est enfin réveillé en décembre 2020 pour évoquer l’avenir du nucléaire dans son discours au Creusot. Il veut remettre le nucléaire sur les rails dans ses discours d’octobre 2021 à l’Élysée, de février 2022 à Belfort, puis de septembre 2022 lors de l’inauguration… d’éoliennes en mer à Saint-Nazaire.

Il déclare maintenant : « aucun réacteur en état de produire ne doit être fermé » et veut lancer 6 réacteurs EPR avec une prévision pour 8 autres.

Mais aujourd’hui, rien n’a encore bougé. La loi (la Programmation pluriannuelle de l’énergie) prévoit toujours de fermer 12 réacteurs nucléaires et d’abaisser la part du nucléaire de 75 % à 50 % de la production d’électricité d’ici à 2035…

Or, après 20 ans de laisser-aller et de mépris, la capacité technique fait défaut (étrange et surprenant, non ?). La construction du nouveau réacteur EPR de Flamanville a rencontré de grandes difficultés alors que deux autres réacteurs EPR identiques ont été construits et fonctionnent parfaitement en Chine.

De plus, la Commission européenne, contrôlée par l’Allemagne, est parvenue à instaurer un marché européen de l’électricité au désavantage de la France (hasard ?). En effet, le prix du kWh est dorénavant indexé sur le prix du gaz, annihilant ainsi l’avantage compétitif de la France en position de leader mondial du nucléaire civil qui assurait une sécurité énergétique à ses habitants

Le contribuable français se voit donc contraint de payer l’addition en finançant la nationalisation et la dette abyssale d’EDF

20 ans d’impéritie

Les gouvernements et les hauts dirigeants qui se sont succédé depuis 20 ans en France ont contribué à cette situation énergétique catastrophique en pratiquant une politique spectacle de connivence à courte vue pour conquérir et garder le pouvoir « coûte que coûte »…

Le magnifique outil EDF aurait pu devenir un facteur décisif du redressement de l’industrie française et de sa compétitivité vis-à-vis de l’Allemagne empêtrée dans l’explosion du prix du gaz.

Selon Maurice Duverger, le crime de haute trahison se définissait comme « un crime politique consistant à abuser de sa fonction pour une action contraire à la Constitution ou aux intérêts supérieurs du pays ».

En sommes-nous si loin ?

Le crime de forfaiture et de haute trahison ayant disparu respectivement du Code pénal en 1994 et de la constitution en 2007, il ne reste plus que l’application de l’article 68 de la Constitution :

« Le Président de la République ne peut être destitué (par le Parlement constitué en Haute Cour) qu’en cas de manquement à ses devoirs manifestement incompatible avec l’exercice de son mandat ».

Vague formule…

Pourtant :

  • en négligeant, par manque de vision stratégique, d’assurer les sources vitales d’énergies pour la France, notamment d’électricité, nécessaires au fonctionnement de la nation française,
  • en laissant fermer la centrale nucléaire de Fessenheim,
  • en arrêtant le projet Astrid de réacteur surgénérateur de quatrième génération,
  • en diminuant la souveraineté nationale par l’implantation à marche forcée de ruineuses énergies renouvelables intermittentes éoliennes et de panneaux solaires importés,
  • en bradant en tant que ministre de l’Économie un patrimoine industriel de pointe, et même stratégique (les turbines Arabelle d’Alstom), à un groupe privé étranger pour ensuite le racheter plus cher en tant que président de la République,
  • en s’obstinant dans le déni des réalités concernant l’électricité (davantage de consommation et moins de production qui dépendra du vent et du soleil…),

 

le Président Macron a manqué à ses devoirs dans l’exercice de son mandat pour assurer la fourniture vitale d’énergie, et notamment d’électricité, à la France.

Les Français, eux, en subissent les conséquences dans leur vie quotidienne, et pour longtemps encore.

 

« Gouverner c’est prévoir. Ne rien prévoir, ce n’est pas gouverner, c’est courir à sa perte » (Émile de Girardin)

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