COP-27 : la perte d’influence géopolitique de l’UE

Sans surprise, la COP-27 est une déception pour les militants du climat, mais une réussite pour l’Égypte et d’autres pays africains et quelques autres qui ont fait pression pour défendre leurs intérêts.

L’UE, leader des COP a été, comme l’année dernière à Glasgow, désavoué par la majorité des pays. Il n’y a toujours pas d’« augmentation des ambitions » pour réduire les émissions mondiales de CO2. La COP-27 a finalement admis que tenter de les atténuer est une chimère. Depuis la COP-1, les émissions ont augmenté de 59 % et sans la crise Covid, elles auraient augmenté de 65 %. L’UE peut encore penser qu’elle est la leader mondiale, elle ne l’était déjà plus, et la rencontre de Charm el-Cheikh l’a confirmé.

Les négociateurs de l’UE n’ont pas apprécié la négociation menée par la présidence égyptienne. Comment le pays hôte pourrait-il s’opposer à l’utilisation des combustibles fossiles alors que, grâce à de nouveaux gisements de gaz naturel dans la mer du Levant, il est non seulement en train de devenir autosuffisant, mais va devenir un exportateur de gaz ? Ce ne sera guère mieux l’année prochaine, puisque la COP-28 se tiendra aux Émirats arabes unis, un pays qui doit sa prospérité au pétrole et au gaz au point d’avoir choisi de faire figurer dans son drapeau la couleur noire de « l’or noir ». L’année prochaine, l’UE sera à nouveau désavouée.

On voudrait nous faire croire que cette COP a posé les bases de la justice climatique, car on a annoncé la création d’un fonds d’aide aux pays les plus pauvres pour les dédommager de leurs « pertes et dommages » causés par le développement de la prospérité et de la qualité de vie dans les pays de l’OCDE. Seule l’idée a été adoptée, tout le reste est à définir. Mais déjà la France a proposé d’organiser une réunion à Paris pour convaincre les potentiels donateurs, sans doute aussi pour tenter de contrer la forte influence russe et chinoise en Afrique. Emmanuel Macron avait déjà convoqué le One Planet Summit à Paris le 12 décembre 2017 pour tenter de délier les bourses des donateurs. C’est lors de la COP de Cancún en 2010 que les 100 milliards $ par an d’un fonds vert avaient été promis pour que les pays en croissance puissent acheter des éoliennes dans les pays riches. En vain, puisqu’entre 2011 et 2021, les éoliennes et les panneaux solaires n’ont répondu qu’à 20 % de la croissance de la demande énergétique, si bien que l’écart entre les énergies fossiles et les énergies renouvelables se creuse.

La COP-27 aura servi à montrer à l’UE que les pays africains ont l’intention de se développer et que cela ne se fera qu’en augmentant les émissions de CO2. Heureusement, comme le montre l’Association des Climato-Réalistes, il n’y a pas d’urgence climatique. En revanche, il est urgent que l’UE se ressaisisse en matière de politique énergétique, qui n’est devenue qu’une branche de la politique climatique, elle-même conduite par les partisans de la décroissance. On en paye durement les conséquences, car la guerre en Ukraine n’est que le révélateur de la politique énergétique désastreuse.

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Les derniers ouvrages de Samuele Furfari sont « Énergie tout va changer demain. Analyser le passé, comprendre l’avenir » et « L’utopie hydrogène » .

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Samuel Furfari
Professeur en géopolitique de l’énergie
Haut fonctionnaire de la Commission européenne en retraite
Docteur en Sciences appliquées, ingénieur polytechnicien

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