Extraits de l’audition (2 heures) d’Henri Proglio le 13 décembre 2022 devant la Commission d’enquête de l’Assemblée nationale :
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Comment en sommes-nous arrivés là ?…
Deux acteurs principaux, l’Europe et le gouvernement français, ont conduit la France dans la désastreuse situation énergétique actuelle.
Extraits de l’audition (deux heures) d’Henri Proglio le 13 décembre 2022 devant la Commission d’enquête de l’Assemblée nationale visant à établir les raisons de la perte de souveraineté et d’indépendance énergétique de la France.
EDF : une formidable aventure
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En 2009, j’ai été très fier d’arriver à la tête d’une formidable entreprise (EDF) avec un chiffre d’affaires d’un petit 90 milliards, connue dans le monde entier pour sa pertinence et son efficacité, avec des caractéristiques financières très satisfaisantes.
EDF est le premier opérateur européen et probablement mondial si on excepte la Chine.
EDF a été le résultat d’une formidable aventure, d’une vision, et d’une volonté, celle d’un gouvernement qui en 1946 a considéré que l’énergie, et donc l’électricité, était un élément essentiel de la vie économique, et qu’il était donc important de la considérer comme stratégique.
[…]
Le gouvernement de l’époque s’est lancé trois défis majeurs :
- Le défi de l’indépendance énergétique,
- Le défi de la compétitivité du territoire,
- Le défi du service public de l’électricité accessible à tous, avec la même qualité et au même prix.
C’était un défi incroyablement exigeant adossé à un choix technologique clair : l’hydraulique et le nucléaire.
Il y a eu une vision à long terme et une volonté claire d’aboutir et c’est ça qui a donné naissance à cette aventure industrielle.
[…]
La destruction : pourquoi ? Comment ?
EDF était un architecte ensemblier et l’opérateur du service public de l’électricité. C’était un système intégré, cohérent et optimisé comprenant la production, le transport et la distribution.
Au début du XXIe siècle, EDF est exportateur d’énergie, avec une électricité la moins chère d’Europe (deux fois et demi moins cher que l’Allemagne), un contrat de service public qui fait référence dans le monde et elle donne à la France un atout formidable en matière de gaz à effet de serre.
Les paris ont été relevés, il n’y avait plus qu’à tout détruire… C’est chose faite !
Pourquoi ? Comment ?
Puisqu’on était arrivé à l’asymptote, comment en sommes-nous arrivés à la situation actuelle ? Je vois deux acteurs principaux : l’Europe et le gouvernement français.
Le premier acteur : l’Europe
Toute la réglementation européenne depuis 10 ans ne vise que la désintégration de l’entreprise EDF.
Cette Europe qui a pris comme axe idéologique quasi-unique la concurrence qui bien sûr, « fait le bonheur des peuples »… On voit ce que ça donne en matière d’énergie.
Cela s’est traduit concrètement pour EDF :
Par la mise en concurrence des barrages. Formidable idée, un barrage étant essentiellement un outil d’optimisation du système électrique puisque c’est le seul moyen de stockage intelligent et efficace qu’on ait aujourd’hui. Un barrage sert d’abord à stocker beaucoup plus qu’à produire. La mise en concurrence consistait à supprimer le stockage. C’est génial. Les barrages appartiennent à l’État et sont gérés par EDF. L’État avait envisagé d’obéir à la doctrine européenne et de mettre en concurrence les barrages. Rien n’a encore été conclu, mais rien n’est réglé. On reste en lévitation… On sera sanctionné sans doute.
La deuxième loi géniale, c’est la loi NOME (Nouvelle Organisation du Marché de l’Électricité) qui consiste à imposer à EDF la vente à prix cassé, puisque inférieur au coût de revient, de 25 % de sa production électronucléaire à ses propres concurrents pour qu’ils puissent vendre leur énergie aux clients d’EDF. Ça a très bien fonctionné, ils sont devenus riches. C’est d’une pertinence absolue et je l’ai dénoncé pendant des années avec l’efficacité que vous voyez.
Pour couronner le tout, il fallait définir un prix de marché qui a été indexé sur le prix du gaz.
Pourquoi, alors qu’on n’en utilise pas ?
Parce que les Allemands utilisent le gaz et que toute la démarche est allemande et que la réglementation européenne est allemande.
L’Allemagne a choisi l’industrie comme axe majeur de son économie et l’Ostpolitik pour son développement. C’est clair et cohérent pour l’Allemagne. Ils ont tenté leur Energiewende (la transition allemande) qui s’est transformée en catastrophe absolue puisqu’elle s’est traduite par un affaiblissement des opérateurs allemands quasi en ruines.
Comment voulez-vous que ce pays qui a fondé sa richesse, son efficacité, sa crédibilité sur son industrie accepte que la France dispose d’un outil compétitif aussi puissant qu’EDF à sa porte ?
L’obsession des Allemands depuis 30 ans, c’est la désintégration d’EDF. Ils ont réussi !
Tout ça va dans le sens de la désoptimisation du système auquel nous avons droit aujourd’hui.
Le deuxième acteur : le gouvernement
Le deuxième acteur est la politique nationale française. Là, on a assisté à la recherche pathétique d’un accord électoral avec un parti antinucléaire. On en voit les prémisses dès 1997-1998 avec l’abandon de la filière des réacteurs à neutrons rapides qui remettait en cause la logique du système nucléaire français.
Ensuite, il y a eu la formidable campagne de communication de Fukushima avec les 20 000 morts qui n’ont jamais existé puisqu’on a confondu le tsunami et l’accident.
Et puis l’apogée avec la campagne (présidentielle) de 2012 avec son cortège de joyeusetés. La fermeture annoncée de 28 réacteurs nucléaires, rien que ça, qui s’est transformée par l’engagement de fermeture de Fessenheim, et l’abaissement à 50 % de la part du nucléaire dans le mix électrique.
J’ai assisté à la mise au point d’une théorie absurde qui m’a été imposée avec beaucoup d’insistance par les pouvoirs publics : la théorie de la décroissance électrique. Il fallait considérer que la demande électrique allait baisser en France et que par conséquent il fallait diminuer la puissance du nucléaire surpuissant.
Conséquences : baisse des efforts de recherche, le désalignement des stratégies des entreprises dépendant de l’État, AREVA, CEA et EDF mus par des courants divergents, avec comme corollaire l’affaiblissement global du système et les difficultés de recrutement qu’on a connu dans ce paysage où le nucléaire était considéré comme infâme et sans avenir.
Comment voulez-vous recruter des gens compétents dans ces conditions où en plus les salaires sont moins élevés que dans la finance ou dans le privé ?
Voilà la situation. Rien n’est jamais désespéré mais les choses ont été très abimées.
Le constat s’impose à nous alors qu’on le voyait depuis des années et que je l’ai dénoncé depuis très longtemps.
Que faire pour redresser la situation ?
Il faut se consacrer à des sujets et actions prioritaires. La réflexion est faite, c’est l’action qui doit aujourd’hui être menée.
Donnez la priorité au développement de l’hydraulique. Il y a encore des opportunités d’accélérer dans l’hydraulique en France.
Faisons ce qu’il faut pour sécuriser la durée de vie du parc nucléaire existant.
Si on faisait l’un et l’autre on pourrait progressivement redresser la barre et se donner le temps de relancer le nucléaire parce qu’il faudra 10 à 15 ans.
Voilà quelques explications sur ce que j’ai vécu.
Extraits des questions des députés et des réponses d’Henri Proglio
Je me suis battu sans relâche pour obtenir l’ARENH (Accès Régulé à l’Électricité Nucléaire Historique) à 42 euros alors que mes interlocuteurs proposaient 39 euros voire 36 euros. Aucune évolution n’a évidemment été prise en compte depuis.
Dans mon combat en 2012 contre les administrations réputées compétentes, j’ai laissé filer la réglementation thermique 2012 tant le combat sur l’ARENH était compliqué. Je me suis dit, tant pis je sacrifie ce combat-là qui conduit aujourd’hui à une catastrophe qui favorise totalement le gaz.
Ce prix (42 euros) a été fixé par voie autoritaire au bout d’un combat très inégal puisque j’ai essayé de défendre le bon sens, donc j’étais dans le mauvais camp. Le principe même de ce prix de cession était absurde. Le principe pour un industriel d’accepter de céder sa propre production à ses concurrents virtuels qui n’ont aucune obligation de production eux-mêmes. C’est quand même surréaliste. On a fait la fortune de traders, pas d’industriels.
On n’a pas de concurrents ou si peu. Quelques éoliennes dispersées aux quatre vents et quelques champs photovoltaïques, vous voyez l’aspect risible du sujet.
Et vous voyez des campagnes de communications de ces traders qui prétendent vendre de l’énergie verte. On a assisté à ça pendant des années avant que le client qui s’est laissé abuser finisse par se rendre compte du fait qu’il n’avait plus de garantie.
Où est le service public de l’électricité qui nous a tant et tant récompensé ?
Pourquoi l’avoir abattu ?
Pourquoi est-ce à l’État aujourd’hui de faire les compensations nécessaires pour que les gens à faible revenu puissent accéder à l’électricité ?
Tout ça était prévu !
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J’ai vécu tous les chantages. Le seul chantage qui m’obsède est l’intérêt de la France.
Pourquoi prendre la France en otage sur ce genre de réglementation absurde ?
Comment expliquer cette réglementation ?
Je voudrais qu’on réponde simplement à cette question : pour qui et à quoi servent ces réglementations ? Quel est le but ?
On me répondait : « on fait le bonheur du peuple ! La libre concurrence ! »
Mais il y a un seul producteur, camarade !
Il était clair que ça allait se traduire par un désastre. On y assiste aujourd’hui.
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Question : Prévisions de la décroissance. Avez-vous le sentiment que RTE a contribué à abonder cette théorie avec des études supposées techniques ?
Réponse : Les extrapolations des technocrates étaient d’un manque de réalisme total. Ils sont nombreux, il faut qu’ils s’occupent à faire des extrapolations. Mais comment voulez-vous l’expliquer à quelqu’un de bon sens ?
Si on avait mis un artisan boulanger à la tête de la direction générale de l’énergie, il n’aurait probablement pas réagi comme ça.
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Le chiffre de 50 % de nucléaire dans le mix énergétique s’est construit totalement au doigt mouillé en disant on va baisser la part du nucléaire de 75 % à 50 %. Personne ne l’a jamais estimé autrement que comme ça ! On en a déduit qu’il fallait réduire le nombre de réacteurs…
Par contre, personne n’a jamais su d’où venaient les autres 50 %…
Il y a bien l’hydraulique qui est une très belle énergie renouvelable stable. Le reste du renouvelable, c’est l’expérience allemande. Ils ont investi 500 milliards d’euros dans le renouvelable. 500 milliards d’euros ! On en voit l’efficacité…
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EDF était le chef de file du nucléaire français. Le nouveau gouvernement de l’époque a dit « pas du tout, c’est le Premier ministre » (Jean-Marc Ayrault). Il organisait des réunions à Matignon de répartition des rôles du nucléaire à l’international. Ubu roi…
J’ai assisté à des réunions hautes en couleurs…
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La dérive d’AREVA vient de la vanité. AREVA avait sa mission : chaudronnier et gérer des centres de retraitement. Concevoir et vendre des réacteurs, ce n’était pas son métier. On a vu les conséquences de cela dans la conception de l’EPR et dans la réussite phénoménale d’Olkiluoto qui a cloué le cercueil d’AREVA.
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On oublie de mentionner qu’EDF a financé tout le programme nucléaire français et l’endettement d’EDF était parfaitement acceptable.
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2014, c’est 78 milliards de chiffres d’affaires, 17,5 milliards d’EBITDA, 3,75 milliards de résultat net après impôts. C’est le meilleur résultat d’EDF dans toute sa vie.
EDF était en pleine forme malgré toutes les vicissitudes venant à la fois de la réglementation française et européenne, des lois NOME et compagnies. Évidemment, ça abime durablement les performances de l’entreprise et on en a vu les conséquences.
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Une préoccupation de fond qui était le sujet du renouvellement des cadres du nucléaire auquel on n’a pas réussi à apporter une vraie réponse. Le désamour du nucléaire dans l’opinion publique et dans les médias, et le fait de respecter une norme de rémunération exigeante.
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J’ai alerté sur les dangers de l’ARENH suite au rapport Champsaur et j’ai eu une réponse politique : « je comprends, je comprends,… ». Il arrive un moment où la décision l’emporte sur la réflexion.
Cette mesure (l’ARENH) était inique et était destinée à casser une entreprise comme EDF. Je déplore qu’elle ait été acceptée par le gouvernement français sous la pression bruxello-allemande.
J’ai alerté le politique pendant toute ma période de responsabilité.
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J’ai négocié avec les pouvoirs publics au plus haut niveau une pente tarifaire pour avoir une visibilité sur les augmentations successives. C’est mieux pour tout le monde.
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J’ai obtenu une pente tarifaire de mon interlocuteur mais quelques mois plus tard elle a été cassée par la nouvelle ministre.
C’est un métier où on gère le temps long. Les investissements sont amortis économiquement sur 40, 50, 60 ans et même 100 ans pour les barrages. Avoir des ministres dont la durée de vie ne dépasse pas neuf mois est difficile à gérer. Chaque ministre est demandeur de communication et d’attacher son nom à quelque chose qui soit populaire. Refuser d’augmenter l’électricité est effectivement populaire à court terme. J’ai eu droit à ça aussi.
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Question : Selon le rapport Foltz, l’EPR de Flamanville est estimé en mai 2006 à 3 milliards d’euros avec une mise en service prévue en juin 2012, puis le coût passe à 5 milliards d’euros en juillet 2010 avec un couplage prévu au réseau en 2014 et, en novembre 2014, on est à 9 milliards d’euros et un démarrage prévu en 2017. Pouvez-vous expliquer ce qui s’est passé ?
Réponse : Malheureusement oui. L’EPR est un engin beaucoup trop compliqué, quasi-inconstructible. La dérive d’organisation du système nucléaire et la prédominance d’AREVA dans ce dispositif pour des raisons non techniques et absurdes font que c’était le seul outil disponible dans notre univers.
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Il y a un vrai problème de l’EPR. J’ai changé les équipes, je n’ai pas réussi à changer l’EPR.
Il y a la conjonction de deux phénomènes : la complexité du design de l’EPR qui est totalement à revoir et la filière nucléaire française qui n’a plus construit de réacteur depuis 20 ans.
Il fallait refaire un nouveau design qui allait nous prendre 10 à 12 ans de mise au point.
Il se construit 10 réacteurs par an en Chine et les Russes ont environ 40 réacteurs en commande, et je pensais que, en attendant un nouveau réacteur, nos entreprises pouvaient travailler avec les Russes et les Chinois. On en connait la suite.
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Il y a un déficit d’expérience des sous-traitants dans la construction. L’effet de série qui avait tellement réussi à la France, on a construit jusqu’à 5 réacteurs par an, a eu un effet extrêmement positif sur la filière. Le fait de n’en avoir pas construit depuis 15 ans a eu un impact extrêmement négatif sur la filière (BTP, industrie lourde, chaudronnerie). On voit les conséquences aujourd’hui.
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La France n’est pas un pays où le renouvelable a une place considérable à prendre.
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EDF est un ensemblier et un opérateur : 180 000 collaborateurs. L’essentiel des travaux sont sous-traités.
L’impact de la masse salariale (11 %) sur le résultat est très faible. Si on regarde EDF société mère (production et recherche soit l’essentiel de ce qui reste aujourd’hui chez EDF), on descend à 9 %. Faire 10 % d’économie sur la masse salariale d’EDF, l’impact sur le résultat est très faible.
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Ce n’est pas parce qu’il n’y a pas de concurrence dans le nucléaire qu’il ne faut pas payer les gens plus qu’ils n’acceptent de l’être. Ce n’est pas comme ça qu’on les recrute non plus. J’ai essayé de corriger le tir ce qui m’a valu une remarque acerbe de la Cour des comptes : « Proglio achète la paix sociale ».
Il faut avoir ça en tête quand on parle d’un sujet à horizon long terme. La compétence de demain c’est aujourd’hui qu’on la construit. On a perdu des gens, on continue à en perdre. Il faut savoir reconnaitre leurs mérites et leurs talents et pas uniquement en termes de concurrence. Ce n’est pas par le nombre mais par le talent qu’on construit une aventure.
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Je suis convaincu qu’on peut gagner entre 10 % et 15 % de capacité hydraulique, ce qui peut être extrêmement important pour les années à venir.
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(Diner d’Henri Proglio en 2012 en Allemagne à la foire de Hanovre avec Angela Merkel)
Elle m’a dit : « Je suis une scientifique d’Allemagne de l’est, je crois totalement au nucléaire » mais il fallait qu’elle bâtisse un accord de coalition. Elle a donc ouvert une négociation avec les Verts conservateurs allemands. Chez les Allemands il y a des Verts conservateurs et des Verts de gauche, ce ne sont pas les mêmes. Pour boucler ces négociations, elle a lâché le nucléaire. Elle me l’a dit : « Je l’ai fait pour des raisons politiques, pas du tout techniques, ni scientifiques ».
L’Allemagne est consciente de ses propres intérêts. Personne en Allemagne ne parle du couple franco-allemand. Il n’y a qu’en France qu’on parle du couple-franco-allemand.
[…]
Je pense qu’on n’a rien lâché contre le sacrifice d’EDF. Je n’ai pas connaissance de contreparties.
Je ne vois pas pourquoi la France ne prend pas l’initiative, comme l’Espagne et le Portugal, de sortir du marché européen de l’énergie.
[…]
On ne peut pas rendre monsieur Montebourg responsable du démantèlement d’Alstom. Il a démissionné à cause de cela. On ne peut pas le rendre complice de cette action. Il était révolté contre la vente d’Alstom aux Américains. J’en ai été le témoin.
[…]
J’ai essayé de sauver Photowatt parce que c’était la dernière entreprise européenne et française dans le domaine du photovoltaïque et j’ai considéré que c’était de mon devoir d’essayer de la sauver. Encore fallait-il obtenir que Photowatt ait une petite priorité dans l’installation des parcs de panneaux voltaïques, ce qui n’a pas été le cas ; et donc aujourd’hui tout est chinois. On s’en satisfait. Il n’y a pas eu de stratégie de filière française. Elle n’a pas existé.
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Que Suez ait obtenu dans les arbitrages ministériels de construire un EPR à Penly était psychédélique. J’ai réussi à le faire comprendre. On aurait un EPR de plus et ça aurait été encore pire fait par Suez qui n’avait aucune centrale nucléaire en dehors des Belges dont ils avaient hérité par Electrabel dans son patrimoine. On a enterré Penly avec les honneurs dus à ses promoteurs.
Fessenheim : ne remuez pas le couteau dans la plaie… J’ai demandé à l’État 8 milliards de compensation […] EDF a obtenu 400 millions. No comment, je n’étais plus là.
Avant mon arrivée, EDF avait un slogan : « nous vous devons plus que la lumière ». Ça m’avait marqué parce que pour une fois une entreprise disait qu’elle devait quelque chose. C’est ça le contrat de service public, on vous doit quelque chose et plus que la lumière. Je trouve que c’était un bon résumé. J’aurais dû garder ce slogan.
[…]
Il est hors de question que la France se prive de ses barrages. La France doit dire niet à l’Europe. D’où sort cette absurdité ?
Ça serait un gâchis épouvantable en termes industriel et économique. Il faut simplement dire non, quitte à payer des amendes. Il appartient à ce pays de faire valoir ses intérêts vitaux.
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Nous avons perdu le marché (20 milliards de dollars) d’Abu Dabi parce que la France s’est mal organisée, c’est tout. Ni plus, ni moins. C’est simplement un échec pour la France.
[…]
La Russie : le nucléaire n’est pas sous sanction.
On se réunit de temps en temps dans un conseil consultatif (un Espagnol, un Italien, un Japonais, un Russe et moi) pour parler des nouvelles technologies nucléaires et notamment des petits réacteurs.
EDF et le nucléaire français continuent de travailler avec le nucléaire russe et devra encore durablement travailler avec le nucléaire russe et chinois.
Voir l’audition complète (qui vaut par son humour et son cynisme)
Note du rédacteur : Cette audition de 2 heures (dont les extraits les plus saillants sont reproduits dans cet article) est édifiante sur les pratiques et la courte vue de certains politiciens et technocrates français et européens pour « faire le bonheur des peuples ! »