La commission d’enquête parlementaire sur le nucléaire dénonce trente ans «de divagation politique»

(Article initialement publié dans Transitions & Energies du 7/4/23)

La commission d’enquête parlementaire sur «La perte de souveraineté énergétique de la France» a publié le 6 avril son rapport. Un document de 372 pages. Il illustre les conditions ahurissantes de légèreté, d’incompétence et d’irresponsabilité dans lesquelles ont été prises depuis 30 ans les décisions de politique énergétique qui engagent l’avenir du pays. La commission préconise aussi trente mesures parfois iconoclastes pour changer totalement la façon dont est géré notre avenir énergétique. Une bouffée d’air frais.

Les membres de la Commission d’enquête parlementaire sur «La perte de souveraineté énergétique de la France» auront passé six mois et 150 heures d’auditions à tenter de comprendre les raisons d’un effondrement depuis près de trois décennies des politiques publiques énergétiques en France. Il s’est traduit par la démolition d’une filière nucléaire qui était la plus performante au monde, par une perte de souveraineté énergétique sans précédent et par le risque permanent et pour de nombreuses années d’une pénurie d’électricité dans le pays. Et tout cela au nom d’idéologies simplistes, de compromis politiciens inconséquents et d’une absence effarante de compétence et de responsabilité politique.

Cela a conduit aujourd’hui à un appauvrissement sans précédent du pays en temps de paix illustré à la veille de l’hiver par les demandes répétées du gouvernement aux Français et aux entreprises de rationner leur consommation d’énergie et plus particulièrement d’électricité… en expliquant que la cause de cette situation était l’invasion de l’Ukraine. Heureusement, par chance, une météorologie clémente a évité des coupures et des délestages. Mais cela ne change rien au constat. Les infrastructures et équipements énergétiques du pays sont incapables de faire face aux besoins actuels et encore moins à ceux nécessaires à la transition énergétique qui, rappelons-le, doit se traduire par une augmentation considérable de la consommation d’électricité du fait de l’électrification des usages et du développement accéléré de la production d’hydrogène par électrolyse.

Rien n’a été anticipé et rien n’a été préparé depuis un quart de siècle. Plus grave encore, l’outil nucléaire technique et humain a été laissé à l’abandon et considérablement affaibli. La meilleure illustration en est l’état pitoyable dans lequel se trouve EDF, renationalisé pour éviter sa faillite. L’entreprise publique devrait pourtant être le champion français de l’électricité décarboné et de la transition énergétique.

Faire au grand jour un constat dénoncé depuis des années par les experts

La commission d’enquête sur les raisons de la perte de souveraineté énergétique de la France, décrochée par le groupe LR a l’Assemblée nationale à l’automne dernier, a eu un grand mérite: faire au grand jour ce constat dénoncé depuis des années dans le vide par des ingénieurs et experts de l’énergie qui n’étaient pas inféodés à des idéologies, des intérêts et des organisations et institutions, y compris publiques, qui niaient la réalité énergétique du pays.

Le rapport de 372 pages de la Commission (et 1.500 pages d’annexes reprenant les auditions de 88 acteurs et témoins) illustre «trois décennies de retard considérable accumulé en termes de souveraineté énergétique». Il a été adopté le 30 mars par les membres de la commission mais pas à l’unanimité. Les députés LFI et EELV, opposés au nucléaire, ont voté contre et ceux du PS se sont abstenus.

«Souvent, nous sommes passés de l’incompréhension à la surprise, jusqu’à la consternation», écrit le député Renaissance Antoine Armand, en préambule du rapport. «Le récit qui s’est reconstitué devant nous, c’est bien le récit d’une lente dérive, d’une divagation politique, souvent inconsciente et inconséquente, qui nous a éloignés et de la transition écologique …

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Rapport sur la souveraineté énergétique : le procès de « l’inconscience »

La commission d’enquête parlementaire sur notre perte de souveraineté énergétique a publié ses conclusions ce jeudi 6 avril. Le récit d’une 
« divagation politique, souvent inconsciente et inconséquente, qui nous a éloignés de la transition écologique ».
Les conclusions sont accablantes et on n’en attendait pas autre chose.
« Souvent, nous sommes passés de l’incompréhension à la surprise, jusqu’à la consternation » :
voilà comment le député Renaissance, Antoine Armand, résume les six mois de commission d’enquête parlementaire sur les « raisons de la perte de souveraineté et d’indépendance énergétique de la France » en introduction du rapport rendu public ce jeudi 6 avril. L’élu décrit le 
« récit d’une lente dérive, d’une divagation politique, souvent inconsciente et inconséquente, qui nous a éloignés et de la transition écologique et de notre souveraineté énergétique ».

L’inconscience et l’électoralisme

Sur 372 pages, le rapport de la commission présidée par le député LR Raphaël Schellenberger raconte trente ans d’errements politiques sur le nucléaire, une « histoire de décisions souvent partielles ou différées, voire contradictoires, […] prises à l’envers, sans méthode, sans prospective, aux conséquences lourdes, et qui ne semblaient trouver leur source que dans des maux profonds : l’inconscience et l’électoralisme ».
 
Concrètement, selon le document, le mix énergétique s’est « comme affaibli de l’intérieur » : nous démantelions notre fleuron nucléaire sans compenser suffisamment cette perte dans les renouvelables, aveuglés par l’illusion de notre surcapacité. Le document fait notamment mention de l’ancien premier ministre Lionel Jospin qui, « sans pourtant produire aucun élément pour étayer ses déclarations […], explique que sa décision [de fermer Superphénix] reposait fondamentalement sur des raisons industrielles, à la fois techniques et financières ». Il ne voyait pas, à cette époque, la perte considérable de l’avance technologique de la France.
 
François Hollande et sa « loi de 2015, ses objectifs chiffrés, dont les “50 %”, et le plafonnement de la capacité de production nucléaire » ont aussi eu droit à leur procès. Celle-ci est considérée par le rapport comme « un contre-exemple de politique énergétique ». Quant à Emmanuel Macron, mise…
 
 

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Une réponse

  1. “Concrètement, selon le document, le mix énergétique s’est « comme affaibli de l’intérieur » : nous démantelions notre fleuron nucléaire sans compenser suffisamment cette perte dans les renouvelables”

    Voilà la phrase qui montre que les vraies raisons des errements français ne sont pas comprises!
    Le catastrophisme climatique des écologistes ignorants et orientés idéologiquement a impressionné le Citoyen moyen désinformé par l’avalanche d’affirmations pseudo-scientifiques relayées par des médias avides de sensationnels et par des entrepreneurs dans les énergies renouvelables qui profitent d’une occasion de marché juteux organisés avec la complicité de l’ETAT! Les responsables politiques sont devenus de vrais girouettes qui n’ont pas plus que le pauvre Citoyen moyen compris les vrais ressorts de la tromperie! Il n’y a pas d’urgence climatique, les EnR ne sont pas plus que les fossiles sans effets du tout sur le climat, elles font augmenter les températures comme le démontre l’existence des ilots de chaleur urbains qui n’existent qu’à cause des chaleurs dégagées et des refroidissements plus réduits entraînés par nos consommations d’énergie. Tout ce qui a été fait ne sert à rien et le vers est encore dans le fruit puisque les vraies raisons sont ignorées!

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