La dépendance aux énergies fossiles est mal comprise et sous-estimée

L’énergie fossile reste indispensable et surtout irremplaçable dans les transports mais aussi l’industrie lourde, la construction et l’agriculture. Ce que nous faisons aujourd’hui consiste avant tout à empiler les nouvelles sources d’énergie décarbonées sur celles existantes. La consommation mondiale de charbon, de pétrole et de gaz ne baisse pas. En fait, il n’y a jamais eu dans l’histoire de remplacement total d’un système énergétique par un autre. Par Anne de Coninck. Article paru dans le N°16 du magazine Transitions & Energies.

L’un des problèmes majeurs de la transition tient au fait que la consommation d’énergies fossiles dans le monde ne diminue pas. Elle ne fait même qu’augmenter. La consommation de pétrole et de charbon a atteint des niveaux records l’an dernier. Seul le gaz naturel n’a pas fait de même à cause uniquement des conséquences de l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

Nous avons construit depuis deux siècles notre civilisation et notre prospérité sur l’accès à une quantité d’énergie… fossile sans précédent. Facile à exploiter, abondante, bon marché et concentrée. Aujourd’hui, ce que nous faisons avant tout consiste à empiler les nouvelles sources d’énergie décarbonées sur celles existantes. Et il ne faut pas perdre de vue que les matières premières et les matériels permettant de produire les énergies décarbonées sont la plupart du temps fabriqués et transportés avec des carburants fossiles. La transition énergétique ne peut pas se faire sans charbon, sans pétrole et sans gaz. L’industrie chinoise qui fabrique l’immense majorité des panneaux photovoltaïques, des cellules de batteries, des éoliennes terrestres et marines, qui raffine la plupart des minéraux stratégiques fonctionne avec de l’électricité produite par des centrales à charbon. Et les équipements que nous achetons ensuite sont transportés par des navires propulsés avec du fioul lourd.

Les fossiles représentent encore 84% de l’énergie primaire consommée

Pour comprendre notre addiction, il faut prendre la mesure de l’ampleur des transformations à réaliser et des infrastructures industrielles et de transport à changer. En 1960, à l’échelle mondiale, les combustibles fossiles fournissaient 94% de l’énergie primaire commercialisée, c’est-à-dire extraite de l’environnement avant d’être transformée. Leur part est passée à 87% en 1990 avec l’essor de l’hydraulique et du nucléaire et elle est encore aujourd’hui de plus de 84% en dépit du déploiement des renouvelables. Changer les bases énergétiques d’une économie mondiale de 90 000 milliards de dollars …

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Une réponse

  1. Il faudra bien produire des carburants synthétiques avec des énergies comme le nucléaire! Les carburants classiques ont largement démontré qu’ils étaient irremplaçables! Pour cela on se battra pour avoir du CO2 puisque ce sera l’un des ingrédients de base! A 78 ans je meurs de rire en constatant la non pertinence des décisions prises partout en matière d’énergie.
    Qui va remettre un peu d’ordre dans nos Sociétés dépassées par les contraintes de demain?

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