Macron doit faire un choix crucial : réactiver l’industrie nucléaire pour préserver l’économie française

La politique énergétique française néglige les solutions nucléaires et privilégie les énergies intermittentes, conduisant à des conséquences désastreuses sur l’industrie et la prospérité du pays.

Entre son sommet à l’Élysée réunissant 400 industriels le 11 mai 2023 et sa visite à l’usine d’aluminium de Dunkerque le 12 mai, le président Emmanuel Macron a soudain vu la lumière à la croisée des chemins énergétiques entre nucléaire, hydrogène, énergies renouvelables et industrialisation.

Quelles sont les priorités ?

La sobriété, la pénurie ou le rationnement énergétique ne sont pas une fatalité. Ces nouveaux mantras servent de paravent à une politique énergétique indigente depuis plus de 20 ans.

En misant sur la relance du nucléaire (ce qui aurait dû être fait depuis deux décennies) et l’exploitation intelligente des énergies fossiles, il est possible de répondre à tous les besoins industriels de la France. Notre pays s’appuie depuis un siècle sur la disponibilité d’une énergie abondante, bon marché et souveraine (le charbon, l’hydraulique, puis le nucléaire et le gaz).

Mais pour soutenir les solutions bancales du vent et du soleil qui se révèlent coûteuses, voire ruineuses, et techniquement inadéquates, les dirigeants persistent à augmenter artificiellement le prix des énergies fossiles et fissiles par des taxes et des empilements de contraintes qui font fuir les industries.

Ce renchérissement volontaire du coût de l’énergie et de l’électricité vise à rendre plus attractives les énergies éolienne et solaire. Mais leur intermittence de production et l’occupation cent fois plus importante de l’espace (champs de capteurs photovoltaïques et d’éoliennes) que toutes les autres solutions limitent leur déploiement.

Le problème essentiel de l’intermittence est souvent minimisé par les études, surtout celles de l’ADEME, qui préconisent un mix énergétique allant jusqu’à « 100 % renouvelable » pour faire croire à une énergie propre éternelle capable de faire face au risque de pénurie des autres ressources fossiles limitées dans le temps.

Grâce aux progrès techniques (extraction, transport…), le pétrole et le gaz seront disponibles et abordables pendant encore des décennies. Des réserves de gaz, de pétrole et de charbon continuent d’être découvertes mais c’est le coût d’extraction qui décidera de leur abandon progressif, et non les volontés gouvernementales de décarbonation pour lutter contre le réchauffement climatique.

Quant au nucléaire, les réserves d’uranium et de thorium peuvent couvrir le besoin de l’humanité pendant des milliers d’années.

Le caractère intermittent ou « pilotable » des différentes sources d’énergie est primordial.

Or, le soleil et le vent produisent de manière erratique une électricité impossible à stocker économiquement pour répondre au besoin d’une nation dans un avenir prévisible.

D’où la multiplication des centrales électriques à gaz et le maintien des centrales à charbon dans le monde, y compris en Europe, notamment en Allemagne.

Sur une année, le solaire et l’éolien produisent aléatoirement en moyenne environ 25 % de ce qu’ils pourraient produire s’il y avait toujours du vent et du soleil. Et parfois, leur production est quasiment nulle plusieurs jours consécutifs.

Le gaz et le nucléaire (ou le charbon…) doivent donc suppléer cette intermittence erratique pendant les périodes sans vent et/ou sans soleil.

De surcroît, cette production n’est pas souveraine, les matériels et composants étant achetés hors de France, et même majoritairement hors d’Europe.

Les énergies renouvelables intermittentes, associées au gaz et/ou au charbon, ne résolvent donc pas le problème du réchauffement climatique anthropique.

Face aux risques de pénurie, de flambée des prix et de perte de souveraineté dues aux difficultés d’accès au pétrole et au gaz dans le monde, les centrales nucléaires et hydrauliques s’imposent comme les seules sources d’énergies décarbonées pilotables pour éviter la décroissance. Cette dernière est synonyme de chômage de masse et de chute brutale de l’économie. Le nucléaire et l’hydraulique constituent la seule solution pour éviter des drames sociaux, ou amortir leurs effets délétères.

Pour répondre aux besoins en électricité de la France pendant les années à venir, les capacités nouvelles de l’EPR de Flamanville 3 ne suffiront pas, et après avoir trop longtemps tergiversé, il devient urgent de lancer la construction des six réacteurs EPR2 annoncés par le président Macron.

Le déni énergétique

Devant les résultats désastreux de la ruineuse politique énergétique française depuis donc au moins 20 années, nos dirigeants refusent d’accepter la réalité. Ils commencent timidement à prendre les mesures de correction indispensables pour redresser l’économie et sauver l’industrie française avec les salutaires annonces du président Macron à Belfort en février 2022, après cinq années de fausse route.

Après avoir constaté sa désindustrialisation à l’occasion de la crise du covid, nos gouvernants refusent de voir que le traitement déplorable du dossier énergie engendre des faillites et des délocalisations industrielles responsables de nos déboires actuels.

Vivre dans le déni des réalités conduit toujours à des catastrophes.

En 1973, suite aux chocs pétroliers, tous les acteurs économiques et sociaux s’étaient mis en ordre de marche autour d’un programme nucléaire ambitieux et du maintien de l’hydroélectricité pour disposer d’une énergie abondante, bon marché et souveraine. La conscience de la fragilité de notre prospérité était profonde et imprégnait toutes les couches de la société.

Aujourd’hui, nos (ir)responsables ne veulent pas examiner les causes profondes de la crise. Ils préconisent toujours des remèdes à court terme fondés sur les énergies renouvelables et l’hydrogène dont chacun connait l’inefficacité. Ils s’enfoncent dans le déni et s’y complaisent.

L’écologisme politique a gagné la bataille de l’opinion avec la domination des peurs (nucléaire, pollutions, disparition des espèces…). Le principe de précaution a même été inscrit dans la Constitution.

Serait-il possible de vivre d’amour et d’eau fraîche avec les énergies intermittentes « vertes, propres et… gratuites » du vent et du soleil pour établir un avenir radieux en France et en Europe ?

L’écologie politique mise à nue

Désormais, tout le monde peut voir que le roi écologiste est nu.

L’écologie politique a d’abord voulu éliminer le nucléaire qui constitue l’épine dorsale de son combat idéologique et de sa cohésion. Puis elle s’est lancée dans un programme de changement complet de civilisation en Europe pour donner l’exemple au monde entier !

Les gouvernants de tout bord n’osent même plus mettre en doute ce catéchisme, sous peine d’excommunication immédiate de toutes les radios et télévisions.

C’est un enfantillage de penser que l’humanité va pouvoir se passer volontairement et à court terme de 80 % de ses sources d’énergie, et choisir un retour en arrière civilisationnel dans le dénuement. Elle aspire au contraire à la prospérité et à la consommation. Elle recherche une énergie abondante et bon marché (charbon, pétrole, gaz, nucléaire, hydraulique…) qu’elle utilisera là où elle en dispose.

Le mix énergétique français sans éoliennes ni panneaux photovoltaïques (nucléaire, hydroélectricité, et gaz pour satisfaire les pointes de consommation électriques) est aujourd’hui proche de l’optimum technique et économique.

Le nucléaire reste un espoir pour l’humanité, et notamment pour la France qui a encore des compétences mondialement reconnues dans ce domaine (construction, maintenance et exploitation) autour d’EDF, de Framatome et des sous-traitants regroupés dans le Groupement des industriels français de l’énergie nucléaire (GIFEN). La construction et l’entretien des réacteurs chinois, finlandais et britanniques ont grandement aidé à la survie de notre appareil industriel !

Toutefois, l’arrêt des réacteurs régénérateurs ou surgénérateurs Super Phénix en 1997, Phénix en 2009, puis du projet Astrid en 2019 ont mis à mal les compétences sur les réacteurs de quatrième génération. Il reste à espérer un réveil de nos dirigeants pour relancer le programme afin de ne pas devoir acheter aux Chinois, aux Russes ou aux Américains les résultats des travaux pour lesquels la France était pionnière avec 20 ans d’avance dans les années… 1990.

Vous avez dit stockage ?

L’électricité ne se stocke pas en grande quantité pour répondre aux besoins d’un pays.

Le gestionnaire du réseau doit donc équilibrer chaque seconde la production et la consommation. Des coûts de régulation inutiles sont ajoutés, puisque chaque moyen de production renouvelable est doublé par une centrale à énergie fossile (ou nucléaire ou hydraulique) appelée dès qu’il faiblit ou s’arrête par manque de vent ou de soleil.

Les énergies éolienne et solaire peuvent être utiles en autoconsommation dans des endroits isolés comme sur des îles (bien qu’à El Hierro ce soit un fiasco…), mais c’est un appoint « intermittent », ce n’est pas une base !

Quant à la « complémentarité » entre le nucléaire, l’éolien et le solaire, elle n’existe pas !

Bientôt, il faudra affronter la réalité implacable qui sanctionne toujours les atteintes à l’intangibilité des lois physiques. Et le plus tôt sera le mieux pour maintenir notre prospérité. Tout projet physiquement invraisemblable ou irrationnel l’est généralement aussi économiquement et s’effondre sous le poids de son absurdité.

Dans les cercles du pouvoir, des communautés liées à des dogmes, à des idéologies, et à des intérêts partisans s’affranchissent encore aujourd’hui avec arrogance des lois de la physique qui doivent « se soumettre » à la volonté de politiciens et d’économistes.

Dans une spectaculaire volte-face en février 2022, le président Macron semble avoir enfin compris que la réindustrialisation de la France passe par la construction de nombreux nouveaux réacteurs nucléaires. Mais, hélas, il semble aussi persuadé en parallèle (« en même temps » ?…) de l’efficacité des éoliennes, du solaire, et de l’hydrogène, alors que ces fausses solutions constituent des leurres !

Aujourd’hui à la croisée des chemins énergétiques après avoir honteusement laissé fermer la centrale nucléaire de Fessenheim pour d’obscures raisons de basse politique, il reste à espérer que le président de la République fera enfin les bons choix pour conduire la France vers la souveraineté énergétique et les Français vers la prospérité.

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3 réponses

  1. Le virage à 180° de la France sur le nucléaire constitue une opportunité historique de rééquilibrer nos rapports avec l’Allemagne alors qu’elle vient d’arrêter ses deux dernières centrales nucléaires dans un accès de folie incompréhensible.
    En effet, l’Allemagne va fatalement se trouver dans l’obligation de quémander de l’énergie à la France plusieurs fois par an quand leur photovoltaïque et leur éolien seront en panne, situation ubuesque pour un pays aux ambitions industrielles mondiales, et pourtant déjà d’actualité: https://notrickszone.com/2023/05/16/germanys-federal-network-agency-plans-to-ration-electricity-as-electric-power-crisis-heightens/
    L’occasion de tenir les allemands par les (censuré) ce qui ne nous était plus arrivé depuis un demi siècle.

    1. Malheureusement, avec plus de 3000 milliards de dettes, personne ne tiendra les Allemands par les ** (censuré), alors qu’ils sont eux devant une cagnotte de plusieurs dizaines de milliards d’euros, et qu’en plus, le lavage de cerveau rouge vert chez eux est encore pire que chez nous.
      Serons-nous alors assez forts pour imposer nos prix de l’énergie, sachant qu’il faudra avant démanteler la loi NOME et l’ARENH?
      Bon courage à ceux qui voudront le faire, ce que je soutiens de tout cœur bien sûr.

  2. @jacdumon
    Ce virage est un peu tardif ; cela fait six ans qu’on a ce président et il n’a rien fait pour le nucléaire , au contraire il a fermé Fessenheim pour la quelle l’ASN avait donné son accord pour fonctionner 10 ans de plus ; alors les EPR , SMR avant qu’ils fonctionnent ils se passera un moment; en attendant avec son ministre Bruno Lemaire ,ils nous promettent de faire une industrie verte qui fonctionnera sans doute à l’éolien et au solaire et qui ne fonctionnera pas quand il n’y a pas de vent et de soleil

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