Un premier pas pour la reconnaissance du nucléaire en UE

Le 16 juin dernier, la Commission européenne a signé un texte crucial reconnaissant le rôle du nucléaire dans la décarbonation de l’économie. Cette victoire bienvenue ne signifie pas toutefois que la bataille du nucléaire est gagnée, car le chemin législatif est encore long avant application.

L’UE reconnait enfin pour la première fois le rôle majeur du nucléaire dans la décarbonation de l’économie européenne.

Un accord « historique »

Victoire de l’Alliance du nucléaire dans la directive énergie renouvelable (RED) de la Commission européenne : les ambassadeurs des 27 pays de l’Union européenne (UE) ont signé vendredi 16 juin 2023 un texte crucial portant sur les objectifs 2030 pour l’Europe en matière d’énergie qui reconnaît, pour la première fois, le rôle du nucléaire dans le combat pour la décarbonation de l’économie.

Dans une communication officielle sibylline (le nucléaire n’est pas explicitement cité…) :

« La Commission reconnaît que d’autres sources d’énergie sans fossile que les énergies renouvelables contribuent à atteindre la neutralité climatique d’ici 2050 pour les États membres qui décident de s’appuyer sur ces sources d’énergie ».

Un accord « historique » selon le cabinet du ministère de l’Énergie puisque, jusque-là, le nucléaire, qui est une source bas-carbone, n’était pas pris en compte.

Les objectifs européens doivent donc s’adapter à la situation des mix énergétiques nationaux, comme celui de la France dont 90 % de l’électricité sont déjà décarbonés. Une condition impérative pour Paris qui avait menacé de bloquer ce texte.

Une révolution conceptuelle de la Commission ! La France pourra ainsi produire de l’hydrogène « vert » avec de l’électricité décarbonée issue du nucléaire. Des délais ont aussi été obtenus pour la transformation du gris au vert des usines d’ammoniac, élément de base de la fabrication des engrais qui jouent un rôle clé pour notre souveraineté alimentaire.

La messe est dite ?

Toutefois, la messe n’est pas encore dite totalement.

Il reste encore le passage devant le Parlement européen, avant la signature enfin par les États membres. Le chemin européen est long et laborieux, mais il fixe un cap pour le long terme qui donne une visibilité au monde économique.

Il est cependant possible que cette victoire soit de courte durée alors que l’Europe s’attaque au sujet sensible de la réforme des marchés de l’électricité. L’enjeu des négociations est de découpler les prix de l’électricité et du gaz, car c’est aujourd’hui la dernière centrale au gaz mise en route pour assurer l’équilibre qui fixe le prix de l’électricité. L’objectif est d’offrir aux consommateurs un prix plus proche du coût moyen réel de production. Il s’agit également de donner des signaux de long terme aux investisseurs.

Mais ce lundi 19 juin, le conseil des ministres de l’Énergie s’est séparé en vif désaccord. Les pays opposés au nucléaire (Allemagne, Autriche, Luxembourg,…) refusent qu’un système de prix garantis soit applicable au nucléaire existant afin de ne pas financer les opérations d’exploitation des réacteurs en Europe.

Or, « l’énergie nucléaire représente 25 % de la production électrique en Europe. Si nous ne sommes pas capables de trouver un mécanisme qui permette de prolonger les centrales, nous allons nous mettre dans des difficultés importantes », indique la ministre française Agnès Pannier-Runacher.

Les opposants jugent que cela créerait une distorsion de concurrence et ne veulent pas financer des actifs, comme les centrales nucléaires au lieu de favoriser l’émergence de nouvelles installations renouvelables.

Provocations des « amis du renouvelable… »

Quelques heures avant le Conseil des ministres européens de l’Énergie du 19 juin, les « Amis du renouvelable » réunissant 14 pays en présence de la Commissaire européenne en charge de l’Énergie Kadri Simson, n’ont pas invité la France…

Pourtant, en 2022 encore, la part d’énergies renouvelables de la France dans son mix (20,7 %) est supérieure à celle de l’Allemagne (20,4 %) et ses émissions de gaz à effet de serre par habitant sont près de 4 fois inférieures à ceux d’autres européens, notamment à ceux de l’Allemagne dont 30 % de sa production d’électricité repose sur le charbon, contre 0,6 % pour la France !

Selon ce rapport de juin 2023 de l’École de guerre économique (EGE) s’appuyant sur le rapport d’investigation « Comment l’Allemagne finance l’affaiblissement du secteur nucléaire français ? » publié en avril 2023 par le Comité d’Intelligence Stratégique pour la Souveraineté (CI2S), l’Allemagne et ses alliés continuent à attaquer la France pour tuer son nucléaire (et EDF) et affaiblir toute son industrie concurrente via des officines implantées en France, jusqu’au sein du ministère de l’Écologie !

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3 réponses

  1. Il serait grand temps de supprimer le sinistre OFATE (Office Franco Allemand pour la Transition Énergétique), totalement sous la coupe de Greenpeace, et dont les bureaux sont effectivement au sein du Ministère Français de l’Environnement à La Défense.

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