(Dans NetZeroWatch du 10/9/23)
The Times, 9 septembre 2023
Le physicien Alan Sokal a réalisé l’un des canulars scientifiques les plus accablants des dernières décennies lorsqu’en 1996, il a persuadé une revue scientifique d’accepter un article volontairement absurde. L’affaire Sokal, comme on l’a connue, avait pour but de dénoncer le laxisme des normes dans les publications les moins rigoureuses, où la recherche était acceptable à condition qu’elle « flatte les idées préconçues idéologiques des éditeurs ».
On pourrait espérer que la science du climat soit à l’abri d’une telle pensée de groupe. Mais dans notre essai du week-end, Patrick Brown, un ancien universitaire, affirme de manière convaincante que ce n’est pas le cas. Ses recherches sur les incendies de forêt en Californie ont été publiées la semaine dernière dans Nature, l’une des revues scientifiques les plus renommées. Mais pour qu’elle soit acceptée, il fallait « personnaliser la recherche » afin de la rendre « compatible avec le biais de confirmation des éditeurs ».
Selon le Dr Brown, les revues influentes ne sont pas disposées à prendre en compte les recherches qui minimisent l’ampleur du changement climatique ou qui mettent l’accent sur la viabilité des mesures d’adaptation comme alternative aux réductions d’émissions.
Dans le monde compétitif universitaire, où l’obtention d’articles dans des publications de premier plan détermine les perspectives de carrière d’un individu, la perception de parti pris de la part des éditeurs peut fondamentalement fausser l’orientation de la recherche.
Rien n’indique que l’article du Dr Brown contienne un mensonge pur et simple. Le biais est plus subtil que cela. Au lieu de cela, il a isolé le changement climatique comme seule variable expliquant le risque d’incendies de forêt en Californie, une approche trompeuse étant donné que 80 % des incendies de forêt en Amérique sont déclenchés par des humains.
Selon Brown, d’autres stratégies sont souvent utilisées pour gonfler l’ampleur du changement climatique, produisant ainsi des statistiques époustouflantes.
Ces tactiques conduisent à des travaux trompeurs et négligent des pistes de recherche prometteuses par crainte de remettre en cause le consensus.
Une telle incuriosité est la marque d’une mauvaise science et d’une politique timide.