« C’est la fin de la pollution éolienne »

La cour d’appel de Nîmes vient d’ordonner le démantèlement de sept éoliennes installées depuis sept ans sur la commune de Lunas, dans le département de l’Hérault. Ce jugement confirme l’arrêt de la Cour de cassation, il est donc définitif.

La Justice impose aussi la remise en état du site sous quinze mois. Fabien Bouglé, expert en politique énergétique, militant anti-éoliennes, auteur de Guerre de l’énergie : au cœur du nouveau conflit mondial et de Éoliennes : la face noire de la transition écologique, aux Éditions du Rocher, répond aux questions de BV.

Marc Baudriller. Cette décision est présentée comme une grande victoire pour les associations de défense de l’environnement et comme une première en France. Est-ce le cas ?

Fabien Bouglé. C’est une première, car c’est la première fois que autant d’éoliennes font l’objet d’une condamnation, mais c’est la suite d’un autre démantèlement obtenu en Bretagne, à Trédias, où trois éoliennes ont été jugées illégales, avec l’obligation de démantèlement. Le promoteur avait installé les éoliennes sans attendre la fin des recours, le Conseil d’État a donné raison aux opposants : ces éoliennes ont bien été démantelées après un long parcours judiciaire et c’est très intéressant, car la facture du démantèlement des éoliennes a été d’un montant beaucoup plus élevé que l’enveloppe de caution prévue pour cela, soit 50.000 euros. On tourne plutôt autour des 500.000 euros par éolienne. Mais la décision qui vient d’intervenir est très importante.

M. B. L’inquiétude gagne cette filière. Votre combat est-il gagné ?

F. B. Ce qui est incontestable, c’est qu’on commence à avoir sur cette question des jurisprudences très favorables [aux anti-éoliennes, NDLR]. Nous disposons maintenant d’un nombre important de décisions du Conseil d’État sur le respect prioritaire du patrimoine culturel français. Récemment, le même Conseil d’État a accordé l’annulation d’un parc éolien sur le fondement de l’atteinte à l’œuvre de Marcel Proust, car des éoliennes étaient prévues dans la campagne décrite par l’écrivain. Un préfet a aussi annulé un projet d’éoliennes car il allait porter atteinte aux paysages qui ont servi de modèles aux tableaux de Camille Pissaro. Les préfets prennent aussi de plus en plus en compte l’idée que les éoliennes portent atteinte de manière excessive au cadre de vie des Français. On a obtenu des jurisprudences sur le trouble anormal de voisinage. Compte tenu de ces atteintes graves au patrimoine et au cadre de vie de nos concitoyens, il y a fort à penser que les éoliennes pourront, à terme, faire l’objet de condamnations menant à un démantèlement.

M. B. L’industrie éolienne battait de l’aile. Cette décision et cette jurisprudence, si elles se confirment, ne vont-elles pas lui porter un coup fatal ?

F. B. Depuis 2021, les actions en Bourse des principaux fabricants et exploitants d’éoliennes ont perdu entre 50 % et 80 % de leur capitalisation. Cette industrie connaît actuellement – et c’est très peu dit en France – une déroute financière incroyable : Siemens Energie, le principal fabricant d’éoliennes allemand, vient de perdre 4,5 milliards sur son exercice 2023. Le groupe a demandé le secours de l’État allemand, qui a mis 15 milliards d’euros sur la table pour garantir ses pertes. On est donc dans un paradoxe étonnant : il y a une course folle de la Commission européenne et de l’État français pour l’installation d’éoliennes alors que le coût des éoliennes est de plus en plus élevé et que les fabricants n’arrivent plus à être compétitifs, à cause de l’inflation et de l’augmentation des taux d’intérêt. Il faudrait des subventions supplémentaires, mais on a déjà donné tellement de subventions pour un résultat dérisoire… Donc, nous assistons effectivement au chant du cygne de la filière éolienne, qui se radicalise et essaie coûte que coûte de survivre.

Jusqu’à présent, nous luttions pour empêcher qu’une éolienne s’installe. Désormais, on va voir un grand courant de démantèlement des éoliennes en France. Je suis très optimiste, car c’est la fin de la pollution éolienne. J’ai bon espoir que d’ici cinq à dix ans, nous ayons accompli le démantèlement définitif de l’intégralité des éoliennes en France.

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2 réponses

  1. Et on va s’apercevoir que le démantèlement des éoliennes va coûter cher.
    Les défenseurs de l’environnement demandaient dans le passé que l’enlèvement et le traitement des déchets de démantèlement soient pris en compte dans les projets d’installations nucléaires. C’était justifié et la législation nucléaire comme les exploitants se sont emparés le plus sérieusement du sujet. Avec les moulins à vent, miracle ! Le sujet n’est plus à l’ordre du jour. Pourtant les encombrantes pales d’éoliennes ne sont pas recyclables, l’enlèvement des soubassements béton coûtera très cher aux propriétaires et non aux exploitants d’éoliennes !
    Quant aux éoliennes en mer, on les laissera rouiller tranquillement pendant des siècles. Où sont donc passés les écolos donneurs de leçons ? Y aurait-il deux poids et deux mesures ?

  2. La question des éoliennes est viciée dès la base!
    Nombreuses, elles modifieront le climat! Leur raison d’être n’existe pas!
    Elles présentent bien d’autres inconvénients qu’on va découvrir mais les promoteurs auront fait fortune au détriment d’autres acteurs comme de petits actionnaires et des propriétaires de terrains!
    La précipitation pour les installer et la compétition entre concepteurs s’est faite au détriment des mises au point, les gagnants potentiels perdront peut être aussi!
    Un exemple de bêtises dont une démocratie défaillante associée à des idéologies ignorantes est capable!

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