Contrairement à la production d’électricité et à l’automobile, de nombreuses activités essentielles allant de l’industrie lourde au transport sur longue distance maritime, aérien et terrestre ne disposent aujourd’hui ni des technologies, ni des moyens financiers permettant de décarboner à l’horizon d’une ou deux décennies. Les technologies le permettant dans la production d’acier, de ciment, d’engrais, de verre ou le transport maritime et aérien ne sont souvent qu’à un stade expérimental. En outre, elles sont loin d’être toujours très performantes et ne sont pas compétitives économiquement sans subventions massives. Elles demanderont enfin de nombreuses années avant de pouvoir être diffusées à grande échelle. C’est ce que montre une étude récente du cabinet Deloitte.
Depuis un peu plus d’une décennie, les efforts entrepris pour décarboner de nombreuses activités économiques utilisant les énergies fossiles ont commencé à porter leurs fruits. Et cela même si les résultats sont en général sensiblement inférieurs aux engagements et aux promesses. C’est le cas dans la production d’électricité et dans une moindre mesure les transports de personnes et le chauffage et la climatisation des bâtiments. Mais il reste des activités essentielles pour lesquelles les technologies comme les moyens financiers disponibles ne laissent pas entrevoir des progrès significatifs et encore moins rapides avant des décennies.
Il est ainsi extrêmement difficile de réduire les émissions de gaz à effet de serre associées à l’industrie lourde, au transport maritime et à l’aviation en dépit du développement de nouvelles technologies et process industriels et des sanctions et incitations financières à la décarbonisation. Si de nombreuses filières entendent utiliser la capture et le stockage du carbone dans un premier temps, comme une solution intermédiaire, l’efficacité même de cette approche est loin d’être assurée. Et il s’agit d’industries tout simplement indispensables à la survie de l’espèce humaine en dépit des discours militants hors sol.
Sans ciment, sans engrais azotés, sans fer et acier, sans produits chimiques, sans transport maritime, sans fret routier, sans aviation… l’humanité est incapable de subvenir à ses besoins matériels. Elle ne peut plus nourrir, loger, alimenter en eau potable, chauffer… huit milliards d’êtres humains. Or, ces activités représentent ensemble environ un tiers des émissions mondiales de CO2.
L’électrification n’est pas toujours la solution
Et l’électrification n’est pas une solution dans ces activités, essentiellement pour deux raisons. Les températures très élevées et la vapeur nécessaires à l’industrie lourde sont difficiles à produire à l’aide de l’électricité et extrêmement coûteuses. Deuxièmement, les méthodes classiques de fabrication du ciment (avec du gaz) et du fer et de l’acier (avec du charbon) nécessitent du carbone comme intrant.
Il y a bien une multiplication des innovations, des expérimentations et… des annonces, mais il n’existe pas aujourd’hui d’alternative disponible à grande échelle et à des coûts acceptables pour se substituer au charbon dans les hauts fourneaux, au gaz pour produire de l’ammoniac et des engrais, au gaz toujours pour fabriquer du ciment, au pétrole pour fabriquer des plastiques et au diesel ou kérosène …