(Par Concepcion Alvarez dans Novethic du 15/5/24)
NDLR : enfin un début d’espoir que tout cela passe à la trappe !
Alors que les attaques se poursuivent contre le Pacte vert à l’approche des élections européennes, des dizaines d’ONG se mobilisent pour sauver ce paquet législatif qui vise à atteindre la neutralité carbone.
“La peste verte”, c’est ainsi que les manifestants polonais qualifient le Pacte vert de l’Union européenne. Ils étaient des milliers à protester dans les rues de la capitale, Varsovie, le 10 mai dernier, à un mois des élections européennes. Agriculteurs principalement, mais aussi mineurs et membres du syndicat Solidarnosc, ils demandent un référendum sur le Pacte vert.
Ce paquet législatif qui contient des dizaines de textes (sur le climat, l’énergie, la biodiversité, l’agriculture, la fiscalité, l’industrie…) vise à transformer profondément l’économie européenne afin d’atteindre la neutralité climatique en 2050.
Il a été placé au cœur des priorités de ces cinq dernières années avant plusieurs appels à une pause ces derniers mois.
“Alors que les autres continents continuent de développer leur économie avec des énergies basées sur le charbon et d’autres combustibles fossiles sans se préoccuper de la protection du climat, l’Europe brandit frénétiquement l’étendard de la révolution verte voulue par les idéologues déconnectés de l’extrême gauche,
lit-on dans la pétition “Stop Green Deal” lancée en mars dernier par le think tank polonais Ordo Iuris.
Malheureusement, les dirigeants politiques à la tête des États membres de l’Union européenne acceptent ces propositions en bloc comme s’il s’agissait d’une vérité révélée”.
Débloquer un texte-clé du Pacte vert
Dans le camp des défenseurs du Pacte vert, l’heure est aussi à la mobilisation. Près de 150 ONG européennes ont ainsi écrit une lettre ouverte aux dirigeants européens le 13 mai dans laquelle ils s’inquiètent du “démantèlement des mesures vertes” au sein de l’UE.
“Certains politiciens dans les capitales européennes, et dans les institutions de l’UE à Bruxelles, accélèrent les crises de la nature et du climat, risquant les vies des personnes qu’ils représentent” (NDLR : on se demande bien en quoi ces vies sont en jeu : ce n’est jamais précisé),
… met en garde le courrier, signé par Les Amis de la Terre, Greenpeace, le WWF, ou encore France Nature Environnement.
“Nous vous exhortons à arrêter avant qu’il ne soit trop tard”, lancent les organisations.
Elles citent notamment la législation sur la restauration de la nature, qui avait fait l’objet d’un accord fin février, mais qui a été retirée d’une réunion des ambassadeurs des Etats fin mars, faute de majorité (NDLR : enfin, on commence à écouter les agriculteurs !).
Mardi 14 mai, dans une lettre commune initiée par l’Irlande, 11 pays dont la France, ont appelé à débloquer ce texte-clé du Pacte vert lors de la réunion des ministres de l’Environnement le 17 juin prochain. (NDLR : Ah ben non, finalement, tant pis pour les agriculteurs !)
“Une telle ratification serait à la hauteur de l’engagement de faire (de l’UE) un leader mondial dans la restauration de la nature et d’adhérer à l’ambition définie” par la COP15 Biodiversité de Montréal de 2022, indique le courrier.
“Ne pas renoncer au momentum du Green Deal”
Dans le même temps, le Bureau européen de l’environnement (BEE), qui fédère 180 organisations environnementales, a élaboré un “Pacte européen pour l’avenir” qui pourrait succéder au Pacte vert. Il allie transition écologique et transition juste. Alors que les débats actuels se focalisent sur le Pacte de compétitivité et que l’agenda stratégique européen des cinq prochaines années semblent avoir mis de côté la dimension environnementale, la secrétaire générale du BEE Patrizia Heidegger, appelle à
ne pas “revenir au vieux réflexe d’opposer la prospérité économique à l’action environnementale et climatique”.
Le Conseil économique social et environnemental (CESE) s’est également saisi de la question. Dans un avis rendu mardi 14 mai, il estime que le Pacte vert “doit être pérennisé”, avec toutefois
“le souci de ne pas aggraver, voire de simplifier la charge administrative et la complexité juridique”. “Il s’agit de mieux accompagner socialement et économiquement la transition écologique et de renforcer son acceptabilité sociale. Ceci implique d’organiser le débat démocratique, notamment dans les instances de dialogue existantes, avec les acteurs économiques, sociaux et citoyens, avec les collectivités”,
préconise le CESE.
Dans une tribune publiée dans La Croix début mai plusieurs dirigeants de mouvements européens d’entreprises à impact ont également défendu le Pacte vert :
“Le besoin de poursuivre la transition – et donc de ne pas renoncer au momentum du Green Deal – est crucial à plus d’un titre, écrivent-ils. Il est temps de voir émerger en Europe un système économique dans lequel l’impact positif n’est plus considéré comme une charge, mais comme un avantage pour les entreprises européennes”.
Reste à voir si le message sera entendu …
(NDLR : espérons que non)