Fabienne a des soucis de fin de mois ? Le conseil « pouvoir d’achat » surréaliste de Valérie Hayer

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Ce 30 mai, lors du débat entre les têtes de liste organisé par CNews, Valérie Hayer est tombée de la « falaise de verre ». Et cela risque de faire mal, le 9 juin. Selon ce concept – glass cliff, dans la langue de Shakespeare – développé par des chercheurs britanniques, Michelle Ryan et Alexander Haslam, en 2005, c’est lorsqu’elles sont en difficulté que les entreprises seraient le plus enclines à confier aux femmes les postes de direction. Quand elles croient avoir percé le plafond (de verre), elles arrivent sur la falaise. « Les femmes sont-elles promues quand ça va mal ? » La preuve par Valérie Pécresse et Anne Hidalgo aux présidentielles et, à présent, Valérie Hayer à Renaissance.

Le plateau de CNews, ce jeudi soir, s’est mué en Étretat par grand vent et Valérie a trébuché dès le premier thème – le pouvoir d’achat -, sur le premier témoin : Fabienne, 57 ans, employée de maison près de Châtellerault : elle gagne entre 1.400 et 1.500 euros par mois. Elle vit seule, avec « un stress permanent, l’angoisse de la fin du mois ». Sa voiture compte 245.000 kilomètres, elle redoute les dépenses à venir du contrôle technique.

Pour Fabienne, qui ne parvient pas à entretenir sa voiture thermique, Valérie Hayer a une solution : qu’elle achète donc une voiture électrique ! Marie-Antoinette et sa brioche peuvent aller se rhabiller. 

« Elle va l’acheter comment, la voiture électrique ? Avec quel argent ? » interroge, ironique, Jordan Bardella. 

Valérie Hayer a une réponse, surréaliste, elle aussi : 

« Avec un crédit d’impôt financé par l’Europe et/ou l’État français. » 

Au vu de ses faibles rentrées d’argent, il est fort peu probable que Fabienne soit assujettie à l’impôt sur le revenu, ou autrement que pour une somme dérisoire : les stratégies de défiscalisation proposées par Mme Hayer sont nulles et non avenues. Voire frisent la provocation.

 

Il est, d’ailleurs, très symbolique que Valérie Hayer, d’entrée de jeu, se soit pris les pieds dans le tapis de la voiture électrique. Le culte de ce dogme de foi macroniste, avec sa parousie programmée en 2035, exige tous les sacrifices : on lui offre en oblation l’agriculture – en échange, via l’accord du CETA avec le Chili, des métaux précieux (lithium, cobalt) nécessaires aux batteries de voiture électriques… ce n’est pas pour rien si, dans les manifestations d’agriculteurs allemands, de nombreux slogans hostiles à Tesla étaient accrochés sur les tracteurs – et peut-être même la fragile stabilité de la Nouvelle-Calédonie. Selon Christine Demmer, anthropologue au CNRS, dans Reporterre« le pacte [Nickel, poussé par Bruno Le Maire depuis novembre 2023, NDLA] affiche clairement la couleur : la France a besoin du nickel calédonien pour produire des batteries de voitures électriques vendues en métropole. On sort complètement du modèle consistant à ce que la rente minière profite à la Nouvelle-Calédonie, pour son propre développement. »

Au-delà de la voiture électrique, l’électricité dans son ensemble est très emblématique des errements macronistes : conspué hier pour complaire aux Allemands (on se souvient de la satisfaction affichée par Élisabeth Borne au moment de la fermeture de Fessenheim), le nucléaire a été vanté dans ce grand débat, par Valérie Hayer, comme un trophée macroniste. Un trophée qu’ils s’apprêtaient à jeter aux encombrants.

Les observateurs du Grand Débat sur Cnews pour les européennes sont peu ou prou unanimes : de Jordan Bardella à Marion Maréchal, de François-Xavier Bellamy à Manon Aubry en passant par Léon Deffontaines, les autres candidats, avec les idées qui leur sont propres – si hautement critiquables qu’elles soient parfois -, se sont bien battus. Le débat était de haute tenue et ils ont porté les couleurs de leurs partis sans démériter, rendant par contraste la débâcle de la candidate macroniste plus saisissante. La falaise de verre était trop haute. En embuscade, le RN profitera peut-être de cette déconfiture pour crever, aux européennes, son propre plafond de verre, celui que lui prêtent depuis des années les médias.

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