Afin de contraindre les automobilistes à passer à la motorisation électrique, les pouvoirs publics ont mis en place depuis 2008 un système de bonus-malus écologique. Avant d’en faire, comme toujours en France, un outil efficace de rentrées fiscales… Au cours des premiers semestres des trois dernières années, les recettes liées au malus écologiques sont passées de 133 millions à 737 millions d’euros, une progression de 554% ! Et cela ne concerne pas seulement les véhicules de luxe surpuissants, la marque la plus concernée est Renault. Parmi les modèles impactés, on retrouve aussi les Dacia Sandero et Duster, la Citroën C3, les Peugeot 2008 et 3008, ainsi que le Volkswagen Tiguan. Et à cela s’ajoute le nouvel impôt sur le poids des véhicules, qui a frappé les modèles de plus de 1,8 tonne en 2023 et va prendre bien plus d’ampleur en touchant ceux de plus de 1,6 tonne cette année.
C’est une tradition française. Dans un pays où les prélèvements obligatoires atteignent des niveaux records (43,2% du PIB en 2023 et 48% en 2022) tout comme le niveau de la dépense publique (57% du PIB en 2023 et 58,4% en 2022), l’automobiliste est une vache à lait fiscale idéale et facile. Selon les années, l’automobiliste assure ainsi environ un tiers des recettes fiscales nettes de l’Etat et la taxation des carburants est l’une des plus élevées d’Europe et du monde. Et cela pendant longtemps sans opposition ou presque, avant 2018 et le mouvement des gilets jaunes.
L’automobiliste, cible de la transition
Il y a plusieurs raisons à cela. Pour une grande partie de la France, dite périphérique, il est impossible d’y échapper. L’usage de l’automobile n’est pas un choix délibéré mais une obligation et souvent une contrainte pour travailler, étudier, se soigner, faire des courses, avoir des relations sociales et familiales. Et les conséquences politiques ont été longtemps négligeables. Car la France est devenue l’un des pays les plus autophobes au monde ce qui n’est d’ailleurs pas sans conséquences sur l’effondrement de la production automobile sur son sol. Les adeptes de René Dumont, premier candidat écologiste à l’élection présidentielle, ont gagné la bataille idéologique contre l’automobile, en tout cas auprès des élites intellectuelles, politiques et médiatiques. René Dumont déclarait ainsi en 1974 : « l’auto, ça pue, ça pollue et ça rend con ».
Voilà pourquoi la transition énergétique a fait de l’automobile une cible. Pour remplacer les moteurs à combustion interne par des motorisations décarbonées, …