Feuille de route agricole, objectif climatique à 2040, pacte des océans… Voici les principaux projets qui attendent la nouvelle Commission européenne en matière de transition écologique.
Après le Green Deal, place au Clean Industrial Deal
Lors de son discours, prononcé avant sa réélection le 18 juillet dernier, Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, a promis
“un nouveau Pacte pour une industrie propre au cours des 100 premiers jours” de son mandat. Il s’agit d’“orienter les investissements vers les infrastructures et l’industrie, en particulier les secteurs à forte intensité énergétique. Cela permettra de créer des marchés pilotes dans tous les domaines, de l’acier propre aux technologies propres”, avait-elle déclaré.
Ce pacte repose sur quatre piliers : un environnement réglementaire prévisible et simplifié, un accès plus rapide au financement, une amélioration des compétences et la mise en place de chaînes d’approvisionnement résilientes.
Ce sera donc le chantier prioritaire de la nouvelle Commission.
Objectif climatique à 2040
La nouvelle Commission européenne devra également proposer une initiative législative sur un objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre à 2040. En février, Ursula von der Leyen avait recommandé une réduction de 90% par rapport à 1990. Une proposition ambitieuse face à la gronde qui montait autour du Green Deal, mais encore insuffisante pour se placer sur une trajectoire de décarbonation alignée avec la neutralité carbone.
Reste que la majorité des pays se sont déclarés indécis sur cet objectif intermédiaire. Celui-ci devrait toutefois être adopté avant février 2025, date prévue pour la publication des nouveaux engagements climatiques des Etats dans le cadre de l’Accord de Paris.
Nouvelle vision de l’agriculture
La nouvelle Commission devra également publier une nouvelle stratégie européenne pour le secteur agricole et alimentaire, dans les 100 premiers jours, avait promis Ursula von der Leyen lors de sa réélection. Suite aux manifestations d’agriculteurs qui ont éclaté dans toute l’Europe au début de l’année, la Commission européenne avait lancé un “dialogue stratégique” rassemblant différents acteurs du secteur ainsi que des ONG pour construire une vision commune.
Le rapport issu de ce dialogue de sept mois, remis le 4 septembre dernier et adopté à l’unanimité, insiste sur la nécessité d’une transition écologique des pratiques agricoles. Il appelle aussi à ce que l’aide au revenu fournie par la Politique agricole commune (PAC) soit mieux ciblée vers ceux qui en ont le plus besoin, et qu’elle soutienne davantage les pratiques vertueuses. Enfin, les participants au dialogue reconnaissent l’évolution d’une
“réduction de la consommation de certains produits d’origine animale et un intérêt accru pour les protéines d’origine végétale”.
De quoi orienter le travail de l’exécutif européen.
Renforcer encore l’Union de l’énergie
Alors que ces cinq dernières années ont été marquées par une crise de l’énergie, avec l’invasion russe en Ukraine, le renforcement d’une Union de l’énergie apparaît plus que nécessaire. C’est en tout cas l’une des recommandations du rapport remis par Enrico Letta en avril dernier.
“Le marché unique de l’énergie pourrait bien être le meilleur atout de l’Europe pour assurer son succès dans un nouvel ordre mondial”, a commenté l’ancien président du Conseil italien.
Il appelle notamment à renforcer l’interconnexion des réseaux afin d’améliorer les échanges d’électricité entre pays, et préconise l’émission d’obligations vertes, des instruments financiers permettant d’emprunter de l’argent pour financer des projets durables, pour attirer des capitaux privés
Un pacte pour les océans
Alors que le climat a largement occupé le premier mandat d’Ursula von der Leyen, celle-ci entend désormais accorder une place plus importante à la biodiversité. Elle a ainsi indiqué qu’elle nommerait un commissaire aux pêches et aux océans
“chargé de garantir que le secteur reste durable, compétitif et résilient, et de maintenir des règles du jeu équitables”.
Un pacte européen pour les océans sera également lancé pour mettre l’accent sur le renforcement de l’économie bleue, comme le tourisme littoral, la pêche, le transport maritime ou encore la production d’énergies marines.
Au sein de l’UE, ces secteurs représentaient un chiffre d’affaires de 750 milliards d’euros et 5 millions d’emplois en 2018. En 2025, le sujet sera notamment à l’honneur en France avec la tenue de la conférence des Nations Unies sur les Océans à Nice du 5 au 15 juin.