Volkswagen envisage la fermeture de ses usines historiques en Allemagne sous la pression de la concurrence des voitures électriques chinoises

Un expert met en garde que la concurrence chinoise « sape le modèle industriel » de l’Allemagne, dont l’économie repose à 18 % sur l’industrie manufacturière.

Face à la pression croissante de la concurrence de voitures électriques (VE) chinoises moins chères, Volkswagen envisage pour la première fois de fermer ses usines en Allemagne.

Le constructeur automobile vise à réduire les coûts de plus 10 milliards d’euros d’ici 2026 pour survivre à la transition vers les VE.

« La situation est extrêmement tendue et ne peut pas être surmontée par de simples mesures de réduction des coûts », a déclaré Thomas Schäfer, le patron de Volkswagen, dans un communiqué publié le 3 septembre.

Premier employeur industriel d’Allemagne et premier constructeur automobile européen en termes de chiffre d’affaires, Volkswagen emploie environ 680.000 personnes. L’entreprise a laissé entendre qu’en raison de la pression, elle s’était sentie obligée de mettre fin à son programme de garantie de l’emploi, en place depuis 1994, qui empêche les suppressions d’emplois jusqu’en 2029.

La société a précisé que toutes les mesures seraient discutées avec son comité d’entreprise.

Un analyste a expliqué à Epoch Times que les fermetures d’usines allemandes « sont inévitables », car la concurrence chinoise sape le modèle de production allemand.

Les voitures électriques chinoises

En juin, l’office allemand des statistiques a annoncé que 40,9 % de toutes les voitures électriques importées au cours des quatre premiers mois de l’année provenaient de Chine.

En juillet, la Commission européenne a imposé des droits de douane provisoires allant jusqu’à 37,6 % sur les importations de VE à batterie en provenance de Chine, invoquant des subventions déloyales qui font peser une « menace de préjudice économique » sur les fabricants européens.

Les prix des VE des concurrents chinois sont généralement inférieurs de 20 % à ceux des modèles fabriqués en Europe.

Volkswagen a prévenu en juin que les effets négatifs des droits de douane l’emporteraient sur les avantages potentiels, en particulier pour l’industrie automobile allemande, tandis que les fabricants chinois pourront contourner les droits de douane en construisant des usines en Europe.

Les hommes politiques ont « accéléré le déclin »

Andy Mayer, directeur des opérations et analyste de l’énergie du groupe de réflexion Institute of Economic Affairs, a indiqué par courriel à Epoch Times que les fermetures d’usines allemandes étaient « inévitables chez Volkswagen et ailleurs ».

« Le modèle de voiture Volkswagen Passat signifie approximativement en français ‘les alizés impactent la voiture du peuple’ – et c’est la situation en Allemagne aujourd’hui », a-t-il poursuivi.

M. Mayer a souligné que la concurrence chinoise « sape le modèle industriel qui fait de l’Allemagne un cas unique en Occident, dont l’économie repose à 18 % sur l’industrie manufacturière, contre 8 à 10 % dans la plupart des autres pays, y compris le Royaume-Uni ».

Il a ajouté que le modèle allemand de partenariat social dans l’industrie, qui prévoit que les coûts sont gérés par un accord avec des syndicats puissants et avec un soutien politique a soutenu, à certains moments, ce système en limitant les salaires.

« Mais il entrave le changement lorsqu’une action plus radicale est nécessaire », a noté Andy Mayer.

« Les entreprises confrontées à la concurrence mondiale, par exemple, ne peuvent pas maintenir de généreux programmes de garantie de l’emploi, convenus lorsque la conjoncture était favorable et que l’écart d’efficacité avec les rivaux était important et durable grâce à des niveaux élevés d’investissement en capital. Ces entreprises ne peuvent pas non plus réduire de manière répétée leurs opérations internationales efficaces alors que la plupart des coûts et du gaspillage se produisent en Allemagne. »

M. Mayer a également souligné que les hommes politiques allemands ont « accéléré le déclin en donnant la priorité aux mesures liées aux indications du changement climatique et en se pliant aux militants antinucléaires, au détriment de la sécurité énergétique », ajoutant que cela a conduit à une dépendance vis-à-vis du gaz et du charbon russes et s’est traduit par l’une des énergies les plus chères et les moins fiables d’Europe.

Les syndicats

Le programme de réduction des coûts est à l’origine d’un conflit majeur avec le comité de l’entreprise de Volkswagen et avec IG Metall, le plus grand syndicat allemand, qui ont annoncé qu’ils « s’opposeraient farouchement » à toute fermeture d’usines.

Thorsten Gröger, directeur régional d’IG Metall, a déclaré dans un communiqué que cette nouvelle « menace les fondements mêmes de Volkswagen, mettant massivement en péril les emplois et les sites ».

« Cette approche à courte vue et extrêmement dangereuse risque de détruire le cœur de Volkswagen », a-t-il ajouté.

Daniela Cavallo, présidente du comité d’entreprise général du groupe Volkswagen, a martelé qu’il s’agissait d’une « attaque » contre « ses emplois, ses sites et ses conventions collectives ».

« Cela met en danger Volkswagen elle-même, c’est-à-dire le fondement de cette entreprise », a-t-elle déclaré. « Nous nous y opposerons farouchement. Avec nous, il n’y aura pas de fermetures d’usines. »

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