L’hydrogène décarboné a un sérieux problème de demande et de compétitivité

L’hydrogène bas carbone est promis à un grand avenir. Tout simplement parce que ce vecteur d’énergie est aujourd’hui le seul carburant de substitution aux combustibles fossiles dans des activités essentielles de l’industrie lourde et des transports. Mais construire de toutes pièces une économie mondiale de l’hydrogène est une tâche dont l’ampleur a été fortement sous-estimée. Voilà pourquoi de nombreux projets de développement sont aujourd’hui gelés ou abandonnés faute de compétitivité et de financements. L’hydrogène bas carbone se trouve face à un problème de poule et d’œuf. Pour que les coûts baissent, il faut que des projets nombreux soient déployés. Mais tant qu’ils ne sont pas déployés, les coûts sont trop élevés pour convaincre des acheteurs ce qui ne permet pas de lancer les projets…

 

L’éternel problème avec la transition énergétique est à la fois la recherche permanente de la solution miracle, qui évidemment n’existe pas, et la méconnaissance des réalités de la production industrielle ou agricole et de l’échelle des transformations à mener. L’hydrogène n’a pas échappé à ses travers. La construction de toutes pièces en quelques années et à l’échelle planétaire d’une économie de l’hydrogène se heurte maintenant aux réalités économiques, financières et technologiques. Tout cela était malheureusement prévisible.

Des déserts d’Australie et de Namibie aux détroits de Patagonie en passant par la Ruhr et l’Andalousie, les entreprises et les gouvernements du monde entier prévoient de construire près de 1.600 usines pour produire de l’hydrogène décarboné. Mais bon nombre de ses projets ne sont tout simplement pas économiquement viables et impossibles à financer.

Des projets trop peu rentables ou réalistes

L’hydrogène est un vecteur d’énergie, comme l’électricité. Ce n’est pas une source d’énergie, il faut le fabriquer. Mais il s’agit d’une brique indispensable à la transition énergétique notamment sous une forme bas carbone, hydrogène vert produit par électrolyse avec de l’électricité décarboné ou hydrogène bleu, fabriqué avec du gaz mais avec capture du carbone émis lors de sa production. L’hydrogène reste aujourd’hui le seul moyen de décarboner certaines activités essentielles dans l’industrie lourde (sidérurgie, chimie, cimenteries…) et les transports sur longue distance, notamment aérien et maritime.

Mais en faire un carburant abondant et surtout compétitif est une tâche difficile et de longue haleine. Voilà pourquoi on assiste depuis plusieurs mois à l’abandon ou la remise en cause de projets de développement trop peu rentables ou réalistes.

Repsol renonce après Shell et Equinor

Dernier en date, la décision annoncée le 21 octobre par le groupe pétrolier espagnol Repsol de geler un projet géant de production d’hydrogène vert en Espagne d’une capacité d’électrolyse de 350 MW. Repsol considère qu’il est économiquement menacé par les incertitudes fiscales et réglementaires en Espagne. Certains y voient un prétexte pour renoncer à un investissement dont la rentabilité est très problématique. D’autant plus que le gouvernement de Madrid pourrait décider de rendre permanente …

Article réservé aux abonnés
Déjà abonné ? Se connecter

Pour poursuivre la lecture de cet article
Abonnez-vous dès maintenant à Transitions Energies
À partir de 23€ par an

> JE M’ABONNE

Nos articles sont généralement publiés sous licence Creative Commons CC BY-NC-SA

Ils peuvent être reproduits sous la même licence, en en précisant la source, et à des fins non commerciales.

Une réponse

  1. Bjr, petit problème de croyance, l’hydrogène, n’est pas un vecteur d’énergie….. dans le cas qui nous intéresse, c’est l’eau qui est le vecteur, en effet on « réduit » l’eau (on enlève l’atome d’oxygène) puis on réoxyde l’hydrogène obtenu, soit dans une pile à combustible ou dans un moteur plus classique. D’un point vue thermodynamique, en appliquant les rendements on arrive à moins de 10% de l’énergie initiale… (l’ADEME est à environ 13%, avec une présentation incomplète…) Quand même le physicien Germain Henry HESS décrit parfaitement ces réactions et les énergies mises en jeu. Alors vouloir créer de « l’énergie » avec de l’énergie, compte tenu des rendements est une hérésie thermodynamique, c’est pourquoi, économiquement ce sera quasi impossible…. et beaucoup s’y casseront les dents malgré les subventions. « Tout cela était malheureusement prévisible. » comme mentionné dans l’article.

Laisser un commentaire

Les commentaires sont modérés avant d’être publiés, restez courtois.

Derniers commentaires :

Formulaire de contact

Recevoir la Newsletter hebdomadaire