Le gouvernement a présenté le 4 novembre la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) et la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC). Deux textes qui sont censés être les feuilles de route de la politique énergétique française dans les années à venir.
Même si les précédents PPE et SNBC n’ont été dans les faits que des exercices de pure forme. L’ancienne PPE, celle de 2020, orchestrait la sortie progressive du nucléaire voulue par François Hollande et Emmanuel Macron avant que ce dernier change soudain de cap en février 2022. Donc depuis deux ans, la PPE existante n’avait plus aucun sens et avait été balayée du jour au lendemain par une décision du Président de la République alors en campagne électorale.
La PPE, qui existe depuis 2016, a vocation de donner des objectifs en volume pour chaque type d’énergie et la SNBC indique la trajectoire à suivre pour parvenir à la neutralité carbone en 2050. La SNBC fixe ainsi des plafonds d’émissions à ne pas dépasser par périodes de 5 ans.
Les grandes lignes des planifications et engagements annoncés le 4 novembre ne sont pas vraiment une surprise. Elles sont connues depuis des mois avec la « planification écologique », déjà présentée en fanfare par le précédent gouvernement, et le plan national intégré énergie-climat envoyé par la France à la commission européenne en juillet pour être avalisé par les eurocrates.
Problème majeur de méthodologie
Et on peut raisonnablement s’interroger sur la fiabilité des modèles et des prévisions de la nouvelle PPE. La France réaffirme son ambition de réduire à un rythme sans précédent sa consommation d’énergies fossiles d’ici à 2030. En l’espace de seulement cinq ans et à en croire la PPE, la part des fossiles tombera dans sa consommation finale à 42% en 2030 contre 60% en 2022. Il faudra en vendre des véhicules électriques et des pompes à chaleur pour réaliser un tel tour de magie en si peu de temps…
La France a ainsi pour objectif déclaré que les deux tiers des ventes de voitures neuves soient 100% électriques d’ici à 2030 contre 15% aujourd’hui… Cela permettrait d’avoir 15% de voitures électriques dans le parc roulant du pays d’ici à la fin de la décennie contre 2,2%… début 2024.
Ce qui n’est pas explicité est comment soudain les consommateurs vont se ruer sur les véhicules électriques que les constructeurs ont le plus grand mal à commercialiser.
Ce passage massif et soudain à la motorisation électrique est évidemment une des conditions nécessaires pour réduire de 50% les émissions de gaz à effet de serre par rapport à 1990 d’ici 2030. Mais cette ambition irréaliste illustre le défaut majeur de méthodologie derrière le PPE et la SNBC.
Les modèles sont construits en fonction d’objectifs purement politiques éloignés des réalités. Ils ne sont pas définis à partir des moyens financiers, économiques, industriels, technologiques et humains que le pays peut mobiliser pour les atteindre. Cela rappelle les grands moments de la planification soviétique, le fameux Gosplan …