Planification de la transition énergétique, de qui se moque-t-on ?

Le gouvernement a présenté, une semaine avant la COP 29 qui se tiendra à Bakou en Azerbaïdjan, des objectifs toujours aussi ambitieux de transition énergétique via deux textes : la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) et la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC). Un exercice de pure forme tant les objectifs sont irréalistes et les moyens de les atteindre (financiers, économiques, industriels, technologiques et humains) totalement insuffisants. La stratégie de transition énergétique reste pour son malheur un exercice incantatoire de communication politique et de pensée magique. Deux exemples suffisent à le démontrer : les deux tiers des ventes de voitures neuves devront être 100% électriques d’ici 2030, dans seulement cinq ans, contre 15% aujourd’hui. Et le bâtiment devra réduire ses émissions à 35 millions de tonnes d’équivalent CO2 par an, toujours en 2030, contre 62 millions de tonnes en 2022. Par quels miracles ? Tout cela va passer par un énième débat public, inutile, et des décrets en 2025, pas de loi débattue au Parlement. Une façon de ne pas avoir à faire face à de vraies contradictions.

 

Le gouvernement a présenté le 4 novembre la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) et la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC). Deux textes qui sont censés être les feuilles de route de la politique énergétique française dans les années à venir.

Même si les précédents PPE et SNBC n’ont été dans les faits que des exercices de pure forme. L’ancienne PPE, celle de 2020, orchestrait la sortie progressive du nucléaire voulue par François Hollande et Emmanuel Macron avant que ce dernier change soudain de cap en février 2022. Donc depuis deux ans, la PPE existante n’avait plus aucun sens et avait été balayée du jour au lendemain par une décision du Président de la République alors en campagne électorale.

La PPE, qui existe depuis 2016, a vocation de donner des objectifs en volume pour chaque type d’énergie et la SNBC indique la trajectoire à suivre pour parvenir à la neutralité carbone en 2050. La SNBC fixe ainsi des plafonds d’émissions à ne pas dépasser par périodes de 5 ans.

Les grandes lignes des planifications et engagements annoncés le 4 novembre ne sont pas vraiment une surprise. Elles sont connues depuis des mois avec la « planification écologique », déjà présentée en fanfare par le précédent gouvernement, et le plan national intégré énergie-climat envoyé par la France à la commission européenne en juillet pour être avalisé par les eurocrates.

Problème majeur de méthodologie

Et on peut raisonnablement s’interroger sur la fiabilité des modèles et des prévisions de la nouvelle PPE. La France réaffirme son ambition de réduire à un rythme sans précédent sa consommation d’énergies fossiles d’ici à 2030. En l’espace de seulement cinq ans et à en croire la PPE, la part des fossiles tombera dans sa consommation finale à 42% en 2030 contre 60% en 2022. Il faudra en vendre des véhicules électriques et des pompes à chaleur pour réaliser un tel tour de magie en si peu de temps…

La France a ainsi pour objectif déclaré que les deux tiers des ventes de voitures neuves soient 100% électriques d’ici à 2030 contre 15% aujourd’hui… Cela permettrait d’avoir 15% de voitures électriques dans le parc roulant du pays d’ici à la fin de la décennie contre 2,2%… début 2024.

Ce qui n’est pas explicité est comment soudain les consommateurs vont se ruer sur les véhicules électriques que les constructeurs ont le plus grand mal à commercialiser.

Ce passage massif et soudain à la motorisation électrique est évidemment une des conditions nécessaires pour réduire de 50% les émissions de gaz à effet de serre par rapport à 1990 d’ici 2030. Mais cette ambition irréaliste illustre le défaut majeur de méthodologie derrière le PPE et la SNBC.

Les modèles sont construits en fonction d’objectifs purement politiques éloignés des réalités. Ils ne sont pas définis à partir des moyens financiers, économiques, industriels, technologiques et humains que le pays peut mobiliser pour les atteindre. Cela rappelle les grands moments de la planification soviétique, le fameux Gosplan …

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