Pour réussir à surmonter sa dépendance au gaz russe, l’Europe est aujourd’hui contrainte d’importer massivement du GNL (Gaz naturel liquéfié), notamment des Etats-Unis et du Qatar. Ce faisant, elle a troqué une dépendance pour une autre. Pour preuve, le ministre de l’Énergie du Qatar, Saad al Kaabi, qui dirige aussi l’entreprise publique QatarEnergy, n’a pas hésité à faire du chantage à l’Union Européenne (UE). Il menace de ne plus livrer de gaz si l’UE applique sa directive dite CSDDD instituant un « Devoir de vigilance des entreprises en matière de durabilité ». Elle exige que les grandes entreprises s’assurent à partir de 2027 que l’ensemble de leurs chaînes d’approvisionnement ne contrevienne pas aux droits de l’homme et à la protection de l’environnement. Pour bon nombre de multinationales, européennes ou non, il est presque impossible de contrôler leurs milliers de fournisseurs et partenaires.
On peut d’ores et déjà prendre le pari que l’Union Européenne cédera au chantage…
Le petit émirat du Qatar a réussi le tour de force de se rendre indispensable, en termes énergétiques, financiers, politiques et même sportif. Il est l’un des principaux investisseurs dans les pays occidentaux et abrite sur son sol la plus grande base militaire américaine hors des Etats-Unis tout en étant gouverné par un régime autocratique et le financier de nombreux mouvements islamistes dans le monde.
Pour en revenir à l’énergie, le Qatar a été de 2011 à 2022 le premier exportateur mondial de Gaz naturel liquéfié (GNL). Il a été dépassé l’an dernier par les Etats-Unis, une situation très provisoire. L’avenir de cette forme d’énergie est radieux tout comme les perspectives de la poursuite de son développement au Qatar. Non seulement, l’Asie en importe massivement (la Chine, le Japon, la Corée…) mais l’Europe est aussi contrainte de le faire pour remplacer le gaz russe. Le Qatar s’est ainsi lancé dans des investissements massifs qui vont lui permettre d’ici 2030 de presque doubler sa capacité de production et d’exportation de GNL et d’être encore plus puissant…
La première phase de développement doit permettre au Qatar d’augmenter sa capacité de production de 43%, passant de 77 à 110 millions de tonnes par an d’ici la fin de l’année prochaine. La deuxième phase fera passer d’ici 2027 la capacité de production de 110 à 126 millions de tonnes, soit une augmentation totale de 64%… Et il y aura enfin une étape supplémentaire avec des capacités devant atteindre 142 millions de tonnes d’ici 2030.
Selon les calculs de l’agence Bloomberg, cela devrait augmenter les revenus de l’émirat de plus de 30 milliards de dollars par an et …